À la fin des années 1970, la photographe américaine Jane Evelyn Atwood arpente les rues de Pigalle. Un jour, elle suit dans leur immeuble deux trans, qui se laissent photographier. Ce sera le début d’un long travail, qu’elle réalise avec empathie. Ses photos, jamais montrées jusqu’aux dernières rencontres d’Arles, sont aujourd’hui rassemblées dans un livre, Pigalle People. Alors que la Marche des personnes trans et intersexes a eu lieu à Paris ce 13 octobre, voici quelques images d’un monde disparu, toutes ces personnes étant aujourd’hui décédées, victimes de la drogue, du sida, de l’alcool, de meurtre ou s’étant suicidées. Les légendes sont extraites du récit écrit par Jane Evelyn Atwood dans Pigalle People.
Ly Min, né en 1977, est un photographe amateur. Amateur, parce qu’i l ne peut consacrer tout son temps à la photographie et doit gagner sa vie pour subvenir aux besoins de sa famille. Son point de vue sur les inondations est tout à fait original. Depuis son balcon, utilisant l’eau comme un fond noir – mais empli de détails –, il saisit de petites scènes de cette vie ralentie par la montée des eaux. Comme une forme de théâtre de la vie quotidienne. Pourtant, nous dit-il, « l'urbanisation de Phnom Penh fait que le Mékong sort de plus en plus souvent de son lit, et pas seulement pendant la saison des pluies. Depuis 2011, les effets du changement climatique rendent les crues de plus en plus fortes ». Les photographies de Ly Ming sont exposées jusqu’au 18 novembre au festival Photo Phnom Penh, rendez-vous important de la photographie en Asie du Sud-Est.
Décédé lundi dernier à l’âge de 94 ans, Charles Aznavour a eu droit à un hommage national ce vendredi 5 octobre à Paris. Dans la cour des Invalides se pressaient quelque deux cents personnalités, tandis qu’à l’écart, une foule silencieuse regardait l’hommage sur écran géant. Le président français Emmanuel Macron et premier ministre arménien Nikol Pachinian ont salué l’homme, auteur-compositeur-interprète, acteur et écrivain franco-arménien.
Placement des enfants et pauvreté sont intimement liés : pourtant, dans l’accompagnement même des enfants, les conditions de vie et la parole des familles ne sont pas forcément prises en compte. La photographe Lucile Barbery a suivi pendant des mois deux mères, cheffes de famille, dont les enfants ont été pris en charge par les services sociaux. Où l’on comprend combien le plan pauvreté, présenté mi-septembre par le gouvernement, ne changera pas vraiment leur quotidien. (Lire aussi notre article : Plan pauvreté: pour être aidé, il faudra travailler.)
Depuis presque deux ans, Vincent Jarousseau suit plusieurs familles à Denain, dans le Nord, pour le Forum Vies Mobiles. Son travail est restitué sous forme de quatre portfolios, publiés sur Mediapart. Des scènes de la vie intime, pour comprendre la dualité entre mobilités et ancrage territorial chez les classes populaires. Le premier épisode, diffusé en juin, était consacré à Guillaume, Aline et leurs enfants, une famille vivant du RSA depuis des années. Dans ce deuxième volet, l’auteur s’intéresse à d’autres membres de cette famille. Livreur, routier, ouvrier intérimaire dans le BTP ou aide à domicile, ils travaillent tous et souvent loin de chez eux.
Depuis près de cinq mois, le Nicaragua sombre dans la violence (lire l’article de Thomas Cantaboube). La répression des manifestations a déjà fait quelque 300 morts et le régime de Daniel Ortega multiplie les arrestations, notamment chez les étudiants, accusés de « terrorisme ». Un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies dénonce des « exécutions extrajudiciaires ; disparitions forcées ; détentions arbitraires ; actes de torture », etc. Pour mobiliser contre le régime ou documenter les exactions de la police et des milices, les opposants utilisent massivement les réseaux sociaux.
Né à Wrocław en 1953, Bogdan Konopka est arrivé en France il y a 30 ans. Photochimiste de formation, il est aujourd’hui reconnu pour ses photos de Varsovie, Shanghai, Berlin, Pékin, Budapest, Paris… Dans un livre qui vient de paraître, il a choisi parmi quelque 40 années d’archives 110 photos de son pays natal qui, ensemble, dessinent non pas un portrait de la Pologne, mais les émotions de celui qui en est parti. Très peu d’anonymes dans ces prises de vue, mais des amis, des parents, des proches saisis dans des lieux familiers. Comme toujours chez Konopka, les gris font respirer les paysages, les portraits semblent sortis d’un rêve et quelques touches de blanc appuient les perspectives. Voici dix photos extraites de l’ouvrage.
La peur des serpents est la phobie animale la plus répandue en Europe, même s’il n’est pas rare de voir des gens en faire un animal de compagnie. En Russie, la pratique est assez populaire, surtout depuis la fin de l’Union soviétique, certains passionnés pouvant en avoir une vingtaine chez eux. La photographe russe Jana Romanova a entrepris ce travail pour conjurer sa peur et l’a d’abord vécu comme un cauchemar, chaque objet pouvant cacher un reptile. Mais cette quête photographique a commencé à l’amuser quand elle s’est aperçue que c’était aussi un moyen de saisir un autre type d’objets exotiques : les intérieurs postsoviétiques.
Vanesa Campos, femme transgenre de 36 ans originaire du Pérou, a été sauvagement tuée par plusieurs hommes dans la nuit du 16 au 17 août. C’est au bois de Boulogne, où elle exerçait comme prostituée, que le meurtre a eu lieu. C’est au bois de Boulogne que ce 24 août s’est tenu un rassemblement en sa mémoire, et pour demander justice pour toutes les victimes d’agressions. Lundi, cinq personnes, âgées de 16 à 30 ans, ont été mises en examen et placées en détention provisoire.