Parmi les joueurs, entraîneurs, présidents de clubs, les préjugés raciaux et les discriminations sont nombreux, et ne donnent généralement lieu ni à condamnation ni à sanction.
Christophe Galtier est accusé par l’ancien directeur sportif de Nice d’avoir tenu des propos racistes et islamophobes à l’époque où il entraînait le club azuréen. L’intéressé « conteste avec la plus grande fermeté » les faits qui lui sont reprochés. Le PSG a ouvert une enquête interne.
Karim Benzema estime ne pas avoir été sélectionné en équipe de France en raison de ses origines ? Tout le monde lui tombe dessus. Si la question se pose, c'est pourtant bien qu'au-delà de son cas, les préjugés raciaux et les discriminations sont monnaie courante dans le football français.
La ministre des sports Valérie Fourneyron annonce à Mediapart qu’elle saisit les instances dirigeantes du football français sur les propos du président du syndicat des clubs professionnels, Jean-Pierre Louvel, qui a reconnu l’existence de « quotas tacites ». « Ce sont des propos qui tombent sans ambiguïté sous le coup de la loi », dit-elle.
Deux ans après nos premières révélations, l'un des plus hauts dirigeants du football français, Jean-Pierre Louvel, président de l’Union des clubs professionnels de football, reconnaît dans un livre que les quotas ethniques ou religieux existent bel et bien dans les clubs. « Le nier serait absurde », affirme-t-il. L'ancienne ministre des sports, Chantal Jouanno, se dit « choquée ».
Willy Sagnol, l'entraîneur des Girondins de Bordeaux, loue la « puissance » des footballeurs africains, mais regrette leur manque d'« intelligence » et de « discipline » ? Les instances du football français se taisent ou plaident la maladresse. Comme d'habitude.
Dans l'ombre du PSG, un projet de deuxième grand club de foot à Paris se construit. Mais le changement d'actionnariat du PFC se fait dans la tourmente : le porteur du projet, Jean-Marc Guillou, est accusé de vouloir se faire un maximum d'argent sur le dos de jeunes footballeurs africains. La Mairie de Paris, qui subventionne le club, est prise à partie.
Après avoir nié, après avoir menti puis promis des sanctions, voici donc la fin du scandale des quotas discriminatoires: un simple avertissement pour le directeur technique national François Blaquart. Une mise à pied de six jours pour André Prévosto, le bras droit du président de la Fédération française de football (photo). Et puis c'est tout. Les hommes qui voulaient discriminer des enfants de 12 ans parce qu'ils avaient une origine étrangère s'en sortent sans dommages. Incompréhensible. Parti pris.
Ce week-end, Laurent Blanc présente ses «excuses» à la France entière, pour son rôle dans l'affaire des quotas. Dans un entretien à Mediapart, Patrick Braouezec, qui a piloté la commission d'enquête interne à la Fédération française de football, estime que les phrases les plus «terribles» ont été prononcées par le sélectionneur.
La ministre des sports a pris grand soin, mardi, de dédouaner le sélectionneur de l'équipe de France. Selon elle, «aucun fait ne permet de dire que Laurent Blanc cautionnerait des orientations discriminatoires». C'est pourtant tout le contraire qui apparaît à entendre la réunion du 8 novembre 2010. Mediapart a choisi de publier des extraits sonores de cette réunion qui viennent démentir les arguments de Chantal Jouanno.(Erick Mombaerts, Laurent Blanc, François Blaquart)
Le rapport intégral de la commission d'enquête de la Fédération française de football, révélé par leparisien.fr, valide l'ensemble des informations de Mediapart: le principe d'une mise en place de quotas discriminatoires dans les centres de formation de la FFF , sur des critères d'origine et d'apparence physique, a bien été approuvé par plusieurs responsables.
Le sélectionneur Laurent Blanc dément en bloc avoir évoqué avec d'autres responsables du foot français la mise en place de politiques discriminatoires et de quotas dans la formation et la sélection des joueurs.Voilà pourtant ce que lui et ses collègues disaient lors d'une réunion officielle, le 8 novembre 2010:Laurent Blanc: Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks (...) Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture (...) Les Espagnols, ils m'ont dit: “Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas”.»Erick Mombaerts: Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité?Laurent Blanc: Moi j'y suis tout à fait favorable.François Blaquart: On peut s'organiser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit.Erick Mombaerts: Donc il faut 30% ? (...) Il y a bien des clubs comme Lyon qui le font dans leur centre de formation.Francis Smerecki: Je dis: première chose, c'est discriminatoire.
Mediapart a été auditionné, dimanche 8 mai à la mi-journée, par la commission d'enquête de la Fédération française de football (FFF), mise en place dès nos premières révélations dans l'affaire des quotas. Nos informations étant à l'origine de ses investigations, nous lui avons expliqué à la fois nos intentions éditoriales et nos méthodes professionnelles, tout en respectant le secret des sources.
A la veille des révélations de Mediapart, un travail d'étiquetage avait déjà démarré à la Fédération française de football. Pour étayer leur théorie sur le trop-plein de gamins dits «binationaux», des cadres de la direction technique nationale avaient commencé à bricoler, dans leur coin, des statistiques sur l'origine étrangère présumée des principaux jeunes joueurs français.
Fernand Duchaussoy s'enfonce tout seul. Lors de sa conférence de presse du 29 avril, il déclarait n'être au courant de rien. Il nous apprend à présent, au détour d'un communiqué, qu'il avait été informé, dès la veille, du contenu de cette réunion par son plus proche conseiller. Un mensonge qui ne peut que faire douter de sa sincérité.
Mohamed Belkacemi, l'homme qui a enregistré la réunion du 8 novembre 2010 de la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération française de football (FFF), au cœur de l'affaire des quotas discriminatoires révélée par Mediapart, avait confié une copie de l'enregistrement dans les jours qui ont suivi à un haut responsable de la FFF, selon des informations recueillies de sources concordantes. Révélations.
Laurent Blanc et des dirigeants du football n'ont qu'un mot à la bouche: la binationalité. C'est pour contrer la règle internationale de libre choix que la Direction technique nationale a voulu mettre en place des quotas discriminatoires envers certains Français. Pour la ministre Chantal Jouanno ou les joueurs Lilian Thuram et Vikash Dhorasso, cet argument ne tient pas. Explications.