Coup de tonnerre le 15 mai 2011 : Dominique Strauss-Kahn est arrêté à New York, accusé par une femme de chambre de l'hôtel Sofitel de tentative de viol.
Pas d'autre choix pour les personnalités publiques américaines prises en flagrant délit d'«addiction sexuelle» que de se tourner vers une clinique spécialisée pour se refaire une réputation. Une activité économique en pleine croissance, malgré les débats sur la pertinence des «traitements». Par Renaud Ceccotti-Ricci, à New York.
En désaccord avec le district attorney Cyrus Vance, procureur de Manhattan, Lisa Friel, la chef de la Sex Crimes Unit, a récemment annoncé qu'elle quittait ses fonctions à la tête de cette unité spécialisée dans les viols et agressions sexuelles. En pleine affaire DSK, ce départ a suscité de nombreuses hypothèses. Mediapart s'est procuré le courrier électronique qu'elle a adressé à «tous ses amis et connaissances partout dans le pays qui se sont inquiétés» pour elle.
Vendredi, le juge de New York a décidé de lever l'assignation à domicile de Dominique Strauss-Kahn. Les charges d'agression sexuelle sont maintenues. Le procureur reconnaît que la crédibilité de la femme de chambre est en cause: elle a livré un «récit erroné» pour partie. Dossier.
Dominique Strauss-Kahn doit faire face à New York à une équipe de juristes spécialisés dans les crimes sexuels. Attachée au parquet, la Sex Crimes Unit développe des techniques particulières d'enquête. Cette équipe a été filmée il y a quelques mois. En résulte un documentaire inédit diffusé ce lundi 20 juin sur HBO.
Elu au suffrage universel, le procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, en charge de l’accusation dans le dossier DSK, joue-t-il vraiment son avenir sur cette affaire ? Pas sûr si l’on en croit les experts du droit américain. Enquête sur un poste qui requiert des compétences d’équilibriste.
Xénophobe, nationaliste, de droite et de mauvaise foi, le New York Post, propriété du magnat australien Murdoch, est le tabloïd trash de Manhattan. Depuis le début de l'affaire DSK, il se déchaîne. Mais outre des éditos au vitriol, il bombarde d'informations exclusives. Enquête sur des méthodes d'investigations peu banales... Une correspondance de Renaud Ceccotti-Ricci.
L'ex-directeur du FMI, accusé de tentative de viol par une femme de chambre, a rendez-vous avec la justice le 6 juin. En attendant, il est logé dans une luxueuse villa à Manhattan. Cette semaine, des sources proches des enquêteurs ont indiqué que des preuves ADN avaient été découvertes; la police n'a pas confirmé. Les avocats de DSK se sont, eux, émus de ces fuites.
Selon le Center for Public Integrity, de nouveaux témoignages étofferaient la version de la femme de chambre qui affirme avoir été agressée par Dominique Strauss-Kahn. Alors que l'avocat de ce dernier, Me Brafman, assure que son client plaidera non coupable et qu'il sera acquitté, l'ex-patron du FMI réaffirme son innocence dans un mail adressé à ses anciens collaborateurs.
Dominique Strauss-Kahn devrait quitter la prison de Rikers Island ce vendredi pour rejoindre un appartement de Manhattan dans lequel il sera assigné, sous une stricte surveillance, jusqu'à son procès. ABC News annonce qu'il devrait toucher entre 318.000 à 349.000 dollars après sa démission du FMI. Une information démentie par l'institution.
La mère de Tristane Banon, cette journaliste qui a accusé en 2007 Dominique Strauss-Kahn de l'avoir agressée sexuellement, affirme à Mediapart que plusieurs dirigeants socialistes de l'époque, comme François Hollande et Laurent Fabius, avaient été alertés à l'époque.
Dominique Strauss-Kahn a été formellement inculpé ce jeudi par le grand jury. Ses avocats ont fait une nouvelle demande de remise en liberté sous caution qui a été acceptée par le juge Michael Obus, sous des conditions drastiques.
La femme de ménage du Sofitel devenue une Mata-Hari complotiste ou une «domestique» bonne à être «troussée»: l'affaire DSK a provoqué un festival de gauloiseries machistes comme de réactions indignées de «puissants» qui se protègent. Preuve qu'en France, les violences faites aux femmes sont encore trop souvent traitées avec légèreté.
Sociologue américaine, Abigail Saguy analyse pour Mediapart l'affaire DSK, de la construction des catégories juridiques aux peines encourues. Alors qu'aux États-Unis les victimes privilégient les procédures au civil afin d'obtenir des compensations financières importantes, en France le harcèlement sexuel, tout comme l'agression sexuelle ou le viol, relèvent du code pénal.
DSK a officiellement démissionné du FMI. L'Elysée faisait déjà campagne, depuis quelques semaines, pour que Christine Lagarde occupe son fauteuil à Washington. Le FMI mérite mieux et il y a l'embarras du choix. Parti pris.
Politiques et intellectuels sont nombreux à dénoncer le traitement de DSK par la justice américaine. Pourtant, des responsables, dont Sarkozy, souhaitaient s'en rapprocher. Notre système judiciaire serait-il plus respectueux des personnes? A voir...