Dossier Enseignement supérieur: des violences sexuelles endémiques
L'université et les grandes écoles sont secouées depuis plusieurs années par de nombreux scandales de violences sexistes et sexuelles. À la fois par l'ampleur du phénomène, et parce que les mécanismes d'alerte, et de sanction, sont largement insuffisants.
Michaël Langlois avait été exclu pour trois ans en raison de « comportements inappropriés », de « propos à connotation sexuelle » et d’une « attitude de séduction » envers des étudiantes. Mais la procédure est suspendue à cause d’un vice de forme.
En 2017, deux doctorantes et une enseignante ont porté plainte contre un responsable de la filière dédiée aux sports, Staps, de l’université bretonne. L’enquête est toujours en cours. Et aucune sanction disciplinaire n’a été prise.
Une procédure disciplinaire vise un maître de conférences à la faculté de théologie protestante de Strasbourg, après de nombreux signalements de comportements déplacés. Deux anciennes étudiantes ont également porté plainte. La lenteur des procédures pose question.
La décision disciplinaire à l’égard du maître de conférences en théologie accusé par une dizaine d’étudiants de comportements déplacés, a été publiée. Des « fautes professionnelles » sont relevées mais « les faits reprochés de viol » et « de harcèlement sexuel » ont été écartés.
À l’université Jean-Jaurès de Toulouse, une récente accusation de harcèlement révèle les obstacles dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles : poids des structures hiérarchiques, importance des enjeux de pouvoir, œillères corporatistes et division du travail défavorable aux femmes…
Malgré dix-sept témoignages d’étudiants, deux enseignants de l’université de Toulouse, radiés en 2019 pour harcèlement moral et sexuel, ont été relaxés par l’instance disciplinaire du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
À l’université Panthéon-Assas, les témoignages s’empilent. Lors d'un cours, un enseignant a comparé ses étudiantes à des « dindes » qu’il faudrait « fourrer », quand un autre a distribué un énoncé empreint de transphobie.
Dans la prestigieuse université de droit Panthéon-Assas, les violences sexistes ne cessent de se multiplier depuis quelques années. La dernière en date ? Un enseignant qui suggère à une étudiante de lui faire une fellation, avant de se confondre en excuses.
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Depuis le début de l’année, les témoignages de victimes de harcèlement ou de viol se multiplient parmi les étudiantes de la prestigieuse école. Une libération de la parole qui intervient alors que l’établissement ne s’est toujours pas doté d’un dispositif d’écoute et d’accompagnement pérenne.
Selon nos informations, le groupe GMS, qui dirige 38 écoles, a reçu de nombreuses alertes visant plusieurs de ses intervenants, accusés de violences sexuelles ou de sexisme. Une enquête interne est en cours et un des cadres aurait quitté l’entreprise.
Frédéric Mion admet des « erreurs de jugement » et des « incohérences » dans sa gestion de l’affaire Olivier Duhamel. Des étudiants réclamaient son départ depuis des semaines.
Ces derniers mois, de nombreuses universités ont lancé, avec une ampleur inédite, des procédures disciplinaires visant certains de leurs enseignants, après des dénonciations de violences sexistes et sexuelles. Mais faute de formation ou de volonté politique, les démarches restent encore extrêmement longues et incertaines.
L’enseignement supérieur et la recherche ont longtemps été considérés comme des lieux où les violences sexistes et sexuelles étaient monnaie courante, et rarement punies. En cause : la relation prof/étudiant et les failles des procédures disciplinaires. La mobilisation de différents acteurs fait progressivement bouger les lignes.
Après la révélation d’une série d’affaires visant l’enseignement supérieur et la recherche, le gouvernement a amendé l’organisation des procédures disciplinaires, dont les dysfonctionnements sont souvent patents. Les victimes pourront enfin être accompagnées. Mais une disposition est contestée, au nom de l’indépendance de la justice universitaire.
Deux universitaires, accusés de violences sexuelles, ont bénéficié de classement sans suite par la justice. Ils n’ont pas non plus été sanctionnés par leurs établissements. Mais ils n’y enseignent plus et dans leurs départements, la situation est très tendue.
Selon nos informations, une enquête a été ouverte à l’université Paris-Diderot visant un de ses principaux dirigeants, le psychanalyste Fethi Benslama. Il est accusé par plusieurs femmes de comportements inappropriés, parfois qualifiés de harcèlement sexuel. D’autres collègues lui reprochent un comportement autoritaire. La justice est saisie.