Série MAM et POM en Afrique: le voyage de trop, dossier spécial
Ce n'était officiellement que des vacances en Tunisie. Elles ont tourné au scandale et à une crise politique menant à un nouveau remaniement gouvernemental. Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères, et Patrick Ollier (compagnon de MAM d'où son surnom de POM), ministre délégué aux relations avec le Parlement, n'auront cessé durant un mois et demi de s'enfoncer, entre omissions et mensonges. Mais ce voyage a surtout révélé certaines coulisses inconnues du pouvoir: ses liens avec le régime Ben Ali, ses affaires avec le dictateur libyen Kadhafi. Il aura enfin achevé de discréditer la politique étrangère de Sarkozy qui, de l'Union pour la Méditerranée aux grands contrats et à l'appréhension des nouveaux enjeux du monde, s'achève par une série spectaculaire d'échecs.
Retrouvez, ci-dessous, nos reportages et nos enquêtes en Tunise, ainsi que nos principaux articles politiques sur cette «affaire MAM».
Deux neveux par alliance du dictateur tunisien auraient dû être jugés à Ajaccio en 2009 dans un dossier de trafic de yachts volés. C'était sans compter avec le zèle du parquet, agissant sous la pression du pouvoir exécutif.
Un millier de Tunisiens se sont rassemblés samedi devant l'ambassade de France à Tunis pour exiger une nouvelle fois le départ de l'ambassadeur, en poste depuis quatre jours.
Ahmed Ounaies a annoncé dimanche son départ du gouvernement, après être devenu la risée du pays en couvrant d'éloges son homologue française, Michèle Alliot-Marie, décidément gaffeuse en Tunisie.
Alors que de nouvelles révélations mettent un peu plus en cause Michèle Alliot-Marie, la majorité, à un mois des cantonales, ne la soutient que du bout des lèvres. Mercredi, à l'Assemblée nationale, la plupart refusaient de s'exprimer sur cette affaire.
Face au silence de Nicolas Sarkozy sur la Tunisie depuis quatre jours, Michèle Alliot-Marie doit justifier le cafouillage gouvernemental. La ministre était entendue mardi par les députés.
Le Quai d'Orsay a demandé à des spécialistes de l'Egypte installés au Caire de ne plus intervenir dans les médias français... au nom d'un supposé «devoir de réserve». Les chercheurs s'indignent.
La ministre des affaires étrangères ne cesse de s'embourber dans le dossier tunisien: après avoir proposé l'aide de la police française au régime de Ben Ali, elle a admis avoir bénéficié du jet d'un homme d'affaires proche de l'ancien régime, lors de ses vacances de Noël. Ses explications ne manquent pas de piquant.
Allié principal de Nicolas Sarkozy au Maghreb, Ben Ali bénéficie d'un soutien hors normes de l'UMP et de l'Elysée. Illustration avec les propos de la ministre des affaires étrangères.
L'affaire Alliot-Marie est le symptôme de la crise d'une présidence: bourdes à répétition de ministres, le silence du premier d'entre eux, les erreurs magistrales en politique étrangère, le conflit avec la justice. L'hyper-présidence est en plein désordre.
La politique de la main tendue au colonel Kadhafi, revendiquée dès l'été 2007 par Nicolas Sarkozy, se révèle désastreuse. Il en avait pourtant fait son credo, au nom de la lutte contre le terrorisme. Le chef de l'Etat français pariait sur moult contrats.
La gauche lui demande de démissionner, Nicolas Sarkozy l'assure de son soutien. Un soutien de moins en moins compréhensible au regard de l'accumulation d'omissions, mensonges et contrevérités au cours des dernières semaines.
Le jet privé qui a profité à Michèle Alliot-Marie en Tunisie a été contrôlé une dizaine de jours plus tard par la police italienne: elle croyait qu'il transportait Ben Ali lors de sa fuite ! L'avion est la propriété d'une société créée par Belhassen Trabelsi, beau-frère du dictateur tunisien et désormais sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Notre enquête, documents et photos à l'appui.
La ministre des affaires étrangères n'a cessé de taire la vérité sur ses vacances en Tunisie. Omettant même sa conversation téléphonique avec Ben Ali en pleine révolution tunisienne. Enquête de nos envoyés spéciaux.
En décembre, alors que le régime de Ben Ali réprimait la contestation dans le sang, les parents de la ministre des affaires étrangères choisissaient d'investir dans un programme immobilier cofinancé par un gendre du dictateur, construit sur des zones forestières déclassées, où plusieurs bâtiments étaient réservés à des membres éminents de la famille de Ben Ali.
La ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, et son compagnon, Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le parlement, ont livré ces derniers jours à Mediapart des explications contradictoires sur leur emploi du temps du 27 décembre en Tunisie. Ce jour, MAM aurait rencontré en pleine répression sanglante de la révolution deux représentants du régime Ben Ali. Notre enquête.
Contrairement à ce que ses dirigeants ont toujours affirmé, le groupe industriel Thales a bien confié, en 2005, à une officine privée des investigations sur de «supposées commissions libyennes au profit» de M. Ollier. Une intrigue qui a prospéré pendant des mois à l'ombre de la République, entre services secrets et intérêts industriels.
Loin d'être une «victime» du régime Ben Ali, comme Michèle Alliot Marie ne cesse de le marteler, son «ami» Aziz Miled a été un pion central du système économique du régime déchu. Il a réussi à être associé en affaires avec rien de moins que trois gendres et un beau-frère de l'ancien despote Ben Ali, qui l'a par ailleurs nommé personnellement à un haut poste politique en 2008. Notre enquête.
Aziz Miled est au cœur d'une nouvelle polémique. Sa compagnie est accusée d'avoir transporté des mercenaires de Kadhafi. L'affaire illustre la proximité d'Aziz Miled avec la Libye de Kadhafi, ce régime que le ministre et compagnon de MAM, Patrick Ollier, a tant soutenu.
François Baroin a beau assurer que la démission de Michèle Alliot-Marie n'est «pas d'actualité», de plus en plus de parlementaires y pensent à voix haute. «Il y a un problème politique pour notre pays. Démissionner est la meilleure solution», confie notamment l'un d'eux à Mediapart.
Définitivement condamné pour le « casse du siècle » (l’escroquerie aux quotas carbone) ainsi que pour l’enlèvement et la séquestration d’un financier, l'ancien golden boy Arnaud Mimran est aujourd'hui soupçonné d’avoir commandité trois homicides. Ce qu’il dément. Sa cellule, au centre pénitentiaire…
Mardi 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, est tué par des policiers lors d’un contrôle. Les nuits suivantes, le quartier Pablo-Picasso de Nanterre, où il vivait, s’embrase et le mouvement s’étend à toute la France. Après quatre nuits d’une violence sans précédent, le calme revient. Mais personne à Nanterre…
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