Les départementales 2015 préfigurent un nouvel ordre électoral. L'ancrage du Front national modifie les règles du jeu. Les remèdes tristes des partis de gouvernement sont voués à perdre en attractivité. Cette décomposition sociopolitique d’ensemble fait le terreau de l'extrême droite.
Si le « total gauche » atteint les 35 %, le détail des résultats rapportés par les responsables des divers partis laisse apparaître des nuances sur lesquelles s'appuie chacun pour défendre sa ligne stratégique des semaines et mois à venir.
Victoire de l’UMP, Front national puissant mais distancé, et PS qui limite les dégâts. C’est ce qu’on a lu et entendu depuis lundi matin, au lendemain du premier tour des élections départementales. Des vérités sommaires et souvent contradictoires. Décryptage.
En rassemblant autour de 30 % des suffrages exprimés, l’alliance UMP-UDI arrive en tête. Les sarkozystes voient la validation de la stratégie de «droite décomplexée» de leur patron. C'est pourtant l'alliance de la droite et du centre, prônée par Alain Juppé, qui a remporté la mise.
Faut-il revenir ou pas au gouvernement, un an après ? Pour quoi faire ? EELV est au bord de la crise de nerfs. La perspective d’un remaniement après les départementales divise le parti, jusqu'à menacer son existence.
Le Front national s'installe à 25 %, un Français sur deux ne se déplace plus aux urnes, le PS ne pèse plus que 20 % dans un de ses scrutins favoris, il est déjà éliminé dans plus de 500 cantons. Mais le premier ministre estime que «quand on mobilise les Français, ça marche». Décryptage d'une illusion.
Le PS a-t-il réellement résisté ? Le FN derrière l'UMP, est-ce un échec pour Marine Le Pen ? La stratégie d'alliance UMP-UDI dans les cantons est-elle une victoire de Sarkozy ?
Avec environ 25 % des voix, le Front national a encore progressé. Et ce, à l'occasion d'élections locales qui lui sont traditionnellement très défavorables. Pourquoi ? Entretien avec Nonna Mayer, directrice de recherche émérite au CNRS, présidente de l’Association française de science politique et spécialiste de l'extrême droite.
Les socialistes comptent sur leur antique implantation tout en se prévalant de renouvellement. Les alternatifs s'accrochent avec vaillance à leur « à gauche toute ! ». L'UMP assure son tour de piste et le FN se tapit en vue de ramasser la mise : impénétrable augure sur fond d'adversités avérées.
Manuel Valls compte sur la « peur » du FN pour mobiliser les électeurs. Une stratégie approuvée par l’Élysée. Mais après la gifle prévisible des départementales, il faudra plus que des mots pour faire refluer l'extrême droite.
Le Front national était en tête aux européennes de 2014 dans les deux tiers des cantons actuels. Ce dimanche 22 mars, il devrait souvent passer le cap du premier tour. Divisée, la gauche sera souvent balayée. La France politique de 2015 peut se résumer ainsi : abstention de la moitié des électeurs inscrits, tripartisme ancré avec la poussée du FN et obligation pour l'UMP et le PS d'unir leurs camps respectifs dans les mois et les années à venir, sous peine d'être durablement concurrencés par l'extrême droite.
Les départementales sont la première échéance électorale depuis l'élection de François Hollande où le parti de gauche, le PCF et EELV ont à ce point acté leur séparation avec le PS. C'est l'occasion d'expérimenter de nouvelles alliances et des « alternatives citoyennes » ouvertes à des candidatures de non-encartés.
Dans ce département pris à la droite en 1998, les socialistes mènent une campagne compliquée : la réforme des départements est illisible, la crise de l'agroalimentaire n'en finit pas, le FN a fait une percée inattendue aux européennes, la droite est en embuscade. Surtout, les électeurs veulent «faire turbuler le système», dit le député socialiste Gwenegan Bui.
La majorité PG/EELV/réseaux citoyens, élue l’an dernier dans la capitale des Alpes, entend concurrencer et devancer le PS au niveau départemental. Au risque de perdre le conseil général. Les résultats dicteront la suite des événements, comme la cicatrisation ou non de la fracture à gauche. Et aussi l’attitude des socialistes.
Pour la première fois depuis sa création en 1967, la Seine-Saint-Denis pourrait basculer à droite, sous l’impulsion du patron de l’UDI, le décrié député et maire de Drancy Jean-Christophe Lagarde. Certains dénoncent un « système », entre clientélisme, petits arrangements et grandes ambitions.
Le FN est le parti qui a investi le plus de candidats aux élections départementales. Il s'agit de fidéliser l'électorat et de poursuivre la construction d'un réseau d'élus locaux. Le parti d'extrême droite menace une nouvelle fois d'arriver en tête.