« L'Art français de la guerre », d'Alexis Jenni, pourrait s'appeler « Du sang, de la volupté et de la mort », comme l'essai de Maurice Barrès. Il renverse toutefois cet ordre, d'un souffle propre à une conscience révulsée par l'injustice coloniale, mais fascinée par les vaincus escamotés de cette aventure. Ce roman d'une ampleur cosmique fore somptueusement nos traumas bellicistes.
EnEn cette rentrée littéraire, certains écrivains, à leur manière, répliquent aux criailleries de Nicolas Sarkozy concernant l'identité nationale. Boualem Sansal, dans Rue Darwin (à paraître le 25 août chez Gallimard), produit une fresque fabuleuse et véridique sur les angoisses et les joies des appartenances multiples et inextricables dans l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui. Un hymne contre l'assignation à résidence familiale, tribale, clanique, nationale: «J'étais de deux familles, deux mondes que tout séparait, et la vérité qui pouvait les réconcilier en moi était inaccessible, personne ne la savait, ou ceux qui la savaient ne la diraient pas, elle les aurait détruits.»