Clément Pouré est journaliste indépendant et membre du collectif Hors cadre. Son travail s'intéresse aux questions de numérique et de discriminations. Ses enquêtes sur la surveillance, en binôme avec Clément Le Foll, sont régulièrement publiées dans les colonnes de Mediapart.
Drones qui survolent des camps d’exilés, scanner d’empreintes digitales, détecteurs de mensonges… En l’absence de cadre légal, les expérimentations menées aux frontières européennes sont de plus en plus intrusives. Ce qui inquiète eurodéputés, avocats et ONG.
Drones, reconnaissance faciale, capteurs de CO2 et de battements cardiaques : face à l’afflux de réfugiés, la frontière franco-britannique est surveillée à grands coups d’intelligence artificielle. Premier volet de notre série sur la cybersurveillance des frontières.
En France, le leader mondial des centres d’appel envisage de pérenniser le télétravail. Et tente, au passage, de déployer des outils informatiques de surveillance toujours plus intrusifs.
Plutôt que d’admettre l’inefficacité de la vidéosurveillance dans la lutte contre la délinquance, les industriels développent des logiciels d’analyse d’images pour détecter des comportements « suspects ». Malgré leur légalité contestée, ces technologies françaises, israéliennes ou chinoises séduisent des municipalités par dizaines.
Après des incidents en 2015 avec des gens du voyage, cette petite ville de l’Isère s’est d’abord dotée d’une cinquantaine de caméras, puis de puissants algorithmes d’analyse d’images. Une surveillance illégale, selon l’association La Quadrature du Net, aujourd’hui en procès contre la commune.
Analyse du temps de pause, de la participation aux réunions ou de la cadence de réponses aux mails : avec l’émergence du télétravail, des logiciels développés spécifiquement ou dévoyés de leurs objectifs premiers sont utilisés pour contrôler la productivité des salariés à distance.
Vidéosurveillance, bracelet connecté, application vérifiant l’apparence des hôtesses d’accueil… Sur le lieu de travail, la technologie est aussi un outil de management et de contrôle. Les cas d’utilisation des nouveaux outils technologiques contre les salariés se multiplient.
Il y a un an, quelques jours après avoir accusé deux communistes parisiens de violences sexuelles, un jeune étudiant, Guillaume, se suicidait. Depuis, les mis en cause sont « en retrait » du PCF. Mais les proches du disparu dénoncent des mesures insuffisantes.
De juillet à décembre 2020, la SNCF a testé un logiciel de suivi de personnes dans l’espace public dans neuf grandes gares françaises. L’expérimentation, inédite par son ampleur, a été mise en place après quatre ans d’échanges avec la Cnil.
Les Jeux olympiques de Paris 2024 vont servir d’immense terrain de jeu pour « expérimenter » de nouvelles technologies (analyse d’images, de foules, suivi d’individus en temps réel...). Une aubaine pour les industries de la surveillance.
Censées contrôler l’installation de caméras sur la voie publique, les « commissions de vidéoprotection » des préfectures ont du mal à dire « non ». Mediapart s’est procuré les avis rendus dans l’Ain : sur plus de 700 demandes examinées en trois ans, une seule a été retoquée. Un laisser-faire inquiétant.
La ville du Nord, qui se revendique comme un « laboratoire » en matière de surveillance, dispose depuis 2017 de caméras équipées de logiciels d’intelligence artificielle, offertes par l’entreprise chinoise Huawei. Mediapart a eu accès à une inspection de la Cnil révélant des illégalités. En mai dernier, la collectivité a écopé d’un avertissement.