L'ancien premier ministre est rattrapé par le scandale des emplois présumés fictifs de sa femme Penelope et des rémunérations consenties à ses enfants. Tétanisée, la droite s'interroge : François Fillon a-t-il encore la moindre chance de gagner la présidentielle ?
Absente à l’Assemblée nationale, Penelope Fillon était-elle active en circonscription ? Afin d’évaluer la réalité de son travail dans la Sarthe, le juge d’instruction Serge Tournaire a sollicité en vain, à la fin du mois d’avril, plusieurs médias locaux. Depuis, Mediapart a minutieusement épluché deux décennies d’articles. Le résultat ne pouvait être plus accablant.
Après des semaines de campagne au son des casseroles et des « Rends l’argent », François Fillon est éliminé. Bien décidés à ne pas endosser la responsabilité de cette défaite, nombre d’élus LR l’attaquent ad hominem. En coulisses, beaucoup préparent la suite.
Parmi les militants sonnés par la défaite, l'appel à faire barrage à la candidate de l'extrême droite ne fait pas l'unanimité. Sens commun, le mouvement issu de la Manif pour tous, qui a pris une place centrale dans la campagne, refuse de soutenir un candidat qui s'attaque « à tous les socles de notre pays ».
Le candidat de la droite a conclu vendredi sa « douloureuse » campagne sur le thème du « totalitarisme islamique », l’une de ses marottes. Empêtré dans les affaires depuis fin janvier, il a multiplié les contre-vérités et radicalisé son propos pour tenter de se maintenir dans la course. À la veille du premier tour, il est encore convaincu de créer la surprise dimanche.
Selon les coins de France et la motivation des élus locaux, la campagne de François Fillon s’accélère, avance au ralenti ou reste carrément au point mort. De Toulon à Troyes, en passant par Le Havre, Mediapart est allé rencontrer les militants LR afin de prendre la température du terrain. Laquelle est souvent plus fraîche que celle ressentie dans les meetings du candidat.
Pour parler du projet de François Fillon dans une campagne accaparée par les affaires, Jean-François Lamour organise des « pieds d’immeuble ». Dans les rues du XVe arrondissement de Paris, micro à la main, il répond aux questions des badauds et s’efforce de garder le sourire malgré les « voleur ! » que lui lâchent certains passants.
Aux prises avec les juges, Marine Le Pen et François Fillon ne cachent pas leur intention de régler des comptes, si l’un ou l’autre était élu à la présidence de la République. Les magistrats s’en inquiètent, autant pour la justice que pour leur métier.
L’avocat Robert Bourgi, l’un des derniers survivants des vieux réseaux gaullistes de la Françafrique, est l’homme qui a offert deux costumes à François Fillon. Depuis Beyrouth, où il s’est retiré après la révélation de l’affaire, il répond aux questions de Mediapart.
Contrairement à ce qu’il a déclaré, François Fillon a commencé à rémunérer son épouse Penelope dès 1982, comme chargée de mission à l’Assemblée nationale, et non pas depuis 1986, comme il l’a affirmé. La justice vérifie aujourd’hui la réalité des prestations fournies.
Dimanche 9 avril, des milliers de partisans sont venus acclamer François Fillon lors de son meeting de la Porte de Versailles, à Paris. À quinze jours du premier tour, le candidat LR a souhaité faire une dernière démonstration de force, en insistant sur le « bon sens » de son projet et en chargeant celui qu’il considère être son seul adversaire : Emmanuel Macron.
Malgré une campagne présidentielle pourrie par les affaires, François Fillon continue de bénéficier de soutiens indéfectibles sur le terrain. Qu'ils soient persuadés que leur candidat a été victime d'une machination, ou convaincus qu'il est le seul à porter leurs idées dans cette campagne, ils voteront en faveur du vainqueur de la primaire de la droite pour « ne pas se faire voler leur élection »
Le patronat lyonnais est en plein doute. Dans cette métropole ancrée à droite, les milieux d'affaires qui ont développé de puissants réseaux, rêvent de longue date d'un «choc libéral». Alors que François Fillon faisait il y a encore quelques mois la quasi-unanimité par son programme, le souffle des scandales a fait vaciller leurs certitudes. Et certains regardent désormais vers Emmanuel Macron.
À onze jours de l'élection présidentielle, Mediatrap s'adresse aux indécis, cette foule d'anonymes incapables de faire leur choix parmi les onze prétendants à la magistrature suprême. Et vous propose de glisser un bulletin François Fillon dans l'urne. Voici pourquoi.
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme ailleurs, François Fillon remplit les salles de ses meetings. Mais sur le terrain, c’est morne plaine. Pas un tract, pas une affiche, pas un militant LR à l’horizon. Le Front national est en revanche extrêmement présent. Et connaît un succès grandissant.