Au lendemain d'une manifestation de la Manif pour tous, le gouvernement a cédé. La loi famille, initialement prévue pour avril, ne sera pas déposée avant 2015. Quant à la procréation médicalement assistée, le président du Comité consultatif national d'éthique estime qu'il devrait rendre son avis sur le sujet « d'ici un an ». Une nouvelle illustration du désintérêt de François Hollande pour les questions de société.
En décembre, l'UMP avait soutenu, au parlement européen, les grandes lignes d'un rapport contre l'homophobie. Deux mois plus tard, les eurodéputés français de droite ont préféré s'opposer au même texte. Cette volte-face qui a surpris au sein du groupe PPE conservateur n'a pas empêché l'adoption haut la main d'un texte qui cristallisait les tensions depuis plusieurs semaines.
Pourquoi François Hollande a-t-il reculé lundi, après la manifestation de dimanche ? Si certains élus socialistes approuvent en raison du « moindre mal », d'autres s'exaspèrent face à cette « connerie irréparable ». Mais les courants se rejoignent sur un constat : « De toute manière, ces élections, on est en train de les perdre »…
Dimanche, la « Manif pour tous » manifeste. Après le mariage des couples de même sexe, elle conteste l'enseignement d'une prétendue « théorie du genre ». Dans un contexte troublé où l'extrême droite alimente les rumeurs les plus folles, la ministre de la famille Dominique Bertinotti s'en prend à ceux « qui veulent diviser la société française ». Mais décèle aussi un « manque de pédagogie » du gouvernement.
Après les anti-avortement et l'extrême droite, la « Manif pour tous » a défilé dimanche à Paris et Lyon contre la politique familiale du gouvernement. Cette frange réactionnaire et ultra-conservatrice, dans laquelle militants de droite et d'extrême droite se côtoient, veut peser sur les partis et les élections.
On attendait, selon les règles de la démocratie parlementaire, un projet de loi sur la famille, avec son débat, ses amendements, et son vote. Au bout du compte, les marcheurs de la Manif pour tous auront imposé leur dogme.
À l'automne, ils étaient parvenus à enterrer un texte sur le droit à l'avortement. Les mêmes, à commencer par les troupes françaises de La Manif pour tous, font aujourd'hui campagne contre un rapport sur les droits LGBT, soumis au vote mardi à Strasbourg. À l'approche des européennes, certains élus de droite se montrent de plus en plus sensibles aux pressions.
Enfants, jeunes couples, traditionnels militants de droite... se sont retrouvés dimanche 2 février pour protester pêle-mêle contre le mariage homosexuel, adopté en mai dernier, la “théorie du genre” prétendument en passe d'être enseignée à l'école, ou encore le matraquage fiscal des familles (lire notre article). Entre Henri Guaino et Marion Maréchal-Le Pen, images d'un cortège au spectre sociologique assez large.
En regardant de près les liens tissés autour de la Manif pour tous, on trouve l'Américain Brian Brown, patron de la National Organization for Mariage aux financements opaques, un informaticien travaillant pour Opus Fidelis et nombre de membres de la Communauté de l'Emmanuel. Loin de l'image d'un mouvement spontané.
Le 16 avril, à la fin de la manifestation des anti-mariage pour tous, un homme encourage les débordements : Axel Loustau, ancien du GUD et président de Vendôme Sécurité, prestataire de service du Front national. Le site antifasciste REFLEXes l'a repéré sur des images de Canal Plus.
Dans son combat contre le mariage pour tous, la droite se livre à un jeu dangereux : utiliser la rue pour faire pression sur le gouvernement, condamner les débordements tout en les justifiant par l'inflexibilité du pouvoir. À la lumière des événements de mercredi soir, il n'y a qu'un seul gagnant : l'homophobie.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris ce samedi contre le droit pour les homosexuels de se marier et d’adopter des enfants. Dans le cortège, élus UMP et d'extrême droite se retrouvent côte à côte, comme au temps des mobilisations de 1984 pour l’école privée ou de 1999 contre le Pacs. (vidéo dans l'article)
Frigide Barjot, l’égérie des anti-mariage, sait bien capter la lumière. Mais que l’on ne s’y trompe pas : ce sont bien les réseaux catholiques très organisés, bien plus discrets mais mobilisés comme jamais qui, dimanche, battront le pavé à Paris contre le mariage pour tous. Des centaines de milliers de personnes sont attendues. Une enquête de Mathieu Magnaudeix et Julien Massillon (Yagg.com)
Dimanche, les anti-mariage pour tous manifestent à Paris. Quasiment toutes les droites seront présentes, de l'UMP aux groupuscules d'extrême droite. Qui défilera, dans quel cortège, et avec quel objectif?