Gérald Darmanin a accusé jeudi l’Azerbaïdjan d’ingérence en Nouvelle-Calédonie. Il y a bien une manipulation de la part de cette dictature qui, depuis deux ans, manifeste son hostilité vis-à-vis de la France. Mais elle ne suffit pas à justifier la colère et les affrontements en cours.
Pour sauver le processus de décolonisation débuté il y a près de quarante ans, l’exécutif doit comprendre que la réforme du corps électoral sur laquelle il s’est fracassé est une question de survie pour les Kanak, liée à leur minoration démographique, au cœur de la domination française depuis le XIXe siècle.
L’anthropologue Michel Naepels est spécialiste de la violence en politique et de ce qui s’ensuit. Il a étudié, en Nouvelle-Calédonie, le passif colonial, les conflits fonciers, les rapports sociaux, mais également l’intelligence collégiale propre à la culture kanak.
Alors que Gérald Darmanin rejette la faute des violences sur la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), ses délégués envoyés en métropole démentent et invitent le gouvernement à l’introspection.
Depuis trois jours, l’agglomération de Nouméa vit au rythme des barricades et du couvre-feu. Entre les craintes de pénuries, un hôpital au ralenti et l’état d’urgence, des habitants racontent à Mediapart leur quotidien depuis le début des violences.
Le député socialiste Arthur Delaporte appelle l’exécutif à suspendre son projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral de l’archipel. Selon lui, le premier ministre doit se ressaisir du dossier néo-calédonien.
Nouméa a connu une deuxième nuit consécutive de violences. Affrontements entre jeunes Kanak et forces de l’ordre, incendies, pillages… En fin de journée, tandis que la tension redescendait dans plusieurs quartiers, le haut-commissariat de la République a annoncé la mort de deux personnes.
Trois personnes ont été tuées mercredi à Nouméa, lors d’une deuxième nuit consécutive de révoltes. Un gendarme a aussi été tué par balle. Le premier ministre annonce le déploiement de l’armée et l’interdiction de TikTok. Le ministre de l’intérieur a déjà signé quatre assignations à résidence de militants indépendantistes.
En trois ans, l’exécutif a bouleversé l’équilibre fragile qui régnait dans l’archipel depuis des décennies. Des violences y ont éclaté en marge de l’examen d’une révision constitutionnelle à laquelle les indépendantistes s’opposent. Le chef de l’État entend désormais sauver une situation qu’il a lui-même rendue désespérée.
Alors que l’épidémie de choléra flambe dans les Comores voisines, Mayotte connaît ses premiers « cas autochtones » de la maladie. L’extrême précarité, le manque d’accès aux soins comme de personnel médical font craindre une flambée épidémique. Le tout dans le contexte sécuritaire de l’opération gouvernementale « Mayotte place nette » lancée mi-avril.
Après l’opération Wuambushu lancée il y a un an, « Place nette » prend le relais. Malgré des éléments de langage travaillés, les objectifs comme le mode opératoire restent les mêmes : détruire des bidonvilles, expulser massivement et mener des interventions « coup de poing ».
Sur la pêche, l’agriculture, l’orpaillage et l’évolution statutaire, Emmanuel Macron n’a pas rassuré une population globalement indifférente à des promesses qui ne résoudront pas les difficultés de la Guyane. L’impression d’une occasion manquée.
Les grands axes annoncés de la visite présidentielle laissent peu de place aux sujets du quotidien de la population. Au vu de la rareté de ses visites, « nous étions en mesure d’espérer moins d’angles morts », écrit notre partenaire Guyaweb.
Après des arrestations massives, jugées inutiles car elles démultipliaient le passage des mules par avion, la lutte contre le trafic de stupéfiants entre la Guyane et l’Hexagone s’est concentrée sur un contrôle tous azimuts dans les aéroports. Avec un risque important de discrimination.
Les députés ont adopté jeudi un texte dans lequel « la République française reconnaît sa responsabilité » dans l’empoisonnement au chlordécone des Antilles françaises jusqu’en 1993. Le texte n’a pas qu’une valeur symbolique et prévoit « l’indemnisation des victimes ».
Le ministre de l’intérieur a annoncé une batterie de mesures sur l’île, dont la fin du droit du sol. Loin de répondre aux problématiques que connaît le 101e département français, il attise surtout la haine de l’autre et contribue à en faire une zone d’exception.