Une fuite inédite de documents classés « secret défense » révèle l’usage massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Et un mensonge d’État à leur propos.
Les armes vendues par la France contribuent à affamer des millions de Yéménites. Selon une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, « affamer les civils comme méthode de guerre peut constituer un crime de guerre ».
Le 26 mars marque le quatrième anniversaire de l’intervention saoudienne au Yémen, transformant une guerre civile en conflit international. Aujourd’hui, la crise humanitaire ne fait qu’empirer, mais des signaux indiquent que 2019 pourrait enfin voir un cessez-le-feu durable s’installer.
Derrière les ventes d’armes, se cache souvent la maintenance. Depuis 2014, l’entreprise publique française Naval Group assure la rénovation de navires de guerre saoudiens, alors que la marine du royaume a établi un blocus autour du Yémen.
Les autorités françaises restent totalement mobilisées au côté du régime saoudien dans sa guerre au Yémen, malgré des efforts permanents pour dissimuler les conditions concrètes d’un soutien qui se manifeste au-delà des seules ventes d’armes. Revue de détail de ce jeu trouble.
Depuis l’affaire Khashoggi, le gouvernement français paraît gêné dans ses déclarations publiques ; mais en coulisses, cela ne l’empêche pas de continuer à faire le forcing pour vendre au régime saoudien des armes susceptibles de servir dans la guerre au Yémen.
Moins que la guerre du Yémen, ce sont les voix du Yémen qui demeurent cachées ou oubliées. Ainsi l’entreprise de traduction depuis l’arabe de textes d’intellectuels yéménites portée par l’anthropologue Franck Mermier est-elle salutaire.
Alors que le gouvernement français fait tout pour convaincre Angela Merkel de mettre fin à l’embargo allemand sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite, le ministre des affaires étrangères explique que Paris ne vend rien à l’aviation saoudienne, ce qui est faux. Mediapart en apporte la preuve.
La signature d'un accord entre les parties belligérantes de la guerre au Yémen est certes fragile, mais l'affaiblissement de l'Arabie saoudite à la suite de l'affaire Khashoggi et la réaction des sénateurs américains ont ouvert une fenêtre d'espoir. La France, si elle le souhaitait, pourrait également s'impliquer dans la paix.
Le gouvernement français a toujours pris la peine de dissimuler les armements exportés à l’étranger par des entreprises tricolores. Alors que des gros clients de la France mènent une guerre cruelle au Yémen, nous avons cherché à savoir s’ils avaient recours à des armes françaises.
Des documents obtenus par Wikileaks et partagés avec Mediapart, Der Spiegel et La Repubblica lèvent le voile sur un secret d’État : la corruption cachée derrière la vente de chars français aux Émirats arabes unis. Ce sont les mêmes chars qui sévissent aujourd’hui dans la guerre au Yémen, à l’origine de la pire crise humanitaire du monde, selon l’ONU.
Plusieurs ONG ont récemment alerté sur le risque de famine au Yémen. Même si cet alarmisme est contesté, les quatre années de guerre ont réduit le pays presque à néant. Depuis le mois de juin 2018, le nombre de victimes civiles dans le conflit a drastiquement progressé.
Le retour de la maladie en Algérie rappelle que même les pays dotés d’infrastructures solides ne sont pas à l’abri de cas dits « importés ». Le choléra tue surtout dans les pays pauvres comme Haïti, ou en guerre comme le Yémen. Si plusieurs avancées scientifiques ravivent l’espoir, la bataille est aussi politique.
Le très lourd bilan humanitaire des frappes de la coalition intervenant au Yémen sous commandement saoudien, documenté par un rapport de l’ONU publié le 28 août, cause de vifs débats chez certains alliés de Riyad – dont les Américains –, mais guère en France.
Emmanuel Macron est très fier d’avoir obtenu de l’Arabie saoudite la tenue d’une réunion à Paris pour faciliter l’accès humanitaire au Yémen. Pourtant, la France continue d’être impliquée indirectement dans le conflit.