Canek Sanchez Guevara, petit-fils du Che, n’aura écrit qu’un seul roman avant de mourir à 40 ans, en janvier 2015. Cent douze superbes pages, à lire et relire en face A, en face B, comme il l’écrirait à propos du disque rayé de sa vie. Extrait en fin d'article.
Lorsque, avec ensemble, la presse anglo-saxonne a salué la parution des Petites Chaises rouges comme une œuvre majeure (avec appel du pied pour le Nobel), Edna O’Brien, irlandaise, 84 ans, pas mal de prix littéraires à son actif, a sobrement commenté : l’était temps. De la lire, surtout, si ce n’est déjà fait.
L’Ukrainien Serhiy Jadan et le Français Cédric Gras publient chacun un road novel, épiques traversées des régions de l’Est et du Donbass. Comme si seuls chronotope et mouvement pouvaient rendre compte d’un réel fracassé, contradictoire et intensément vivant. Extrait du livre en fin d'article.
Sept cent quatre-vingt-quatre pages qui rendent compte de nos dix dernières années. Littéralement : avec facturette pour chaque achat, et captation en quelques lignes de ce qui, ce jour-là, fut perçu du bruit du monde. C’est un roman. Social. Politique. Intime.
Dans L’Extase totale, Norman Ohler raconte l’histoire du IIIe Reich du côté des stupéfiants, sans minorer la responsabilité de Hitler. Dès 1933, Leo Perutz, avec son roman La Neige de saint Pierre, envisageait les liens entre drogue et nazisme.
Marcher droit, tourner en rond est le monologue intérieur d’un homme atteint du syndrome d’Asperger, contraint d’assister à l’enterrement de sa grand-mère. Drôle et décapant avec, en mineur, le récit d’une lucide solitude et un conte moral. Extrait du roman en fin d’article.
Partir vers le large de la littérature, disait Marguerite Duras… Une femme part vers l’extrême, pour sauver un fils mal embarqué. Kirghizistan, au plus près des chevaux. Une autre femme part vivre dans les extrêmes hauteurs, au plus loin des hommes, au plus près du ciel et de ses interrogations. Laurent Mauvignier, Céline Minard, deux extrêmes réussites. Extraits des romans en fin d’article.
Spoon River est un classique de la littérature américaine qui n’est que peu connu en France. Une nouvelle traduction nous permet de le redécouvrir. À la joie de lire pareille merveille s’ajoute le plaisir de remonter aux sources d’une lignée poétique moderne.
Journaliste pour la BBC, Emma-Jane Kirby donne ici un court récit, bouleversant par sa retenue, sur la prise de conscience d’un homme ordinaire, le jour où il s’est trouvé face à des centaines de migrants naufragés, à un kilomètre de l’île de Lampedusa.
Roman de la rentrée littéraire 2016, L’Ultime Humiliation met en scène deux retraitées errant dans la capitale grecque pendant l’un des moments clés de la crise : février 2012. Un roman chargé de symboles sur une société – et une ville – qui ont alors brutalement changé de visage.
Au Soudan, ses livres ont été détruits en public. Aujourd'hui réfugié en Autriche, Abdelaziz Baraka Sakin est pour la première fois traduit en France. Son septième roman, Le Messie du Darfour, est une description courageuse et distanciée des années de guerre où, comme dans un conte venu de très loin, les langues se mélangent. Présentation et entretien.
Queens, quartier de New York, Zou Lei, clandestine irréductiblement vivante, Skinner, vétéran démoli de la guerre d’Irak, Jimmy, taulard voué à le redevenir. Un formidable roman, profondément politique, c’est-à-dire qui ne s’affiche pas comme tel. Extrait en fin d’article.
Andreï Ivanov, russophone, apatride, en un roman picaresque qui n’épargne pas le Danemark, et à travers les aventures de deux olibrius errants et dévastateurs, raconte formidablement le camp humanitaire vu par ceux qui y vivent, dont il a fait partie. Entretien et extrait en fin d’article.
Premier roman de Jonathan Galassi, à la tête de la mythique maison d’édition new-yorkaise Farrar, Straus and Giroux, Muse est à la fois roman à clé, roman d’apprentissage, histoire d’amours, ode nostalgique, et surtout saga et radiographie cruelle d’un monde littéraire en mutation. Extrait en fin d’article.
Dans La Pièce obscure, l’écrivain Isaac Rosa décrit une génération de jeunes Espagnols happés par un trou noir, comme une métaphore du marasme ibère. Et il met en scène, dans ce texte sombre et inconfortable, les limites politiques du mouvement « indigné » de 2011.
Dans La Succession, Jean-Paul Dubois raconte une évasion et la puissance du fatum suicidaire entre Toulouse et Miami. Alexandre Seurat, dans L’Administrateur provisoire, roman documentaire,explore la culpabilité, la Collaboration, et ses effets boomerang.
La rentrée littéraire n’est pas seulement une célébration de la littérature française : elle est aussi l’occasion de découvrir quelques trésors venus d’ailleurs, qui nous donnent des nouvelles du monde. Frankenstein à Bagdad, lauréat d’un prix prestigieux du monde arabe, nous fait comprendre la réalité irakienne par les moyens de la fiction la plus débridée.
Retours très particuliers vers les années 1970 et 1980 : éblouissement sous le soleil d’Arles avec Légende, de Sylvain Prudhomme, et premier roman ambitieux de Chloé Thomas, Nos lieux communs, qui interroge les établis d’antan et les incertains d’aujourd’hui. Premier de deux articles autour de ce qui se transmet (ou pas).
Dans son dernier roman, Éric Faye s’intéresse aux kamikakuchi, ces hommes et ces femmes ordinaires « cachés par les dieux », c’est-à-dire enlevés au Japon par le gouvernement nord-coréen à des fins d’espionnage dans les années 1970-1980. Un puzzle choral déclinant les destins d’une demi-douzaine de personnages entre vérité et fiction, pour décrire une réalité qui, loin de se réduire au fait divers, synthétise les complexités géopolitiques d’une partie du globe.
Pour inaugurer notre collaboration avec la revue en ligne En attendant Nadeau, nous avons choisi de partager la lecture d'un article consacré au dernier livre de l'Israélien Amos Oz. « L’histoire se déroule en hiver, entre fin 1959 et début 1960. On y parle d’une erreur, de désir, d’un amour malheureux et d’une question théologique inexpliquée » : ainsi débute Judas, son nouveau roman, qui se déroule à Jérusalem, ce qui n’est jamais un mince détail.
Dans un roman hypnotique, Crue (Gallimard), Philippe Forest scrute l'époque, flaire les mutations, devine la catastrophe. À travers un narrateur recru mais aux aguets : « Chacun fait l'épreuve de voir disparaître ce qu'il aime. » Fantastique lecture pour tous…
Deux récits autour de la Révolution française paraissent simultanément chez le même éditeur : 14 Juillet, d’Éric Vuillard, et Sauve qui peut (la révolution), de Thierry Froger. Radicalement différents, les deux livres se font écho pour cerner la puissance de l'acte révolutionnaire.
Voici venir les rêveurs est le premier roman d’Imbolo Mbue, écrivaine née au Cameroun, installée aux États-Unis depuis 1998. Le livre reflète les tensions nées de la confrontation entre Amérique et Afrique : ces contradictions font la matière du récit, mais minent aussi le projet éditorial du livre.
Ce n’est pas un roman qui vient d'obtenir le prix Médicis, mais quel sacré livre ! Laëtitia, récit subjectif, enquête minutieuse, honnête même dans ses impasses, renoue avec le fait-divers comme « force de frappe cognitive ». Le meurtre de Laëtitia a passionné la France et ridiculisé Sarkozy. La vie reconstituée de Laëtitia la fait exister, et avec elle, le pays silencieux.
Mediapart vous invite en cette année 2023 à un voyage dans l’année 1973 pour en (re)découvrir les moments plus ou moins connus et mieux comprendre les évolutions du dernier demi-siècle. Des analyses, des récits, des interviews exploreront cette année du choc pétrolier, et de bien d’autres événements,…
Chaque trimestre, Mediapart publie un article issu du dernier numéro de la revue La Déferlante, consacrée aux révolutions féministes. Il s’agit à chaque fois de la rubrique « Retour sur », qui revient sur un événement passé, important pour l’histoire des féminismes ou des droits des femmes et des minorités…
Elle a fait de l’histoire et contribué à faire l’histoire. Michelle Perrot, 94 ans, vient de publier un nouvel essai, Le temps des féminismes (Grasset, 2023). La chercheuse y revient sur son parcours, son choix d’étudier l’histoire des femmes à l’université, l’écart entre son travail scientifique et…