Dans un Burkina Faso en proie à la menace du djihad armé, les jeunes de l’ethnie peule sont des recrues parfaites pour les groupes armés qui capitalisent sur les difficultés de la région, le taux de pauvreté affolant et les atrocités de l’armée régulière. Ceux qui refusent de s’enrôler font face à la suspicion de la population.
Sept ans après le début des opérations militaires françaises au Mali, le chef de l’État va-t-il comprendre que la lutte contre le djihadisme n’est pas la seule réponse à fournir à l’instabilité du Sahel ? Le passé colonial de Paris et les survivances de la Françafrique permettent d’en douter.
Les attaques de groupes djihadistes contres les militaires maliens se multiplient. Selon l’ONU, 67 d’entre eux ont été tués entre mars et mai. Un assaut lancé fin septembre contre un camp situé près de la frontière avec le Burkina Faso a provoqué la mort de 38 soldats. L’un des bilans les plus lourds de ces dernières années.
De nombreux mineurs font indirectement les frais de la lutte antiterroriste menée par les États de la zone sahélienne avec le soutien des pays occidentaux. Au Nigeria, notamment, l’armée détient, selon HRW, des milliers d’enfants dans des conditions inhumaines en raison de leur appartenance présumée à Boko Haram. Au Tchad, au Mali et au Niger, ils ne seraient pas violentés, mais sont traités comme des adultes.
Un sommet extraordinaire de la Cedeao consacré à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest se tient à Ouagadougou du 12 au 14 septembre. Au centre des discussions : la menace djihadiste et l’amélioration de la coordination sécuritaire entre pays membres. Un camouflet pour le G5 Sahel.
Le hameau de Sobame-Dah a connu à son tour l’horreur ce dimanche 9 juin. Cette fois, les victimes ne sont pas peules, mais dogons. L’attaque n’a pas été revendiquée, et pourrait provenir de groupes djihadistes actifs dans cette zone ou de milices d’autodéfense. Le gouvernement malien semble toujours incapable de faire face à cette spirale meurtrière d’attaques et de représailles.
L’Élysée a annoncé vendredi 10 mai qu’une opération menée par l’armée dans la nuit de jeudi à vendredi dans le nord du Burkina Faso avait permis de libérer quatre otages, dont deux Français. Deux militaires des forces spéciales ont été tués. Dans le nord et l’est du Burkina, les djihadistes s’imposent de plus en plus.
L’agence française de développement a annulé la publication d’un dossier sur le Mali qui devait paraître dans sa revue Afrique contemporaine. En cause, des articles qui ont déplu, mettant à mal la stratégie de la France ou les autorités du Mali. Mediapart publie l’un d’eux, consacré aux accusations visant l’armée malienne.
Présentée comme une opération destinée à empêcher la chute du régime indéfendable d’Idriss Déby, l’intervention de l’aviation militaire française contre une colonne rebelle, au nord du Tchad, avait aussi et peut-être surtout pour but de permettre la poursuite de l’opération Barkhane, estime l’opposant historique Saleh Kebzabo.
Emmanuel Macron a rencontré lundi ses homologues du G5 Sahel, en marge du sommet de l’Union africaine réuni à Nouakchott (Mauritanie). Tandis que les dirigeants africains regrettent de devoir mendier les fonds promis à la force antiterroriste, les attaques se poursuivent, tout comme les critiques.
La force conjointe regroupant Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie est attendue pour le mois d'octobre. Cinq ans après le déclenchement des opérations Serval, puis Barkhane, par la France, impuissance militaire et inertie politique se conjuguent.
Emmanuel Macron se rend ce vendredi à Gao (Mali), pour une visite auprès des troupes françaises engagées dans la lutte contre les groupes djihadistes. Mais l’opération Barkhane n’est pas l’indéniable succès vendu depuis trois ans par le ministère de la défense devenu celui des armées.