Des dizaines de milliers d’Algériens ont défilé vendredi 22 février contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika dans quasiment toutes les villes du pays. Le mouvement prend une ampleur aussi inattendue que salutaire.
Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pas parlé aux Algériens depuis mai 2012, sera donc bien candidat à un cinquième mandat. Il incarne pourtant un régime à bout de souffle qui plonge le pays dans une crise grave et profonde.
La présidentielle aura lieu en Algérie en avril, mais le suspense reste entier. Bouteflika, malade, sera-t-il candidat à un cinquième mandat ? En attendant la réponse, 32 candidats, que la presse algérienne surnomme « les lièvres » tant l’élection est cadenassée, ont retiré un dossier de candidature.
En Algérie, le collectif Mouwatana, qui rassemble des politiques et la société civile, œuvre pour qu’Abdelaziz Bouteflika ne se représente pas à l’élection présidentielle de 2019. Un combat difficile. Entretien avec l’un des coordinateurs du mouvement, Soufiane Djilali, de passage à Paris.
La chercheuse Myriam Aït-Aoudia décrypte la situation politique algérienne plus que confuse à quelques mois d'une des élections présidentielles les plus incertaines de l'Algérie contemporaine.
Mediapart reçoit le journaliste et romancier algérien Adlène Meddi qui explore dans un nouveau roman, à travers le regard de quatre adolescents, le trauma de « la décennie noire », cette guerre civile qui saigna le pays des années 1990 à 2000 et qui hante les mémoires.
La perspective d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika semble de plus en plus incertaine tant le président algérien apparaît affaibli par la maladie. Toutes les spéculations sont permises, y compris un report de la présidentielle et un prolongement de son mandat.
Pour le militant Omar Benderra, le régime algérien est face à un dilemme : « Soit il renouvelle Bouteflika au mépris de toute logique, de toute réalité, soit il lui trouve un successeur. Et cette seconde option crée des tensions violentes à l’intérieur du régime. »
À six mois d’une présidentielle marquée par l’incertitude entourant son état de santé, Abdelaziz Bouteflika, qui n’a pas parlé aux Algériens depuis mai 2012, est poussé à se représenter. Il incarne pourtant un pouvoir à bout de souffle, qui plonge le pays dans une crise grave et profonde.
L’horizon s’assombrit un peu plus pour l’Algérie. Alors que son « économie de bazar » est plombée par l’effondrement du prix du pétrole, la succession du président, âgé et impotent, s’organise dans une opacité totale. Et la jeunesse, atout majeur du pays, hésite, privée d’avenir, entre l’exil et le repli sur la religion.
Jeunes, reporters, et engagés: les Haut-Parleurs — Vidéo
À chaque ramadan, en Algérie, c’est la même chose : certains habitants se ruinent en aliments… et les poubelles débordent de nourriture. Un groupe de jeunes bénévoles a décidé de lutter contre ce gaspillage alimentaire en offrant un repas de rupture du jeûne aux personnes démunies. Redha s’est invité dans les cuisines.
Jeunes, reporters, et engagés: les Haut-Parleurs 2017 — Vidéo
Un problème d’orientation post-bac, combiné à une pénurie de travail dans certains secteurs et à l’absence d’ambition ou de vision de la part des politiques, produit des générations de diplômés frustrés. « Un véritable gâchis », constate Amina dans cette vidéo de 4 minutes.
Pour l'historien français Benjamin Stora et le politologue algérien Abdelkader Yefsah, ce n'est pas tant la succession de Bouteflika qui est problématique mais bien le modèle économique du pays qui repose sur la rente pétrolière. Entretien croisé.
Dans En attendant les hirondelles, sorti dans les salles françaises, le réalisateur algérien Karim Moussaoui filme « la peur de l’inconnu », mais aussi « l’Algérie qui tente, même si elle n’y arrive pas toujours ».