Après une semaine de débats, le procès du Mediator continue à Nanterre, malgré un bras de fer procédural des avocats de la défense de Servier. La coexistence de deux procédures, l'une à Nanterre, l'autre à Paris, crée de fait une situation complexe.
Le procureur de Paris, François Molins, a annoncé qu'un grand procès du Mediator pourrait se tenir dans la capitale pendant le premier semestre 2015. L'instruction, qui devrait être bientôt bouclée, laisse cependant certaines zones d'ombre, notamment sur le rôle des politiques, élus ou même ministres, et celui de l'Agence du médicament.
Au tribunal de Nanterre, le procès du Mediator a révélé qu'un essai clinique commandé par Servier n'aurait sans doute pas été réalisé si le laboratoire avait communiqué à ses investigateurs les informations dont il disposait sur le métabolisme de son produit.
Un rapport judiciaire, dont les conclusions viennent d'être divulguées par le parquet du tribunal de grande instance de Paris, confirme que les dangers du Mediator étaient connus en 1998 et que le groupe Servier a cherché à dissimuler la parenté de son produit avec les anorexigènes.
L’Ansm a été mise en examen par les juges du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris en charge de l’instruction dans l’affaire Mediator.
Le professeur Jean-Michel Alexandre, personnage clé du système français du médicament de 1985 à 2000, vient d’être mis en examen pour « participation illégale d’un fonctionnaire dans une entreprise précédemment contrôlée ».
Sur plus de 7 700 dossiers soumis, 836 seulement ont été traités et 64 ont été retenus. Le principal problème est qu'en fixant des niveaux d'indemnisation faibles, le système n'a pas d'effet dissuasif sur les laboratoires qui commercialisent des produits dangereux.
Mis en place en 2011 avec une promptitude remarquable, le fonds d'indemnisation du Mediator traite les dossiers à une allure d'escargot, en en rejetant plus de 9 sur 10.
Plus fort que le Mediator ! Un traitement de l'ostéoporose inutile et parfois dangereux, fabriqué par Servier, est administré chaque jour à plus de 220 000 patientes françaises et 570 000 en Europe. Enquête sur une remarquable opération de lobbying sur fond de conflits d'intérêts.
Sang contaminé, hormone de croissance, Mediator, prothèses PIP : pourquoi notre système de santé publique produit-il des catastrophes à répétition ? Mensonges d'Etat, conflits d'intérêts, confusion entre intérêts privés et service public, absence de culture de santé publique mais surtout déresponsabilisation de l'administration... tous les ingrédients d'un bon scandale sanitaire français.
Le groupe Servier a participé au financement d'une association de recherche sur les risques des médicaments… tout en gardant pour lui ce qu'il savait des risques du Mediator!
Des courriers au ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy et au garde des Sceaux Pascal Clément ont été découverts dans le bureau de Corinne Moizan, la lobbyiste du groupe Servier.
La thèse d'un médecin généraliste démonte la stratégie des laboratoires pour influencer les experts qui rédigent les guides d'utilisation des médicaments destinés aux praticiens. Conflits d'intérêts, pressions des industriels: les traitements de la maladie d'Alzheimer constituent un exemple caricatural de cette puissance des laboratoires.
Si le groupe Servier a pu si longtemps commercialiser le Mediator, médicament inutile et dangereux, c'est grâce à une stratégie de lobbying scientifique et médical très étudiée.