À quatre semaines du premier tour, on entend dire partout que la présidentielle serait gangrenée par les affaires. « Une sale campagne », titrait même dimanche le JDD. Un peu comme si la présence d’une balayeuse prouvait qu’une ville est mal tenue…
Contrairement au premier débat, François Fillon et Marine Le Pen n’ont cette fois-ci pas échappé aux questions sur les affaires. Et c’est sur ce sujet que les deux candidats ont été le plus mis en difficulté par leurs adversaires.
Confrontés aux mauvais retours du terrain, bon nombre d’élus LR commencent à sérieusement douter des chances de François Fillon de l’emporter. Sans présager des résultats du premier tour de la présidentielle, mais dans la perspective d’un duel Le Pen-Macron, chacun s’organise en coulisses pour préparer la suite.
Toujours en peine de faire parler d’autre chose que des affaires, François Fillon pousse d’une octave supplémentaire la ritournelle du complot. Le candidat LR est persuadé d’être la victime d’un « cabinet noir » de l’Élysée. Une stratégie qui fait mouche auprès du noyau dur de LR, mais inquiète bon nombre d’élus à droite.
L’actuel candidat de la droite à la présidentielle apparaît aujourd’hui comme un homme d’argent et un dissimulateur. Un homme politique en même temps qu’un homme d’affaires, aussi soucieux d’exercer le pouvoir que de s’enrichir discrètement. Revue de détail.
Cette fois, la rechute s’appelle Bruno Le Roux. Le ministre de l’intérieur a démissionné. Il avait embauché ses deux filles adolescentes comme assistantes parlementaires. Des faits qui ravivent l’affaire Fillon, mais soulignent une différence : Le Roux a quitté ses fonctions, quand Fillon s’accroche à sa candidature.
Dans le volet justice de son « projet pour la France », François Fillon a fait disparaître l’un des « trois axes » principaux qu’il prônait pendant la primaire, en retirant toutes les propositions liées à l’indépendance des juges et du parquet. Empêtré dans les affaires, le candidat LR revoit sa copie.
Avec la confirmation par Le Monde de l’identité du généreux donateur du candidat de la droite à la présidentielle pour ses costumes de luxe – en l’occurrence l’avocat Robert Bourgi –, l’affaire Fillon vient désormais percuter le monde des réseaux occultes de la Françafrique.
Mediapart révèle qu'un homme d'affaires libanais figure parmi les clients de François Fillon. À quelques mois de la primaire, le candidat à l'élection présidentielle a signé un contrat, via sa société « 2F Conseil », avec le milliardaire Fouad Makhzoumi.
Suspecté dans l’affaire des emplois présumés fictifs de son épouse Penelope à l’Assemblée nationale et à la Revue des Deux Mondes, le candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle doit par ailleurs faire face à une cascade de nouvelles révélations.
Mis en examen, le candidat Fillon prend la présidentielle en otage pour régler ses déboires avec la justice. Le choix de la droite de le maintenir est le carburant du désastre à venir.
Mediapart a sollicité une douzaine de journalistes étrangers (Angleterre, Italie, Allemagne, Israël, Roumanie, Norvège, Canada…) dans le but de recueillir leurs impressions sur l’affaire Fillon. Le constat ? Accablant.
Ce qui s’est joué autour du maintien de François Fillon dépasse la valse des défections, des retournements de vestes, des grandes déclarations et des bruits de couloir. Le rassemblement du Trocadéro, l’abandon d’Alain Juppé et les atermoiements des centristes, marquent la fin définitive de l’UMP (devenue LR) telle qu’elle avait été conçue en 2002, comme une fusion des « droites républicaines ».
Après l’abandon d’Alain Juppé et alors que les sarkozystes cherchaient encore une solution pour sortir de la crise historique que traverse la droite, François Fillon a coupé court aux « discussions vaines » lors du comité politique de son parti. Ragaillardi par le rassemblement du Trocadéro, le candidat LR s’estime désormais le plus « légitime » pour rassembler son camp.
Avec François Fillon il y a les jours de catastrophe, quand le bruit de ses affaires emporte tout sur son passage. Et les jours aux abris, quand il se terre et qu’il se tait. De surexcitation en coma dépassé, plus il essaie de sauver sa campagne, et plus il détruit son camp.