S'il fallait une nouvelle preuve de la nécessité de Mediapart, la révision constitutionnelle soumise au vote du Congrès, ce lundi 21 juillet en fin de journée, est en train de l'apporter. Les deux seuls quotidiens nationaux classés à gauche et au centre, au centre de la gauche ou à la gauche du centre, Le Monde et Libération, ont en effet pris une position favorable à la réforme sarkozyste dans leurs éditoriaux respectifs, jugeant non constructive l'opposition du PS et du Modem. En décalage avec la diversité réelle de l'opinion, cette uniformisation médiatique illustre l'enjeu du choix capital qui est aujourd'hui entre les mains des parlementaires: faire un pas de plus vers une hyperprésidence omnipotente et omniprésente, sans véritable contre-pouvoir, continuer à construire le pouvoir monocratique d'un seul qui, pendant cinq ans, ne rendra vraiment de comptes qu'à lui-même, ou bien, dans un sursaut démocratique, dire non à cette corruption de l'esprit public que, dans sa dérive vieillissante, ne cesse de diffuser le présidentialisme français. Appuyé sur le constat argumenté que cette réforme, loin d'équilibrer le pouvoir présidentiel, va l'accentuer, notre choix est aussi un parti pris de cohérence, tant cette concentration du pouvoir est par essence l'adversaire de la liberté de la presse. Lire aussi Constitution : comment, depuis un an, Sarkozy manœuvre et une sélection de nos archives sur le sujet.