Environ 24 milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques : telle est la copie du budget 2025 rendue par le Sénat et qui sera proposée en commission mixte paritaire jeudi 30 janvier. La note finale s’annonce très salée.
Comme son prédécesseur, François Bayrou propose pour 2025 une baisse des dépenses publiques jamais vue. Il estime que la situation des comptes du pays ne lui donne pas d’autre choix. Ce qui n’est pas exact.
Le projet de loi de finances 2025 est de retour au Sénat cette semaine. Si le premier ministre tente une ouverture avec le Parti socialiste pour s’éviter la censure, il ne compte pas s’éloigner des équilibres du budget ultra-austéritaire présenté en 2024 par son prédécesseur.
Jadis seul expert tenant d’une ligne économique de gauche aux heures de grande écoute, « Oncle Bernard », tué en 2015 lors de l’attaque contre l’hebdomadaire satirique, n’a jamais été vraiment remplacé, de l’aveu même de ses potentiels successeurs.
Une note de l’Insee prévoit une hausse du chômage début 2025 et des destructions d’emplois dans la construction et l’industrie. Pourtant dynamique depuis 2017, l’emploi dans les services est désormais atone. Nouvelle preuve de l’échec de la politique de l’offre.
Les députés ont voté le 16 décembre la loi spéciale visant à assurer la continuité de l’État en 2025, sur la base du budget 2024. Mais ils ont été nombreux à appeler à discuter d’un nouveau projet de loi dès janvier, pour en corriger les manques évidents.
Sur la même ligne économique que le chef de l’État, le nouveau premier ministre a toujours milité pour ériger en priorité la baisse de la dette publique et les coupes dans le modèle social. Nuance avec la Macronie : il n’a cependant jamais exclu de taxer (un peu) les plus riches.
La censure du gouvernement rend quasi impossible le vote d’un nouveau budget pour 2025 avant la fin de l’année. Une solution tient la corde : l’adoption d’une loi spéciale qui reproduirait le budget 2024, tout aussi désastreux que le projet de budget 2025 qui a coûté son poste à Michel Barnier.
La chute annoncée du premier ministre sur son projet de budget montre que le capitalisme français n’est pas prêt au compromis et souhaite une austérité sans concession de sa part. Une politique austéritaire qui n’a pour seule issue qu’une politique autoritaire.
Gouvernement aux choix austéritaires menacé, extrême droite en embuscade, et des emplois détruits par dizaines de milliers dans tout le pays. Mardi Mediapart donne la parole aux salariés concernés par la rafale de plans sociaux annoncés.
La France devient un pays d’héritiers. Augmenter l’imposition des successions des plus aisés pour redistribuer paraît dès lors indispensable, pointe une note de la fondation Jean-Jaurès et du think tank Hémisphère Gauche. Hélas, de la Macronie à l’extrême droite, il n’est pas question d’enrayer ce phénomène inégalitaire.
Une étude de l’Insee montre les impacts délétères, sur le niveau de vie des plus modestes, de la fin des mesures exceptionnelles de soutien au pouvoir d’achat mises en place depuis la crise sanitaire. Les plus riches, eux, s’en sont très bien sortis.
Après le front politique et le front budgétaire, l’exécutif doit gérer la succession de plans sociaux qui menace l’économie. Un nouveau nuage dans un ciel déjà bien chargé et un dilemme pour la coalition au pouvoir : jusqu’où pousser la politique pro-business, au risque de rompre définitivement avec les classes populaires ?
Le nouveau gouvernement concède désormais que dans les mois à venir, des usines vont fermer à la pelle. Un changement de discours radical après des années d’autosatisfaction hors sol de l’exécutif sur la réindustrialisation de la France, qui n’était étayée par rien de sérieux.
L’Assemblée nationale a rejeté le volet « recettes » du budget 2025, largement amendé par la gauche après que les soutiens de l’exécutif eurent déserté les débats. La stratégie du gouvernement de Michel Barnier est d’élaborer son budget 2025 avec le Sénat, politiquement plus à droite.
Auditionnés au Sénat sur l’explosion du déficit public en 2024, les anciens ministres ont estimé n’être ni responsables ni coupables. Le sujet étant selon eux plus technique que politique. Mais ils ont peiné à convaincre.