Le centenaire de l'Armistice de 1918 a une nouvelle fois relancé les débats autour des commémorations de la Première guerre mondiale. Emmanuel Macron a prévu un déplacement inhabituel de six jours, point d'orgue des manifestations officielles lancées en 2014 par son prédécesseur.
Le président de la République a suscité un tollé en jugeant « légitime » de rendre hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Pétain, qui dirigea quelques années plus tard le régime collaborationniste de Vichy. Il a ainsi relancé une polémique que l’Élysée avait réussi à « contourner » il y a un mois, alors même que la cérémonie du 10 novembre ne prévoit aucune référence à Pétain.
À l’occasion des cent ans de l’Armistice, l’état-major des armées souhaitait organiser, « en présence du président de la République », un hommage aux huit maréchaux de la Grande Guerre, dont Pétain. Mais l’idée de célébrer celui qui dirigea le régime collaborationniste de Vichy a été écartée par l’Élysée, qui dit ne pas comprendre comment cette cérémonie « s’est retrouvée » dans le dossier de presse officiel, sans avoir été arbitrée en plus haut lieu.
Bourrage de crâne, suite et fin. Comme François Hollande qui déclarait : « Commémorer, c’est renouveler le patriotisme », Emmanuel Macron illusionne. Au lieu de prémunir face aux promesses du pire, qui pointe à nouveau le mufle.
La télévision est un boomerang. Les imprévus, les images et les discours, que les récepteurs interprètent à rebours des intentions de l’émetteur, aboutissent à l’opposé de ce qui fut programmé. Ce 11 Novembre y a moins que jamais échappé.
Après avoir déclaré que Pétain était un « grand soldat », Emmanuel Macron a balayé les critiques d’un revers de savoir historique. Ce faisant, il a alimenté la confusion, en sombrant dans un mélange des genres qui a consterné plus d’un historien. Tous estiment qu’il s’est trompé de registre. Une erreur qui en dit long sur la façon dont le chef de l’État surinvestit sa fonction, au risque de l’appauvrir.
En commémorant la prétendue «Grande » guerre, François Hollande a perdu l'occasion non pas de se taire – ce qu'il ne cesse de faire en articulant ! –, mais de parler, enfin haut et fort. Pour fustiger ce carnage industriel au lieu de l'exalter, en petit notable conformiste de la République… Parti pris et vidéo.
François Hollande commémore la guerre de 14-18 ainsi qu'il fait de la politique : en fuyant le conflit, en privilégiant le flou trompeur, en jouant au caméléon. Résultat : il est devenu invisible, parle dans le vide, inaugure dans la solitude et s'auto-escamote. Parti pris.
A l'heure où le gouvernement lance les commémorations du centenaire de la guerre 14-18, Edwy Plenel préfère, comme le disait Georges Brassens, «rester dans son lit douillet». Allons-nous parler de cette Europe qui a sombré, ou allons-nous parler de Rosa Luxembourg ? Allons-nous être du côté de cette illusion de l'union nationale ou de ce sens du tragique où les catastrophes peuvent arriver ?
Les commémorations devraient commencer par examiner les causes de la Première Guerre mondiale : un enracinement belliqueux dans une France sur la défensive, dont le chantre fut Maurice Barrès, « rossignol du carnage », devait dire Romain Rolland. Retour sur La Colline inspirée, roman pousse-au-crime de 1913...
À l'heure des commémorations trop souvent aseptisées voire héroïsantes de la prétendue “Grande Guerre”, un documentaire sans concession vend la mèche. À partir de chansons galvanisantes ou abrutissantes de l'époque.
La France ne sait plus sur quel pied commémorer la Première Guerre mondiale. Une foutaise irénique avait été forgée en 2014 : la guerre (d'hier), c'est la paix (d'aujourd'hui). L'année qui suit les attentats de 2015, que faire de la bataille de Verdun ? La planter, comme une fleur, sur les Champs-Élysées...
Un siècle après l'assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet 1914, à l'aube de la Première Guerre mondiale, Mediapart s'est plongé dans les archives de cette époque tourmentée.
Pour rebondir sur la sortie en salles des Gardiennes de Xavier Beauvois, entretien croisé entre l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau et Joseph Zimet, directeur général de la Mission du centenaire. Un dialogue édifiant…
Un siècle plus tard, les batailles mémorielles et historiques font toujours rage dans les Balkans, région sinistrée et maintenue pour l'essentiel à l'écart de l'Union européenne. Nos reportages et analyses.
A l'occasion du 90e anniversaire de la fin des combats de la Grande Guerre, mardi 11 novembre, Nicolas Sarkozy fera-t-il un geste en direction des 600 soldats fusillés pour avoir refusé d'obtempérer aux ordres, ou tout simplement pour l'exemple? La question semblait réglée comme nous l'indiquions en mai. Deux commissions, l'une présidée par Jean-Jacques Becker, l'autre par André Kaspi, font par ailleurs des propositions sur la manière de commémorer les grandes dates de l'histoire.