La Pologne affronte enfin, et sans détour, son histoire juive
La Pologne examine désormais sans tabou le douloureux passé du génocide juif. Si pendant longtemps l’histoire des Juifs et de leur extermination est restée exclue du récit national, un important travail de mémoire est à l’œuvre aujourd’hui. En témoigne un nouveau musée à Varsovie.
La lecture des articles est réservée aux abonné·es.
Se connecter
VarsovieVarsovie, de notre envoyée spéciale. Lorsque son livre est sorti, si on lui avait dit jusqu’où iraient le débat historien et le débat mémoriel une décennie plus tard en Pologne, elle ne l’aurait tout simplement pas cru. Anna Bikont fait partie de ces personnes qui ont jeté un pavé dans la mare en mettant en lumière la participation des Polonais à l’extermination des Juifs, à une époque où « 95 % des historiens, y compris des historiens très sérieux, ne voulaient pas en entendre parler ». C’était en 2004, peu après la sortie de l’ouvrage de l’historien polono-américain Jan Tomasz Gross, Les Voisins, qui a révélé une première fois au grand public le pogrom de Jedwabne. Dans ce village de l’est de la Pologne, en 1941, les habitants polonais ont fait brûler dans une grange l’ensemble de la communauté juive. L’ouvrage fait l’effet d’une bombe, Anna Bikont décide d’aller voir sur place.