Le deuxième tour des élections territoriales doit se tenir dimanche dans les archipels polynésiens. Arrivés en tête du scrutin il y a quinze jours, les indépendantistes du Tavini Huiraatira font face à des autonomistes, partisans d’un lien étroit avec la France, divisés et affaiblis.
Dans les années 1960, alors que l’archipel des Comores se dirige vers l’indépendance, l’élite politico-économique de Mayotte met en œuvre un puissant lobbying pour se séparer des autres îles et obtenir la départementalisation. Aidée par les nostalgiques de l’empire français et par le contexte géopolitique, elle finira par l’emporter, au prix de nombreuses violences.
À Mayotte, un lieu de rétention de personnes en situation irrégulière a spécialement ouvert en prévision de l’opération anti-migrants « Wuambushu » lancée par le gouvernement. Mediapart a pu le visiter, mercredi 26 avril, en compagnie du député européen écologiste Damien Carême.
Avec Damien Riccio et Nejma Brahim, retour sur l’opération antimigrants « Wuambushu » annoncée par l’État à Mayotte, qui attise les tensions sur l’île. Antton Rouget détaille ses nouvelles révélations dans l’affaire du chantage à la « sextape » à Saint-Étienne.
L’opération « Wuambushu » menée sur le cent unième département français est une monstruosité politique qui prolonge un crime juridique. Maintenant sa souveraineté sur Mayotte en violation flagrante du droit international, la France y met en scène l’expulsion massive d’êtres humains au prétexte qu’ils seraient étrangers alors même qu’ils font partie du même peuple que les autochtones.
Des avocates bataillaient depuis plusieurs jours, aux côtés d’un collectif d’habitants, pour obtenir la suspension de l’opération prévue dans le quartier de Talus 2 à Majicavo Koropa, mardi 25 aux aurores. La justice leur a donné raison in extremis, la veille au soir, après une audience au tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Dans le bidonville de « Doujani 2 », à Mamoudzou, des femmes et des hommes ont décidé, dès dimanche 23 avril, de déconstruire leur habitat de fortune, anticipant la vaste opération de démolition prévue à Mayotte à partir de ce mardi. « Ça fait tellement mal », dit Malidé, un habitant du bidonville qui se retrouve à la rue avec sa compagne et leurs enfants.
L’organe représentatif des populations autochtones a cessé tout partenariat avec l’ONG mandatée pour réfléchir à un processus de justice transitionnelle après l’intégration forcée d’enfants dans des pensionnats catholiques. La préfecture est mise en cause dans ce revirement.
Une vaste opération d’expulsions est prévue sur l’île à partir du 22 avril, à l’initiative de Gérald Darmanin, qui a mobilisé de nombreux gendarmes. Le chercheur Fahad Idaroussi Tsimanda alerte sur les risques d’une approche exclusivement sécuritaire.
De La Réunion à Tahiti, en passant par la Guadeloupe et la Martinique, la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites ne faiblit pas. Au risque, sur place mais aussi à Paris, d’un élargissement des revendications à des causes spécifiques aux territoires ultramarins.
Un conflit ouvert s’est installé entre le projet de Centrale électrique de l’Ouest guyanais et les opposants à son emplacement, jugé « trop proche » du village amérindien de Prospérité. Jusqu’à la répression violente d’une manifestation, vendredi 10 mars, sur le chantier de la centrale.
L’archipel des Caraïbes regarde de loin la réforme voulue par l’Élysée. La majorité de son personnel politique, acquise à Emmanuel Macron, ne réclame pas d’adaptation territoriale. Les projections sont pourtant inquiétantes.
Santé, logement, sécurité, éducation, justice... Mediapart révèle un rapport rédigé en janvier 2022 par six ministères sur l’état de l’île-département. Son contenu est dévastateur pour l’État français. Il montre aussi que la seule approche sécuritaire proposée par Gérald Darmanin ne pourra suffire.
Élus ultramarins et oppositions locales à la réforme des retraites dénoncent de futurs changements non pensés pour ces territoires, où les écarts de niveaux de vie avec les retraités de France métropolitaine sont déjà abyssaux.
Le non-lieu rendu dans l’affaire de ce pesticide qui a empoisonné les Antilles françaises pour plusieurs siècles accentue le sentiment d’impuissance généralisée face à un fléau accusé de provoquer des cancers de la prostate. La réponse des autorités semble bien insuffisante.
Seize ans après les premières plaintes et huit mois après la fin de l’enquête, un non-lieu a été prononcé lundi 2 janvier dans le scandale de l’empoisonnement des écosystèmes au chlordécone, un pesticide abondamment utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993 en Guadeloupe et en Martinique.