Omniprésent dans les médias depuis l’apparition du mouvement des « gilets jaunes », Nicolas Dupont-Aignan espère tirer parti d’une fronde pour laquelle il se sent, lui qui a combattu les sociétés d’autoroutes et bataillé « pour les automobilistes », le leader le plus légitime. Reportage à Bordeaux, où ses troupes ont été aux avant-postes des blocages.
En début de soirée samedi, un jeune manifestant venu en famille au rassemblement des « gilets jaunes » a eu la main arrachée par une grenade, alors qu’il se trouvait avenue Franklin-Roosevelt à Paris. Plus tard, un fonctionnaire membre d’une compagnie de sécurité a été grièvement touché à l’œil par un boulon. Le ministre de l’intérieur et le préfet de police sont mis en cause par les syndicats de police.
Les « gilets jaunes » ont de nouveau manifesté partout en France samedi. À Paris, des milliers de personnes ont passé la journée sur les Champs-Élysées ou dans les rues adjacentes, construisant des barricades et se heurtant aux forces de l’ordre. Un public très hétéroclite réuni sous un mot d’ordre commun : « Macron démission ».
En vidéo, récits et premières clés d’analyse du mouvement des «gilets jaunes», avec l’économiste Lucas Chancel, notre journaliste Mathilde Goanec, le photo-documentariste Vincent Jarousseau et l’habitante du Blanc (Indre) Judith Cartier, qui se bat pour sauvegarder la maternité.
Dans l’Eure, péages d’autoroute et gros ronds-points demeurent bloqués tout ou partie de la journée. Le prix des carburants est oublié. Ouvriers, retraités, intérimaires, artisans, jeunes et vieux disent tous la même chose : une vie de galère avec des revenus de misère et des injustices qu’ils ne veulent plus supporter.
Alors que le mouvement des « gilets jaunes » se poursuit, l’exécutif peine à trouver une réponse politique qui lui permette de calmer la mobilisation sans dévier du fameux « cap » fixé par Emmanuel Macron. Dans la majorité, des voix s’inquiètent du manque de souplesse du gouvernement.
Sur l’île de La Réunion, le blocage et les émeutes constituent le symptôme éruptif d’un malaise profond : l’outre-mer français dans son ensemble fait face à des crises commerciales, écologiques et identitaires, auxquelles doit aussi se préparer l’Hexagone.
Younous Omarjee, eurodéputé La France insoumise, analyse les répercussions de la mobilisation des « gilets jaunes » sur l’île de La Réunion, après que des émeutes ont éclaté et un couvre-feu imposé. Pour lui, la crise n’en est qu’à ses débuts.
La révolte antifiscale partie du Lot en 1953, sous sa gangue fascisante, comporte des signes émancipateurs. Petit retour. Sans éblouissement illusoire mais sans ce défaitisme intériorisé sur lequel tablent les dominants.
Si la plupart des centrales syndicales se bouchent le nez à l’évocation des « gilets jaunes », localement, des militants franchissent le pas au nom de l’urgence sociale. La fracture reste néanmoins vive, à cause principalement des incidents racistes et de certaines revendications anti-impôts.
Dans le centre-ville, les infirmières libérales et hospitalières manifestent contre le plan santé. Rive gauche, en périphérie d’agglomération, les gilets jaunes continuent d’occuper des ronds-points, dans la fumée des feux de palettes.
D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, les opposants à Macron projettent leurs désirs sur les gilets jaunes. Mais que peut-on voir dans cet habit dont la singularité est moins constituée par sa couleur que par son aspect réfléchissant ?
Le gouvernement veut assurer aux « gilets jaunes » que, comme eux, il souhaite moins d’impôts. Une rhétorique qui ne fait qu'alimenter un mouvement hostile à l'exécutif, et qui délégitime les prélèvements obligatoires.
La façon dont les médias et les responsables politiques ont traité les mouvements du 17 novembre ferait rêver tous les manifestants qui ont battu le pavé en France ces dernières années. L'originalité de la mobilisation partie des réseaux sociaux n'explique pas à elle seule cette singulière bienveillance.
Face à la mobilisation des « gilets jaunes » qui a rassemblé, le 17 novembre, près de 300 000 personnes sur l’ensemble du territoire, le gouvernement a décidé de maintenir son « cap » en misant manifestement sur l’essoufflement de la contestation. De droite à gauche, l’opposition espère, au contraire, la poursuite du mouvement.
Plusieurs dizaines de milliers de « gilets jaunes » ont manifesté ce samedi sur tout le territoire en faveur du pouvoir d’achat. Le mouvement, déstructuré et protéiforme, a dépassé la seule protestation contre la hausse des taxes sur les carburants. Reportages à Toulouse, Reims et Paris.