Après le passage du cyclone Chido, de nombreuses organisations humanitaires ont envoyé des missions à Mayotte. Elles ont découvert une situation dramatique, qui date d’avant la tempête. Certaines ont dû se substituer à des pouvoirs publics volontairement absents des bidonvilles.
Officiellement, le cyclone Chido a fait 39 victimes, mais ce bilan semble largement sous-estimé. Le refus des autorités de dévoiler le nom des victimes et de procéder à un recensement solide des disparus interroge : l’État a-t-il quelque chose à cacher ?
La Cour de cassation a accepté, mardi 28 janvier, la demande de dépaysement de la procédure ouverte après les révoltes de mai 2024 et visant plusieurs militants kanak. « La décision de sortir de la cocotte-minute de Nouméa est une décision d’apaisement », se réjouit l’avocat historique du FLNKS.
Condamné à de la prison avec sursis pour violation de domicile et intimidation, Rodrigue Petitot est sorti de détention vendredi 24 janvier et a déjà appelé à « continuer le combat parce que la vie est encore plus chère ». La mobilisation se poursuit aussi au Parlement et devant le tribunal de commerce.
Avant même le cyclone Chido, un collectif de citoyens anti-immigration a occupé le bureau des étrangers de l’archipel. Il n’a toujours pas rouvert ses portes. Le blocage, toléré par la préfecture, a poussé dans la clandestinité des milliers de personnes et en empêche d’autres de quitter l’île.
Les enseignants de l’île reprennent du service lundi 20 janvier, cinq semaines après le passage dévastateur de Chido, et une semaine avant le retour des élèves. Une rentrée précipitée pour les syndicats, alors que l’école à Mayotte souffrait déjà de mille maux avant le cyclone.
En visite pendant deux jours sur l’île dévastée, la cheffe de file du RN est arrivée dans un territoire conquis, où ses marottes anti-immigration sont désormais défendues par des responsables politiques de tous bords. À commencer par François Bayrou et ses ministres.
Lors de son déplacement à Mayotte lundi, François Bayrou a annoncé une longue liste de mesures pour répondre à l’urgence après le passage du cyclone Chido. Cet inventaire à la Prévert laisse dubitatifs nombre de responsables politiques et syndicaux, qui se méfient des effets d’annonce.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, l’aide tarde à se concrétiser à Mayotte. Le premier ministre et plusieurs membres du gouvernement, qui sont annoncés sur l’île ce lundi, arrivent dans un contexte très tendu, où la sidération a laissé la place à la colère, et où le sentiment d’abandon est généralisé.
Ses routes désormais dégagées, Mayotte découvre l’ampleur de sa dévastation. Certains morts du cyclone sont déjà enterrés. Mais il y en aura beaucoup d’autres sans un accès minimal aux soins et à l’hygiène pour les plus précaires.
Les habitants de l’île, notamment dans les bidonvilles, totalement rasés, ont attendu une semaine avant d’être aidés. Un tel délai interroge, en cette journée de deuil national : l’État a-t-il tout mis en œuvre pour sauver des vies ?
À Mayotte, les « bangas » des bidonvilles constitués de tôle ondulée se sont effondrés sur le passage du cyclone Chido. Dans ces conditions d’habitat indignes pour 40 % de la population, se pose la question de la reconstruction. Une architecture résiliente réclame d’être pensée et des moyens.
Face à la population qui manque d’eau, de nourriture et de soins, les autorités, Macron en premier, communiquent intensément sur les efforts déployés à Mayotte après le cyclone. Mais l’hôpital de campagne sans cesse annoncé ne sera pas effectif avant plusieurs jours, et le ressentiment grandit.
Trouver à boire et à manger rythme désormais le quotidien des Mahorais. Certains tentent déjà de reconstruire, quand d’autres attendent les secours depuis des jours. Et dans les bidonvilles rasés par le cyclone, selon les mots du préfet lui-même, « personne n’est passé ».
Occupé à plus de 90 % par des Kanak, le Camp Est est un « reliquat du bagne », surpeuplé et indigne. Les détenus qui s’en plaignent sont souvent placés devant un choix impossible : subir ces conditions de vie dégradantes ou être transférés en métropole.
Les bidonvilles de Mayotte abriteraient 100 000 personnes, dont beaucoup en situation irrégulière. Mais la grande majorité d’entre elles ont préféré braver le cyclone Chido plutôt que de se rendre dans les abris officiels. De peur de se faire contrôler et expulser.