Le grand marchandage a finalement abouti vendredi à Bruxelles à un budget au rabais. La bataille Cameron/Hollande a nettement tourné à l'avantage du Britannique. Décryptage des grandes lignes de ce budget européen, que le parlement européen promet déjà de bloquer.
Sauf rebondissement, les eurodéputés voteront mercredi à Strasbourg un compromis sur les grandes lignes du budget de l'UE jusqu'en 2020. Les élus, qui criaient si fort il y a quelques mois, n'ont obtenu que de maigres avancées.
Les sociaux-démocrates du SPD, au gouvernement à Berlin, vont-ils favoriser le travail de François Hollande pour « réorienter » l'Europe ? À en juger par le conseil européen qui s'est achevé vendredi à Bruxelles, l'entreprise s'annonce hasardeuse.
Bruxelles a accordé un répit de deux ans à la France pour rentrer dans les clous de Maastricht. Mais la commission insiste désormais sur les « réformes structurelles » à accomplir au plus vite. Retraites, marché du travail, etc. : passage en revue des exigences européennes.
La primaire par vote électronique déçoit par la faible participation : seulement 20 000 votants dans toute l'Union européenne. José Bové a été désigné candidat du Parti vert européen. Mais sa partenaire n'est pas celle qu'on attendait. L'Allemande Ska Keller, soutenue par les jeunes écolos européens, a battu Rebecca Harms, donnée favorite.
À l'Assemblée, au nom de la transparence, les lobbyistes sont désormais invités à s'inscrire sur un registre et à dévoiler la liste de leurs clients. Un copié-collé du dispositif testé depuis deux ans à Bruxelles, avec un succès limité.
François Hollande l'a déclaré mi-décembre : la crise de la zone euro est désormais « derrière nous ». Ce n'est pas du tout l'avis de l'économiste André Orléan, qui s'explique dans un entretien à Mediapart. « Il faut s’attendre à des tensions sociales et politiques d’une rare intensité », prévient-il.
Le Conseil européen a progressé, jeudi, vers une union bancaire et François Hollande maintient que nous serions « tout près » de la sortie de crise. Entretien, en réaction, avec Frédéric Lordon, l'un des chefs de file des « économistes atterrés », sur la crise européenne : « Si une Europe veut survivre à cette crise, le saut fédéral est un impératif. Mais encore faut-il s’interroger sur sa forme, ses contenus. »
Le pari hasardeux de David Cameron d'organiser un référendum sur l'appartenance des Britanniques à l'Union pose tout de même une question de fond : les référendums peuvent-ils servir à légitimer une Europe de plus en plus critiquée par ses citoyens ?
Concurrencé par Merkel, Cameron ou Monti, François Hollande peine à s'imposer sur la scène européenne. La « réorientation » de l'Europe, slogan de campagne, s'est évaporée. Le président tentera, lors de son discours mardi à Strasbourg devant les eurodéputés, d'inverser la tendance alors que les Allemands pèsent de plus en plus lourd.
Le conseil européen qui s’est achevé vendredi à Bruxelles a renoncé à lancer une vaste réforme de l’Union pour se contenter de la création de « contrats de compétitivité et de croissance ». C'est une nouvelle idée allemande à laquelle la France a fini par se plier. On est loin des discours volontaristes du printemps sur la « réorientation de l’Europe ».
C'est un argument que l'on entend, à gauche, concernant le nouveau traité européen : il ne fait que répéter des dispositions déjà en vigueur dans d'autres règlements. Autant, donc, l'adopter au plus vite, plutôt que de risquer une crise politique en France… Mais l'argument est-il juste ? Y a-t-il du neuf dans ce texte ? Décryptage.