En visite pendant deux jours sur l’île dévastée, la cheffe de file du RN est arrivée dans un territoire conquis, où ses marottes anti-immigration sont désormais défendues par des responsables politiques de tous bords. À commencer par François Bayrou et ses ministres.
Lors de son déplacement à Mayotte lundi, François Bayrou a annoncé une longue liste de mesures pour répondre à l’urgence après le passage du cyclone Chido. Cet inventaire à la Prévert laisse dubitatifs nombre de responsables politiques et syndicaux, qui se méfient des effets d’annonce.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, l’aide tarde à se concrétiser à Mayotte. Le premier ministre et plusieurs membres du gouvernement, qui sont annoncés sur l’île ce lundi, arrivent dans un contexte très tendu, où la sidération a laissé la place à la colère, et où le sentiment d’abandon est généralisé.
Ses routes désormais dégagées, Mayotte découvre l’ampleur de sa dévastation. Certains morts du cyclone sont déjà enterrés. Mais il y en aura beaucoup d’autres sans un accès minimal aux soins et à l’hygiène pour les plus précaires.
Les habitants de l’île, notamment dans les bidonvilles, totalement rasés, ont attendu une semaine avant d’être aidés. Un tel délai interroge, en cette journée de deuil national : l’État a-t-il tout mis en œuvre pour sauver des vies ?
À Mayotte, les « bangas » des bidonvilles constitués de tôle ondulée se sont effondrés sur le passage du cyclone Chido. Dans ces conditions d’habitat indignes pour 40 % de la population, se pose la question de la reconstruction. Une architecture résiliente réclame d’être pensée et des moyens.
Face à la population qui manque d’eau, de nourriture et de soins, les autorités, Macron en premier, communiquent intensément sur les efforts déployés à Mayotte après le cyclone. Mais l’hôpital de campagne sans cesse annoncé ne sera pas effectif avant plusieurs jours, et le ressentiment grandit.
Trouver à boire et à manger rythme désormais le quotidien des Mahorais. Certains tentent déjà de reconstruire, quand d’autres attendent les secours depuis des jours. Et dans les bidonvilles rasés par le cyclone, selon les mots du préfet lui-même, « personne n’est passé ».
Occupé à plus de 90 % par des Kanak, le Camp Est est un « reliquat du bagne », surpeuplé et indigne. Les détenus qui s’en plaignent sont souvent placés devant un choix impossible : subir ces conditions de vie dégradantes ou être transférés en métropole.
Les bidonvilles de Mayotte abriteraient 100 000 personnes, dont beaucoup en situation irrégulière. Mais la grande majorité d’entre elles ont préféré braver le cyclone Chido plutôt que de se rendre dans les abris officiels. De peur de se faire contrôler et expulser.
Après le passage du cyclone Chido, les manquements de l’État, incapable de répondre aux attentes des habitants de Mayotte, sont criants. Les victimes pourraient se compter par centaines, voire par milliers, a prévenu le préfet. Tous les réseaux sont touchés : eau, électricité, téléphone, routes… Les risques étaient pourtant connus.
Tout au long des révoltes qui ont embrasé Nouméa, les habitants de Bourail, à 160 kilomètres au nord de la capitale, ont su limiter les tensions. Depuis quarante ans, la « brousse » calédonienne tisse patiemment des liens entre les communautés qui la composent.
Le cyclone Chido, qui a déferlé sur Mayotte samedi, a causé d’immenses dégâts et entièrement détruit les nombreux bidonvilles que compte l’archipel, département français le plus pauvre. Le cyclone a fait « certainement plusieurs centaines » de victimes, « voire quelques milliers », redoute le préfet.
Les révoltes en Nouvelle-Calédonie ont éclaté le 13 mai dans les quartiers nord de la capitale, où se concentre l’essentiel des injustices sociales qui gangrènent l’archipel. Six mois plus tard, le feu est éteint, mais les braises restent vives.
Les 8 et 9 décembre 1984, un rassemblement amérindien se tenait au village kali’na d’Awala, à l’ouest de la Guyane. Ce fut l’acte fondateur du militantisme autochtone guyanais. Le discours politique prononcé par Félix Tiouka est devenu un texte fondamental pour les luttes autochtones en Guyane.
Six mois après le début des révoltes en Nouvelle-Calédonie, Mediapart est retourné dans l’un des foyers de l’insurrection. Concentré des « logiques néocoloniales » à l’œuvre dans l’archipel, la tribu de Saint-Louis a subi une lourde répression et perdu trois jeunes, tués par le GIGN. Les familles y ruminent leur colère et leur tristesse, mais restent déterminées à poursuivre la lutte.