Par souci de transparence vis-à-vis de ses lecteurs, les journalistes de Mediapart remplissent et rendent publique depuis 2018 une déclaration d’intérêts sur le modèle de celle remplie par les parlementaires et les hauts-fonctionnaires auprès de la Haute autorité de la transparence et de la vie publique (HATVP), instance créée en 2014 après les révélations de Mediapart sur l’affaire Cahuzac.
La famille de Cédric Chouviat, décédé à la suite de son interpellation par des policiers, a été reçue mardi 14 janvier par Christophe Castaner. Le père de la victime, qui a demandé l’interdiction de la pratique contestée du plaquage au sol, n’a obtenu aucune réponse du ministre de l’intérieur.
« Que le ministre Christophe Castaner ne camoufle pas la vérité comme l’a fait la préfecture de police. » Christian Chouviat, le père de Cédric, livreur de 42 ans et père de cinq enfants, décédé par asphyxie lors de son interpellation, a accepté de témoigner.
Cédric Chouviat est mort d’une asphyxie avec fracture du larynx après avoir été violemment interpellé par quatre policiers le 3 janvier, selon une nouvelle vidéo que Mediapart s’est procurée. Une information judiciaire a été ouverte pour homicide involontaire.
Interpellé le 3 janvier, à Paris, lors d’un contrôle de police, Cédric Chouviat est décédé des suites d’un arrêt cardiaque. Sur des vidéos obtenues par Mediapart, on voit trois policiers plaquer au sol Cédric qui, sur le ventre et encore casqué, montre des signes d’épuisement. Ces images démentent la première version des forces de l’ordre, qui omet la violence de l’interpellation.
Lycéen de 17 ans, Achraf a reçu un tir de LBD dans la mâchoire le 4 décembre 2018, à Marseille. Identifié, le policier auteur du tir reconnaît l’avoir blessé accidentellement. Le parquet de Marseille a néanmoins classé sans suite. L’IGPN fait état de policiers exposés à des jets permanents de projectiles, ce que les enregistrements de vidéosurveillance démentent formellement.
Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte de Gabriel Pontonnier qui a eu la main arrachée par une grenade GLI-F4 en novembre 2018, à Paris, à la fin de l’acte II des « gilets jaunes ». Pourtant, à lire l’enquête de l’IGPN qui a identifié l’auteur du tir, un major des CRS, la grenade a été lancée sans les sommations réglementaires. Le commandement avait demandé « d’impacter très fort les manifestants ».
Devant le Conseil d’État, les tentatives d’interdire la GLI-F4 ont été contrées par le ministère de l’intérieur, qui a annoncé son intention d’écouler ses stocks, en dépit des blessés graves. Les classements sans suite par le parquet sont nombreux, mais la jurisprudence peut permettre aux blessés d’obtenir une reconnaissance de la responsabilité de l’État devant les tribunaux administratifs.
Les grenades lacrymogènes explosives GLI-F4 présentent de graves défauts « identifiés mais non résolus ». Dans une note datée du 4 janvier 2018 obtenue par Mediapart, le fabricant Alsetex en a informé le ministère de l’intérieur. Ce dernier continue de les autoriser dans les opérations de maintien de l’ordre. Lors des mouvements des « gilets jaunes », cinq personnes ont eu la main arrachée par ces grenades.
Dans une note du 2 décembre que Mediapart s’est procurée, le directeur général de la police nationale Éric Morvan rappelle aux policiers les règles qui encadrent le droit de manifester et auxquelles ils ont obligation de se soumettre. Une mise en garde perçue comme une menace par les syndicats alors que certains d'entre eux appellent leurs adhérents à rejoindre les rangs des manifestants.
Manuel, gilet jaune, a été éborgné samedi à Paris par un tir de grenade. Il a déposé plainte pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l’autorité publique ». Cette plainte vise également Didier Lallement. Manuel accepte de témoigner et explique pourquoi il refuse d’être entendu par l’IGPN.
Alors que le bilan des violences policières est dramatique, des policiers ont accepté de revenir pour Mediapart, sous couvert d'anonymat, sur les opérations auxquelles ils ont participé. L’un parle de « guérilla » et soutient qu'« on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs », un autre estime avoir été « instrumentalisé », un troisième adhère au mouvement tandis qu'un dernier s’inquiète de sa suite.
Rouée de coups de pied par des policiers, Maria, 19 ans, a eu le crâne fracturé et le cerveau atteint. Dix mois plus tard, à Marseille, elle reste sous surveillance médicale. Dans un entretien à Mediapart, elle revient sur les conséquences physiques et psychiques de ces violences et sur les suites judiciaires.
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Lors d’un reportage sur les violences policières à Grenoble, un policier a perdu son sang-froid et m’a mise en joue ainsi que deux confrères, avec son lanceur de balle de défense (LBD). La scène a été enregistrée.