Le premier tour des départementales, dimanche 22 mars, a mis la France à l'épreuve du tripartisme, entre effacement progressif de la gauche, percée du Front national et velléités de reconquête à l'UMP. Retrouvez nos articles.
Le Front national n'a pas remporté la victoire symbolique qu'il espérait. Le parti frontiste enregistre en revanche des scores élevés qui confirment son implantation locale, cœur de la stratégie de conquête du pouvoir de Marine Le Pen pour 2017, et espère bien semer le trouble lors du « troisième tour », jeudi.
Les digues ne tiennent plus. La présidente de l'UDI dans le Vaucluse, Corinne Païocchi, a annoncé qu'elle quittait le parti centriste. À quelques heures du dépouillement du second tour des élections départementales, elle confie à Mediapart son souhait de rejoindre Marine Le Pen : « Rien en Vaucluse ne peut se faire sans le Rassemblement Bleu Marine. »
Édition spéciale de « En direct de Mediapart ». Quelles conséquences la perte de la moitié de ses départements va-t-elle avoir pour le PS ? Comment analyser la percée du FN, qui ne contrôle cependant aucun département ?
Avec 28 départements récupérés à la gauche, la droite est sans conteste la grande gagnante de ces élections départementales. Oubliant que l'UMP avait perdu toutes les élections intermédiaires entre 2004 et 2012, Nicolas Sarkozy veut voir dans les résultats de dimanche la victoire de sa stratégie personnelle. Ses adversaires en interne ne l'entendent pas de cette oreille.
La Seine-Saint-Denis avait plébiscité François Hollande en 2012. Depuis, le PS, qui est menacé de perdre le département ce dimanche 29 mars, a vu partir une grande partie de ses électeurs. Il devra les reconquérir en 2017, alors que la droite et le FN gagnent du terrain dans un département profondément travaillé par la précarité.
À gauche depuis 1953, les Bouches-du-Rhône devraient, sauf grosse surprise, basculer à droite dimanche soir. Ce qui paradoxalement rend le sourire à certains militants socialistes marseillais : un échec signerait la fin du système Guérini et la possibilité d’une refondation pour le PS local.
Dans l'entre-deux tours, le « frondeur » socialiste et président du conseil général Jérôme Guedj se livre à un duel tendu face à l'ancien ministre Georges Tron, lequel est renvoyé aux assises pour viol. Le département tenu par le PS depuis 1998, et dont Georges Tron ambitionne de ravir la présidence, pourrait bien passer aux mains de la droite.
Dans le dernier-né des départements français, en marge des meetings électoraux, la population, ravagée par la pauvreté et la difficulté d’accéder aux mêmes droits qu’en métropole, commence à questionner les dysfonctionnements de la République.
Un groupe de chercheurs a « recodé » les résultats des départementales pour donner une vision plus détaillée du premier tour. Notamment à gauche, où ce recomptage fait apparaître que les candidats soutenus par le PS ont obtenu 24,7 % des suffrages exprimés, et la « gauche autonome » 10,1 %.
Appel au désistement républicain pour le PS. Ligne du “ni-ni” pour l’UMP. Les consignes nationales édictées à Paris en vue du second tour des départementales se heurtent aux réalités locales. Retrouvez notre carte des triangulaires.
En Haute-Vienne, la quadrangulaire d'Ambazac n'aura pas lieu : le PCF se désiste au profit du PS. Dans le département, le FN fait une percée, la droite poursuit son grignotage, le PS semble en mesure de sauver les meubles et la gauche de la gauche n'est pas au rendez-vous de son histoire.
Les départementales 2015 préfigurent un nouvel ordre électoral. L'ancrage du Front national modifie les règles du jeu. Les remèdes tristes des partis de gouvernement sont voués à perdre en attractivité. Cette décomposition sociopolitique d’ensemble fait le terreau de l'extrême droite.
Le PS pourrait perdre jusqu'à quarante des soixante départements qu’il gère aujourd’hui. « La gauche n'est plus là. Zéro plus zéro : la tête à Toto », constate Olivier Girardin, premier fédéral de l'Aube, où les socialistes sont tous éliminés.
Juppé, Fillon et Jégo étaient en meeting lundi soir en Gironde, histoire de marquer leurs différences. Depuis le retour de Nicolas Sarkozy et face à l'implantation du FN, la droite n'en finit pas de se scinder en deux. Avec un objectif identique, la primaire de 2016.
Le Front national a terminé deuxième du premier tour, dimanche, avec 25,24 % des voix. Si ce n'est pas la victoire annoncée par les sondages, c'est un double coup gagnant pour Marine Le Pen, qui confirme son implantation locale et progresse dans ses terres de mission: l'Ouest, le Sud-Ouest, le Centre. Le chercheur Joël Gombin évoque « une progression dans des territoires plus urbains et aisés » et « une stabilisation dans les territoires les plus périphériques, ruraux, populaires ».