Si les mesures d’urgence prises en Europe du Sud-Est ont permis de limiter l’épidémie de Covid-19, elles ont entraîné un recul des libertés démocratiques. Les sociétés civiles des Balkans commencent à se mobiliser pour regagner leurs droits perdus.
C’est en pleine épidémie de Covid-19 que la coalition gouvernementale qui dirigeait le Kosovo a volé en éclats, sous la pression directe des États-Unis. Ces derniers veulent conclure un accord « définitif » entre Belgrade et Pristina.
Le 28 janvier à l’aube, la police frappait à la porte de la maison où était hébergée la famille Mehmeti, dans le centre de Pamiers (Ariège). Ils ont aussitôt été rapatriés de force en Albanie, après quatre ans de séjour en France.
À l’occasion des élections législatives anticipées du 6 octobre au Kosovo, les électeurs pourraient sanctionner deux décennies de violence, de corruption et de népotisme, et balayer le Parti démocratique du Kosovo d’Hashim Thaçi, au pouvoir depuis 1999.
Dans les Balkans, il n’y a pas de pétrole, mais il y a de l’eau, faisant de la région le véritable château d’eau de l’Europe. Cet « or bleu » excite les convoitises des oligarques locaux, qui multiplient les projets de centrales hydrauliques, avec la bénédiction – et souvent des subventions – de l’Union européenne. Les citoyens tentent de résister à ce green washing des fortunes mal acquises, qui risque de détruire l’environnement et le mode de vie des communautés rurales.
Une vague de contestations inédite s’étend à tous les pays des Balkans. Partout, les citoyens dénoncent des régimes autoritaires, clientélistes et corrompus, mais se défient également des partis d’opposition. Un « printemps des Balkans » est-il en train de germer en cette fin d’hiver ?
La Bosnie-Herzégovine est devenue un cul-de-sac aux portes de l’Union européenne, où sont bloqués plusieurs milliers d’exilés. Malgré les violences de la police croate et une neige redoutable, ils cherchent à continuer leur route vers l’Ouest.
Jamais les universités albanaises n’avaient connu de telles mobilisations. La hausse annoncée des droits d’inscription a fait exploser une colère sociale protéiforme. La contestation étudiante remet en cause non seulement la démocratie bloquée par le clientélisme, mais aussi les politiques néolibérales appliquées par les principaux partis.
Une bonne part de la « communauté internationale » envisage sérieusement d’établir une paix « durable » dans les Balkans en changeant les frontières, afin de séparer les différents peuples qui y vivent. Un désaveu des politiques promues depuis deux décennies défendant le multiculturalisme de la région.
Dimanche, les Macédoniens voteront pour dire s’ils acceptent que leur pays devienne la « République de Macédoine du Nord ». Ce vote est censé résoudre leur conflit avec la Grèce et leur ouvrir les portes de l’OTAN et de l’Union européenne.
Le 17 juin dernier, les premiers ministres d’Athènes et de Skopje, Alexis Tsipras et Zoran Zaev, signaient un accord historique pour solder le différend qui oppose les deux pays sur la « question du nom » de la Macédoine. Depuis un siècle, cette région est au cœur de tous les déchirements des Balkans, et les souvenirs des violences du passé sont parfois difficiles à oublier. Dernier épisode de notre série sur « les frontières de sang de la nouvelle Europe ».
On les appelait souvent les « Yougos », avant que l’éclatement de l’ancienne Fédération et les guerres des années 1990 n’amènent à distinguer Albanais, Bosniaques, Croates, Macédoniens, Monténégrins, Serbes ou autres Slovènes. Mais que désignent ces termes de « Yougoslaves » et de « Yougoslavie » ? La question peut recevoir différentes réponses à Zagreb, Belgrade ou Sarajevo.