Dossier Dossier: sur les décombres de la social-démocratie
Que reste-t-il aujourd'hui de la social-démocratie? Quarante ans de néolibéralisme, de conduite gestionnaire "responsable", de politiques d'austérité ont dévasté tous les idéaux des partis de centre gauche. Ceux-ci vont de défaite en défaite. Nos enquêtes et nos analyses sur la chute de la social-démocratie et sur les tentatives de reconstruction .
De l’Europe à l’Océanie, la social-démocratie vient de subir une nouvelle série de défaites. Parmi les tentatives de reconversion vers la gauche, celle que mène Corbyn à la tête du Labour est la plus avancée.
Dans un ouvrage ambitieux, trois universitaires cartographient le « désarroi » de ces partis de gouvernement à travers l'Europe : chute de l'électorat, effritement du nombre d'adhérents, relation difficile avec la société civile.
Circonscrit à quelques États, le mouvement vers la gauche est-il un passeport pour la marginalisation, comme le dénoncent les plus conservateurs ? À quelques jours des législatives britanniques et françaises, comment l’expliquer ?
Jeremy Corbyn a réussi son pari d’ancrer le Labour à gauche et de le faire progresser face aux conservateurs. Sa position à la tête du parti est consolidée et son score peut encourager les partisans d’une social-démocratie retrouvant la force propulsive contestataire de ses débuts.
La réélection de Corbyn prouve que son arrivée à la tête du Labour n’était pas un accident. Elle est révélatrice de la lutte violente qui se joue en son sein. Déjà, cette victoire interne incite certains responsables politiques et intellectuels, pas forcément proches de Corbyn, à repenser radicalement la social-démocratie. Et si celle-ci redevenait un champ de bataille intéressant ?
Sans stratégie ni espace politique viable, le PS est abandonné par les leaders qui lui proposaient des voies de reconversion. De nouvelles assises locales devraient bientôt lui échapper, qui lui permettaient d’entretenir un tissu militant significatif et de mieux réguler ses conflits internes.
La défaite du PS, d’une ampleur massive, signe son effondrement en tant que grand parti de gouvernement. Les rares précédents comparables dans l’histoire des démocraties occidentales ne lui laissent guère espérer la reconquête de ce statut perdu.
Avant même le second tour, le PS est assuré de subir la plus grosse défaite de son histoire. Balayé avec 7 % des voix, il va devoir ferrailler pour conserver un groupe dimanche prochain. De nombreux dirigeants sont déjà battus, dont Jean-Christophe Cambadélis ou Benoît Hamon.
Jacques Julliard, 77 ans, entre en dissidence. Figure historique de la «deuxième gauche» rocardienne, l'éditorialiste du Nouvel Observateur a opéré depuis le début de l'année un virage surprenant. Dans un texte titré «Vingt thèses pour repartir du pied gauche», il défend la nationalisation des banques! Et le voilà qui persiste dans sa dénonciation du «néo-capitalisme». Entretien.
Après avoir créé l’espoir à gauche, le candidat Martin Schulz a enchaîné les faux pas électoraux et a été incapable de maîtriser sa campagne, d’ores et déjà grand perdant du scrutin de dimanche face à Angela Merkel. Arithmétiquement, une grande coalition CDU/SPD reste l’option la plus solide, mais de nombreux sympathisants sociaux-démocrates considèrent cette nouvelle « GroKo » (grosse coalition) comme un suicide.
Le scrutin législatif aux Pays-Bas est marqué par l’effondrement historique des sociaux-démocrates. Le système partisan néerlandais, plus que jamais polarisé et fragmenté au lendemain de cette élection, est en fait déstabilisé depuis une vingtaine d’années.
Le 6 novembre 2014, alors que François Hollande dressait le bilan de sa première moitié de quinquennat, Mediapart organisait trois débats sur le thème «Oui, il y a des alternatives». Invité de l'un d'eux, Jorge Lago, responsable du mouvement espagnol Podemos, en charge des questions internationales.
Depuis octobre 2015, les socialistes tiennent les rênes de l’exécutif portugais. Avec l’appui d’une coalition originale au Parlement : la gauche radicale du Bloco et le parti communiste. Un attelage qui pourrait être riche d’enseignements ailleurs en Europe. Premier volet de notre série de reportages.