Alors que le Rassemblement national a mis un pied dans la porte du pouvoir, les dirigeants de la majorité ont été incapables d’appeler clairement à lui faire barrage au second tour. Par calculs politiciens, ils s’apprêtent à lui ouvrir grand les grilles de Matignon.
À l’orée du premier tour des législatives, seules les forces de gauche et des écologistes sont à même de barrer la route à l’extrême droite. Portées par une dynamique citoyenne, elles sont en mesure, pour la première fois depuis plus de vingt ans, de répondre à l’urgence sociale, démocratique et climatique, et de lutter contre les discriminations.
Enjeux inédits, inanité du débat public, folie médiatique, rythme politique infernal, boussoles qui indiquent le sud, barrages qui proposent la noyade… Les législatives des 30 juin et 7 juillet mettent les nerfs à rude épreuve.
Depuis la dissolution, le traitement médiatique de la campagne brouille les repères moraux et historiques en diabolisant le Nouveau Front populaire et en amplifiant la rhétorique confusionniste des « extrêmes ». Au risque de dresser un front républicain contre l’union des gauches.
L’alliance électorale et programmatique du Nouveau Front populaire, pour enrayer un rouleau compresseur médiatique hostile et désarmer celles et ceux qui tirent contre leur camp en dénonçant déjà des reniements ou en annonçant déjà des renoncements, doit penser dès maintenant au jour d’après.
L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite ne serait pas simplement l’aggravation des politiques conservatrices déjà à l’œuvre. Elle marquerait une rupture historique en offrant leur revanche aux adversaires revendiqués de l’égalité et de l’universalité des droits.
À chaque candidat du Rassemblement national épinglé pour des publications racistes ou antisémites, le parti d’extrême droite se félicite de réagir fermement. Mais il semble plus soucieux de contrôler la diffusion des idées de ses troupes, que les idées elles-mêmes.
L’offensive sur le caractère « irréaliste » ou « impossible » des financements des programmes est un piège conservateur qui tente de réduire la politique à des choix comptables et d’écarter toute remise en cause de l’ordre existant. Mais l’heure oblige à fixer des priorités en dehors des cadres financiers.
Plusieurs militants indépendantistes, considérés comme les « commanditaires présumés » des révoltes qui embrasent la Nouvelle-Calédonie depuis mi-mai, ont été arrêtés mercredi. En s’entêtant à conduire une révision constitutionnelle qui ne verra finalement pas le jour, le chef de l’État a fait perdre des décennies à l’archipel.
Le prétendu camp de la raison pousse ses feux comme jamais, en sortant ses tableaux Excel et sa rhétorique rebattue mais toujours pénible des « extrêmes ». Le Nouveau Front populaire peut pourtant faire advenir une radicalité responsable, qui ne soit ni de l’eau tiède ni de la raison froide.