Après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, les militaires ont pris le pouvoir au Niger le 26 juillet. Les pays occidentaux, aux premiers rang desquels la France, condamnent le renversement de leur allié Mohamed Bazoum, qui met en garde contre une avancée de l’influence russe dans la région. Les pays d’Afrique de l’Ouest menacent d’intervenir militairement. Ce dossier regroupe tous nos articles.
Le coup d’État à Niamey, au Niger, a suscité des réactions antagonistes de la France et des États-Unis, et enclenché une nouvelle ère. Réévaluant la compétence française sur le continent, Washington signifie désormais à Paris que l’ère de l’interventionnisme « libéral » est terminée.
Depuis que l’armée a pris le pouvoir à Niamey le 26 juillet, les frontières du pays sont fermées. Des milliers de migrants y sont bloqués, parfois dans des conditions inhumaines. Et ils sont de plus en plus nombreux, l’Algérie voisine ayant multiplié les expulsions ces derniers mois.
Depuis plus d’un mois, la junte au pouvoir au Niger exige le départ des 1 500 soldats français présents dans le pays dans le cadre de la lutte antidjihadiste. Officiellement, la France s’y refuse, mais en coulisses, elle a entamé des négociations. Le retrait semble inévitable.
Les événements actuels au Niger rappellent un autre putsch mené dans le pays il y a près de cinquante ans, en 1974. Avec des ingrédients similaires et de curieux parallèles : un coup d’État contre un allié de la France prenant de court les services de renseignement, une tentative avortée d’y mettre un terme en employant la force, et une défiance viscérale (mais loin d’être infondée) des militaires nigériens quant aux velléités françaises.
La porte entrouverte à la diplomatie par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, après des semaines de déclarations menaçantes, et les dispositions au dialogue affichées par les États-Unis placent le président français dans une situation intenable.
La Cedeao a fait un nouveau pas vers une intervention armée lors d’une nouvelle réunion des chefs d’état-major des États membres. Malgré cela, l’organisation ouest-africaine se dit prête à poursuivre les efforts diplomatiques.
Le soutien populaire au coup d’État militaire au Niger fait penser que les opinions publiques ouest-africaines rejettent la démocratie. En fait, c’est une démocratie amputée qui est condamnée par la jeunesse, aspirant à une vraie justice sociale et un véritable partage du pouvoir.
Avec le coup d’État militaire au Niger a ressurgi la question de la démocratie en Afrique de l’Ouest. L’origine des putschistes, eux-mêmes membres du régime, n’a pas empêché une grande partie de la jeunesse de les soutenir. La demande de démocratie semble être supplantée par celle de souveraineté. Entretien avec l’intellectuel et historien sénégalais Mamadou Diouf.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest se réunit de nouveau jeudi pour discuter du Niger. Après avoir menacé d’intervenir militairement, l’organisation régionale affirme privilégier toujours la voie du dialogue pour rétablir l’ordre constitutionnel. Au Niger, les putschistes ont adopté une attitude de fermeté.
Pour Oumar Berté, avocat et auteur d’un livre sur la Cedeao et ses évolutions face aux « changements anticonstitutionnels », une intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest semble improbable, tant les risques sont élevés. Entretien.
Amzat Boukari-Yabara est docteur en histoire et militant africaniste. Il est l’un des coordinateurs de l’ouvrage collectif publié en 2021 aux éditions du Seuil, « L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique ». Entretien.
Comment expliquer le coup d’État au Niger après ceux au Mali et au Burkina Faso ? Comment analyser le rôle de la France, ancienne puissance coloniale vouée aux gémonies par les manifestants nigériens, soutiens de la junte ? Mediapart a sollicité différentes voix de spécialistes pour y voir plus clair. Entretien avec le chercheur en sciences politiques nigérien Rahmane Idrissa.
Pour l’historienne Camille Lefebvre, qui a étudié la période de l’occupation coloniale au Niger à la fin du XIXe siècle, ce moment est primordial pour comprendre le ressentiment des Nigériens à l’égard de la France, même si ce dernier est instrumentalisé par les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum.
Le coup d’État au Niger, après les putschs au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, affaiblit encore plus les positions de Paris dans la région. Et relance le débat sur les liens de la France avec ses anciennes colonies de l’Afrique de l’Ouest. Entretien avec le journaliste et écrivain sénégalais Elgas, auteur du livre « Les Bons ressentiments, essai sur le malaise post-colonial ».
Après le coup d’État militaire intervenu au Niger le 26 juillet, la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a menacé d’intervenir, y compris par la force, afin de restaurer la « démocratie ». Soutenus par une partie de la population, ceux qui ont pris le pouvoir à Niamey risqueraient de se radicaliser si une telle opération avait lieu.
Après le coup d’État, la France se retrouve dans une impasse, alors qu’elle compte 1 500 hommes sur place. Mais elle a contribué à fragiliser le président Bazoum, en faisant du Niger son principal allié dans la guerre contre les djihadistes au Sahel, en ignorant les alertes quant aux dangers de cette coopération, et en négligeant les critiques liées aux dérives démocratiques.