Une trentaine d’habitants de Mayotte ont reçu une notification de la préfecture les informant que leur carte de séjour leur serait retirée. Ces derniers ont tous un point commun : avoir utilisé la domiciliation d’un seul et même homme, qui a voulu aider les personnes sans adresse vivant dans un bidonville.
Dans l’archipel, le dialogue social n’existe pas, ou presque. Les grèves dures demeurent un moyen d’action fréquemment utilisé par les syndicats pour faire respecter le Code du travail, loin d’être toujours appliqué par les employeurs. Mais cette culture du conflit se nourrit aussi du poids de l’histoire.
Le jeune homme de 17 ans affirme ne pas avoir participé aux affrontements entre jeunes et police à Doujani, dans la banlieue sud de Mamoudzou, jeudi 27 avril. Il a reçu une balle dans le mollet et a depuis été placé sous contrôle judiciaire. Il s’exprime pour la première fois auprès de Mediapart.
Que s’est-il passé dans ce village situé au sud de Mamoudzou, où des groupes de jeunes ont affronté policiers et gendarmes durant trois jours, avant même que l’opération « Wuambushu » ne débute ? Selon nos informations, des habitants ont été gazés la veille de l’Aïd, déclenchant les hostilités qui ont suivi.
Arrivés en tête du second tour des élections territoriales à Tahiti dimanche, les indépendantistes du Tavini huiraatira entendent remédier aux inégalités criantes dans les cinq archipels, sans perdre de vue leurs objectifs d’indépendance de la France à très long terme.
Elle était attendue par les uns, redoutée par les autres. En une semaine, l’opération « Wuambushu » a essuyé plusieurs revers et surtout attisé les tensions avec la population.
Le deuxième tour des élections territoriales doit se tenir dimanche dans les archipels polynésiens. Arrivés en tête du scrutin il y a quinze jours, les indépendantistes du Tavini Huiraatira font face à des autonomistes, partisans d’un lien étroit avec la France, divisés et affaiblis.
Dans les années 1960, alors que l’archipel des Comores se dirige vers l’indépendance, l’élite politico-économique de Mayotte met en œuvre un puissant lobbying pour se séparer des autres îles et obtenir la départementalisation. Aidée par les nostalgiques de l’empire français et par le contexte géopolitique, elle finira par l’emporter, au prix de nombreuses violences.
À Mayotte, un lieu de rétention de personnes en situation irrégulière a spécialement ouvert en prévision de l’opération anti-migrants « Wuambushu » lancée par le gouvernement. Mediapart a pu le visiter, mercredi 26 avril, en compagnie du député européen écologiste Damien Carême.
Avec Damien Riccio et Nejma Brahim, retour sur l’opération antimigrants « Wuambushu » annoncée par l’État à Mayotte, qui attise les tensions sur l’île. Antton Rouget détaille ses nouvelles révélations dans l’affaire du chantage à la « sextape » à Saint-Étienne.
L’opération « Wuambushu » menée sur le cent unième département français est une monstruosité politique qui prolonge un crime juridique. Maintenant sa souveraineté sur Mayotte en violation flagrante du droit international, la France y met en scène l’expulsion massive d’êtres humains au prétexte qu’ils seraient étrangers alors même qu’ils font partie du même peuple que les autochtones.
Des avocates bataillaient depuis plusieurs jours, aux côtés d’un collectif d’habitants, pour obtenir la suspension de l’opération prévue dans le quartier de Talus 2 à Majicavo Koropa, mardi 25 aux aurores. La justice leur a donné raison in extremis, la veille au soir, après une audience au tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Dans le bidonville de « Doujani 2 », à Mamoudzou, des femmes et des hommes ont décidé, dès dimanche 23 avril, de déconstruire leur habitat de fortune, anticipant la vaste opération de démolition prévue à Mayotte à partir de ce mardi. « Ça fait tellement mal », dit Malidé, un habitant du bidonville qui se retrouve à la rue avec sa compagne et leurs enfants.
L’organe représentatif des populations autochtones a cessé tout partenariat avec l’ONG mandatée pour réfléchir à un processus de justice transitionnelle après l’intégration forcée d’enfants dans des pensionnats catholiques. La préfecture est mise en cause dans ce revirement.
Une vaste opération d’expulsions est prévue sur l’île à partir du 22 avril, à l’initiative de Gérald Darmanin, qui a mobilisé de nombreux gendarmes. Le chercheur Fahad Idaroussi Tsimanda alerte sur les risques d’une approche exclusivement sécuritaire.
De La Réunion à Tahiti, en passant par la Guadeloupe et la Martinique, la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites ne faiblit pas. Au risque, sur place mais aussi à Paris, d’un élargissement des revendications à des causes spécifiques aux territoires ultramarins.