Invectives, outrances, chiffres erronés, paroles dans le vide. Le débat sans vote sur l’énergie lundi à l’Assemblée a tourné à la caricature. Et offert une tribune au RN, qui s’en est régalé.
En Loire-Atlantique, les travailleurs d’une des deux dernières centrales électriques au charbon du pays portent depuis neuf ans un projet de décarbonation du site. Mais EDF refuse la transition verte de l’installation, malgré la promesse d’Emmanuel Macron de la convertir avant 2027.
La production et la consommation d’énergie en France, pour les dix ans qui viennent, sont en discussion à l’Assemblée lundi 28 avril. Derrière les effets de manche et les provocations politiciennes, les enjeux sont énormes et interrogent notre modèle de société.
La nouvelle autorité de sûreté ne communique pas sur une fuite radioactive survenue samedi 22 mars sur un réacteur nucléaire. Elle n’a pas non plus activé son centre de crise. Certains experts en son sein interrogent cette attitude.
Avant même son entrée en vigueur, la réforme du marché de l’électricité en France révèle toutes ses impasses : il est impossible de concilier le double langage du pouvoir, soutenant à la fois une préférence française et le respect des règles de concurrence européennes. Elle vient de faire disjoncter son président Luc Rémont.
Couvertes par le secret-défense, ces réunions de haut niveau concernent pourtant des questions de politique énergétique très classiques. Leur confidentialité renforce l’opacité de la filière de l’atome et des choix politiques la concernant.
En 2023, un rapport confidentiel présenté lors d’un conseil de politique nucléaire donnait le top départ au bouleversement du système de sûreté de la filière de l’atome. Mediapart y a eu accès et a appris qu’il avait été modifié à la demande de l’Élysée.
Selon plusieurs documents que Mediapart et Reporterre ont obtenus, un des composants du béton destiné à la construction du futur réacteur présente des non-conformités majeures. L’Autorité de sûreté nucléaire somme EDF de justifier la qualité de ce produit.
En 2024, les importations de gaz naturel liquéfié en provenance de Russie ont augmenté de 81 % dans l’Hexagone, malgré une baisse de la demande. En cause, les industriels pétrogaziers qui misent à long terme sur le développement du gaz fossile, en dépit de l’urgence climatique.
Près de 100 milliards d’euros d’investissements dans le réseau d’électricité, des usines qui pourraient consommer beaucoup plus d’énergie qu’aujourd’hui et un chef d’État qui appelle les industriels à se brancher sans limite : la transition énergétique à la française dévore les électrons et ne rêve que de nucléaire.
Emmanuel Macron veut croire que la France a « des data centers propres ». Mais les dégâts environnementaux des industries numériques sont déjà tangibles (consommation d’électricité, émissions de CO2, besoins en eau et en minerais, conflits d’usage sur le foncier) alors que l’idée d’une IA verte n’est encore qu’une promesse.
En 2023, 80 % du lobbying déployé autour de la loi d’accélération du nucléaire était favorable à l’industrie de l’atome, selon une note de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. L’ampleur du déséquilibre interroge.
C’est le réacteur nucléaire le plus puissant du parc qu’EDF vient de connecter au réseau. Mais c’est aussi celui qui produira une énergie plus chère que la plupart des renouvelables. Les dépenses financières représentent entre 30 et 40 % du coût total du système électrique.
Une commune peut-elle s’opposer au remplacement de son parc éolien par des machines plus grandes et plus efficaces ? C’est le combat dans lequel s’est engagée la mairie de Coren, redoutant que l’installation des mastodontes menace sa ressource en eau.
L’actuel directeur général de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs peut-il prendre la tête de la future autorité de sûreté nucléaire, alors qu’elle devra se prononcer sur le centre de stockage qu’il a développé pendant dix ans ? La question secoue le monde de l’atome.
Un mois avant la COP29, le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie souligne les risques grandissants d’insécurité énergétique et de déviation de la transition écologique, dans un monde secoué par des tensions géopolitiques.