Le chef de l’État est candidat à sa réélection. Accaparé par la guerre en Ukraine et mis en difficulté par l’affaire McKinsey, il mène une campagne courte, mais à droite toute, tant sur le plan économique que sur les enjeux sociaux et régaliens.
Emmanuel Macron en visite à l'usine Siemens Gamesa, au Havre, le 14 avril 2022 (Thomas Coex/AFP).
Contesté pour la faiblesse de son bilan sur le climat, Emmanuel Macron a choisi le sujet controversé des éoliennes pour parler d’environnement, jeudi 14 avril. Un discours d’entrepreneur qui mouille la chemise pour ses employés, où l’écologie est réduite à une aubaine économique et à la promesse d’embauches à venir.
Emmanuel Macron tiendra un meeting samedi dans la ville dont il a voulu faire un « laboratoire ». Pourtant, dans les urnes, les Marseillais ne lui ont pas vraiment rendu ses attentions.
Lors de son premier meeting d’entre-deux-tours, le président sortant a envoyé des clins d’œil appuyés à l’électorat de gauche et écologiste et brandi la Hongrie en repoussoir de l’extrême droite. Dans la petite foule, un premier cercle de soutiens, mais aussi des curieux et des opposants venus crier leur colère.
Convaincu de la disparition du « front républicain », Emmanuel Macron transforme la campagne d’entre-deux-tours en un référendum pour ou contre son projet. Ce faisant, il continue de nourrir l’idée selon laquelle le programme néofasciste de Marine Le Pen constituerait une alternative.
Comme il l’avait prévu, Emmanuel Macron a réussi à s’imposer au premier tour de la présidentielle face à Marine Le Pen. Le président sortant veut à présent créer une grande coalition autour de sa personne et de son projet. Sans rien concéder ni remettre en question.
L’auto-désigné « président des jeunes » a mené une campagne courte et sans débat, y compris sur les questions de politiques publiques dédiées à la jeunesse. Alors que la question n’a été que peu abordée lors de sa dernière interview de campagne chez Brut, retour sur un bien maigre bilan.
Les équipes de campagne du président-candidat ont procédé, vendredi 8 avril, à un envoi massif de mails ciblant les directeurs d’écoles sur leurs adresses professionnelles pour les appeler à voter Macron. Une manœuvre qui suscite la colère d’une partie du corps enseignant.
Emmanuel Macron n’entend pas endosser seul la responsabilité de la contamination du débat public par l’extrême droite. Pendant cinq ans, le président sortant a pourtant largement contribué à installer un nouveau face-à-face avec Marine Le Pen.
Le président sortant refuse de mener campagne sur un programme détaillé et cohérent. Ce choix traduit une forme de néo-bonapartisme où le peuple doit lui faire aveuglément confiance. Mais c’est aussi une stratégie risquée.
La politique pro-entreprises d’Emmanuel Macron, avant et pendant la crise sanitaire, lui a attiré la sympathie de nombreux patrons de PME, commerçants et autres restaurateurs. Un électorat jadis acquis à la droite qui trouve largement son compte dans l’offre politique du président sortant.
Le président-candidat a prononcé son seul grand discours de campagne d’avant premier tour, samedi 2 avril, à Nanterre. Appelant à « la mobilisation générale », il a déroulé son projet pendant deux heures, comme si rien ne s’était passé au cours des cinq dernières années.
Des sarkozystes, d’ex-socialistes, Jean-Pierre Chevènement ou Éric Woerth : tous soutiennent le président sortant. Le phénomène trahit l’essoufflement des forces dirigeantes de la Ve République, et les renoncements passés de la social-démocratie.
D’anciens ministres sous Jospin ou Hollande affichent leur soutien au président Macron, tout en revendiquant d’être « de gauche ». Des élus locaux ou simples militants franchissent eux aussi le Rubicon, malgré le programme plus à droite que jamais du président de la République. Sans y voir de contradiction avec l’héritage socialiste.
Notre émission est consacrée à la candidature du président sortant, Emmanuel Macron. On parle de son bilan et de son programme sans lui, mais avec quelqu’un qui le représente ce soir, le secrétaire d’État Clément Beaune.
La campagne du président sortant est dépourvue d’enthousiasme, de l’aveu même de ceux qui y participent. Mesures impopulaires, démobilisation, excès d’arrogance... Le doute s’installe parmi les troupes macronistes, où certains craignent la « balladurisation » de leur champion face à Marine Le Pen.
L’affaire McKinsey, mise en lumière par un récent rapport sénatorial, est devenue un sujet politique de campagne, dont Emmanuel Macron peine à se défaire. Et pour cause : elle révèle la nature profonde de son exercice du pouvoir et de sa conception de l’État.