L'injonction à porter plainte faite aux femmes qui ont dénoncé les violences sexuelles qu'elles avaient subies sur Twitter, relayée par la ministre de la justice elle-même, se heurte à la réalité des faits. Beaucoup de femmes n'osent tout simplement pas. Et celles qui le font se heurtent souvent à un mur d'incompréhension, quand ce n'est pas de l'hostilité.
Après la révélation de l’affaire Weinstein, les témoignages affluent sur les réseaux sociaux, pour dénoncer les agressions et le harcèlement sexuels qui pourrissent le quotidien des femmes. Une réalité sociale que la société refusait de voir, d’entendre jusque-là.
Si le gouvernement semble décidé à agir, en proposant une loi sur la verbalisation du harcèlement de rue, il ne dit mot des procédures pour agression ou viol. Autre grand absent de ces annonces, le monde du travail, creuset des violences faites aux femmes.
Les témoignages de femmes victimes de harcèlement ou agressions sexuelles continuent d'affluer sur les réseaux sociaux. Ils frappent par leur nombre, mais aussi par la diversité des milieux qu'ils touchent. Mediapart donne la parole à six d'entre elles.
La révélation des agressions sexuelles du producteur américain pourrait avoir des conséquences politiques fâcheuses pour les milieux démocrates, tellement gâtés par Weinstein dans les circuits de levées de fonds.
Lieu de subordination par excellence, le monde du travail n’est pas préservé du phénomène de harcèlement sexuel. L’avocate Maude Beckers défend des femmes victimes, aux prud’hommes comme au pénal. Elle critique vertement le système judiciaire en la matière, le parquet et l'attitude des services de police.
Lola a été victime de harcèlement sexuel par le chef de la police municipale de Montereau. Elle a alerté sa hiérarchie, supplié le maire et député Yves Jégo, déposé plainte. Mais le policier a été blanchi et c'est elle qui a été exclue. Huit ans après, elle vient enfin d'obtenir réparation.
Un collectif de collaboratrices de l’Assemblée nationale a lancé un site internet pour dénoncer le sexisme qu’elles subissent au quotidien. Une initiative inédite prise dans la foulée de l’affaire Baupin.
« La France est un pays très sexiste, où l’histoire du travail s’écrit au masculin. » Mediapart a longuement interviewé la psychanalyste Marie Pezé, experte de la souffrance au travail. Selon elle, « nos femmes en France sont piégées par notre organisation du travail taillée pour les hommes par les hommes ». Décryptage d'un phénomène qui ne s'arrête pas à la sphère politique, loin de là.
Lors de leurs universités d’été, le Parti de gauche et Europe Écologie-Les Verts ont organisé un atelier consacré au harcèlement sexuel au sein des partis politiques, pour tenter d’éviter une nouvelle affaire Baupin.
Mardi 11 octobre, la députée s’est directement adressée au ministre de l'aménagement du territoire afin de l’interroger sur une plainte pour violences déposée en 2002 par une ancienne collaboratrice.
Le tribunal correctionnel de Dijon a rendu son jugement : le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, Michel Rotger, a été condamné à un an de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur une employée de la mairie en charge du linge.
Début 2014, une femme chargée du linge pour la mairie de Chevigny-Saint-Sauveur porte plainte contre le maire pour agression et harcèlement sexuels. Accusée par l'élu d'ourdir un complot politique, traitée de « garce » au village, détruite, elle est aujourd'hui soignée en hôpital psychiatrique. Le procès du maire se tenait mercredi à Dijon, comme un écho à l'affaire Baupin, à l'échelle d'une bourgade.
Sophie Binet, chargée de l'égalité femmes/hommes à la CGTLaurence Parisot, ancienne présidente du Medef, présidente de l'IfopLisa Pleintel, groupe EgalisMarie-Laure Geoffray, Clashes, Collectif de lutte anti-sexiste contre le harcèlement sexuel dans l'enseignement supérieur