Ce qui a démarré comme une guerre civile en 2014 s'est transformé en conflit international avec l’intervention en 2015 d’une coalition emmenée par l’Arabie saoudite, alors accusée de provoquer «la pire crise humanitaire du XXIe siècle». Les pays occidentaux, la France en particulier, sont également montrés du doigt en raison de leurs ventes d'armes aux pays du Golfe persique.
Depuis bientôt deux mois, les rebelles houthis basés au Yémen attaquent des navires militaires et commerciaux au nom de la solidarité avec les Palestiniens. Explications sur cette déflagration lointaine du conflit à Gaza qui pourrait avoir des effets majeurs sur le commerce mondial.
Commanditaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le prince héritier saoudien « MBS » était jugé infréquentable par les dirigeants occidentaux. En lui rendant visite, le président français brise sa quarantaine diplomatique, et vend au passage 80 Rafale à son homologue émirati et allié dans la guerre du Yémen, « MBZ ».
À la veille de la tournée dans le Golfe du président français Emmanuel Macron, du 3 au 4 décembre, les preuves s’accumulent sans émouvoir au sommet de l’État. Des armes « made in France » participent à la répression politique dans plusieurs pays, au meurtre de civils dans les pires conflits de la planète, au mépris des valeurs et des engagements internationaux de Paris.
Une étude du média néerlandais Lighthouse Reports et de l’ONG Global Legal Action Network (GLAN) démontre comment un pan des exportations d’armement échappe largement aux contrôles : les services après-vente (maintenance, etc). Faute de lois précises, des entreprises françaises continuent ainsi à soutenir les conflits en Libye et au Yémen indirectement.
Plusieurs entreprises françaises spécialisées dans la formation militaire entraînent, y compris dans l’Hexagone, des officiers de l’armée saoudienne. Une activité qu’elles n’ont pas arrêtée depuis le début de l’intervention militaire au Yémen. Bien au contraire.
Le coronavirus fera-t-il taire les armes ? Jeudi 26 mars, l’ONU a salué la promesse des belligérants au Yémen de « cesser immédiatement toutes les hostilités militaires ». La guerre oppose ici depuis plus de cinq ans les rebelles houthis soutenus par l’Iran aux forces du gouvernement appuyées par l’Arabie saoudite. Au moins 100 000 morts ont été recensés. Pour Médecins sans frontières, la photographe Agnès Varraine-Leca s’est rendue trois fois au Yémen entre mars 2018 et mai 2019.
Profitant de la dépendance du Yémen aux hydrocarbures et de la bienveillance des autorités, la multinationale française s’est imposée à partir du milieu des années 1990 comme un acteur majeur dans la transformation et l’exportation de gaz. Alors que le pays veut relancer son activité, Total se retrouve plus que jamais en position de force.
Au Yémen, un site gazier – dont Total est le principal actionnaire et pour lequel la France a engagé des moyens financiers et humains – a été transformé en caserne par les Émirats arabes unis. Selon un rapport publié jeudi par l’Observatoire des armements et SumOfUs en collaboration avec les Amis de la Terre, il servirait de prison secrète.
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Le président turc Erdogan, qui a acheté 460 millions d’euros d’armes à la France depuis 2009, ne pourra plus en importer s’il poursuit son offensive contre les Kurdes. Une menace de Paris dont il n’a tenu aucun compte. Mais l’Arabie saoudite qui en a acheté plus de 11 milliards peut continuer, sans encourir les reproches de la France, à multiplier les crimes de guerre au Yémen…
L’affaire Khashoggi n’a pas freiné l’Arabie saoudite dans sa répression de la presse. S’étant récemment enfui d’une prison secrète saoudienne au Yémen, un journaliste raconte à Mediapart ses 56 jours de supplices.
Pour la première fois, des vidéos montrent que des navires vendus par la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis participent au blocus maritime du Yémen, touché par la plus grave crise humanitaire du monde. Premier épisode d’une série de révélations sur l’utilisation des armes françaises dans le monde.
Les frappes de drones, samedi 14 septembre, par les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, sont une humiliation pour Riyad et le prince héritier Mohammed ben Salmane, principal artisan de la guerre au Yémen. Mais répliquer directement contre Téhéran présente un risque énorme.
La corruption généralisée au Yémen est un des facteurs d’explication du déclenchement de la guerre qui ravage le pays. L’entreprise française est accusée du versement de commissions à des intermédiaires, selon des témoignages et des documents recueillis par Mediapart. Egis dément. La plainte déposée en France a été classée sans suite.
Les projecteurs braqués par plusieurs ONG sur une livraison d’armes françaises pouvant servir potentiellement à la guerre au Yémen empêchent l’accostage du navire dans le port du Havre. Le gouvernement, lui, assume d’honorer ses contrats.
Deux journalistes, animateurs du collectif Disclose à l’origine de révélations sur l’emploi massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen, qui fait depuis 2015 d’innombrables victimes civiles, sont convoqués par la DGSI pour « compromission du secret de la défense nationale ». Une enquête judiciaire a été ouverte après un dépôt de plainte du ministère des armées.
Retour sur les révélations publiées dans Mediapart, avec Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, de Disclose, organisation de journalisme d’investigation à but non lucratif.