Les entrées irrégulières dans l'Union européenne sont principalement le fait de personnes susceptibles de demander l'asile, observe l'Institut national d'études démographiques, qui rappelle que la Turquie accueille déjà tellement de réfugiés qu'elle frôle la déstabilisation.
Quelque 200 migrants ont fait les frais, ce lundi 4 avril, de l'accord signé le 18 mars entre l'Union européenne et la Turquie. Les renvois massifs d'exilés commencent, malgré l'impréparation technique et juridique des pays concernés.
Les 28 chefs d'État et de gouvernement européens et le premier ministre turc ont conclu vendredi à Bruxelles un accord que ce dernier a qualifié d'« historique ». Le dispositif, qui confirme la stratégie de « bunkérisation » de l'UE, prévoit de bloquer, dès dimanche, les flux de migrants irréguliers, Syriens compris, vers les îles grecques.
Pour Marie-Christine Vergiat, eurodéputée rattachée au Front de gauche, le dirigeant turc Erdogan a laissé se former la crise des réfugiés en Europe pour construire un « instrument de pression sur l’Union européenne ». Entretien.
Alors que la plupart des migrants ne faisaient qu'y passer, la Macédoine a décidé de fermer sa frontière avec la Grèce. Des milliers de réfugiés se retrouvent bloqués. Focus sur un pays qui gère, de facto, une frontière extérieure de l'Union européenne sans en être membre.
Ces réfugiés ont eu de la chance : ils ont débarqué sur le sol européen avant la mise en œuvre de l'accord entre l'UE et la Turquie, qui prévoit de renvoyer les nouveaux venus vers ce pays à partir du lundi 4 avril. Mais ils sont encore loin du but. Depuis que la « route des Balkans » a fermé, début mars, 50 000 d'entre eux se retrouvent pris au piège en Grèce, en Macédoine ou en Serbie. Mediapart est allé à leur rencontre.
Depuis l'accord signé avec la Turquie, les réfugiés arrivés en Grèce sont enfermés dans ce qui s'apparente à des centres de rétention. Fait rarissime : le Haut commissariat des Nations unies a annoncé son refus de collaborer avec les autorités sur place. Médecins sans frontières a fait de même. Les conséquences du deal bruxellois s'annoncent désastreuses.
Les négociateurs bruxellois se démènent pour rendre légal l’accord avec la Turquie sur les réfugiés. Même si nombre d’ONG et d'élus, jusqu’aux Nations unies, continuent de douter de sa conformité avec le droit international. Inventaire des points litigieux d’un texte qui pourrait être finalisé dans la douleur, vendredi à Bruxelles.
Alors qu'un froid polaire règne depuis la mi-janvier sur l'Europe du Sud-Est, 1 000 à 3 000 réfugiés s’engagent tous les jours sur la « route des Balkans » pour gagner l'Europe occidentale. Les gouvernements et les ONG redoutent une nouvelle augmentation de ces flux dès le retour de températures plus clémentes, alors que des milliers de « migrants économiques », désormais illégaux, errent dans la région.
Entré en vigueur dès dimanche, l'accord conclu entre les Vingt-Huit et Ankara revient à déléguer la politique d'asile de l'Union européenne à la Turquie. En refusant d'accueillir davantage de réfugiés, l'Europe renie sa mission fondatrice d'hospitalité à l'égard des personnes persécutées.
L'Europe est incapable de développer une politique cohérente d'accueil des réfugiés. Nouvelle illustration : sous-traiter la crise migratoire à la Turquie, en oubliant les valeurs fondamentales de l'Union.
Plus de 36 000 migrants sont actuellement coincés en Grèce. À Lesbos, la solidarité s'organise. Mais elle fait parfois place au désespoir des habitants, qui n'ont cessé de se mobiliser. Reportage, en son et en images.
Avec la fermeture de la frontière de la Macédoine, qui ne laisse passer Syriens et Irakiens qu'au compte-goutte, les migrants en transit s'accumulent en Grèce. Lesbos en a vu passer plus de 500 000 en 2015 et le flux ne s'y tarit pas depuis le début de l'année 2016. Son maire raconte la mobilisation extraordinaire de l'île. Mais pour lui, c'est une tout autre politique qu'il faut mettre en place.
Ils sont plus de 500 000 à être passés par cette île grecque en 2015, déjà plus de 70 000 depuis le début de l'année et de plus en plus de femmes et de jeunes enfants. Lesbos, en mer Égée, est le principal point d'arrivée des migrants qui quittent la Turquie sur de pauvres embarcations. Sur l'île s'inventent toutes sortes de solidarités qui contrastent avec l'égoïsme européen.
Malgré les tentatives de sabordage de la préfecture, le camp de réfugiés construit à Grande-Synthe par MSF a ouvert ses portes. Il repose sur une conception diamétralement différente de celle des containers installés par l'État à Calais pour vider la « jungle ». Alors que le garde des Sceaux se rend dans le Calaisis ce lundi, le maire de Grande-Synthe a prévu de dresser un premier bilan de son initiative.
L'exode des Érythréens fait moins parler que celui des Syriens : il est pourtant aussi massif. Toute une génération de jeunes gens fuient leur pays pour échapper à ce régime dictatorial qui impose un service militaire obligatoire. Dans son livre Les Érythréens, paru en poche chez Rivages, le journaliste et écrivain Léonard Vincent raconte le périple de ces « évadés ».