En refusant de nommer Lucie Castets à Matignon, le président a confirmé que, pour lui, l’espace démocratique est désormais soumis aux exigences du capital. Rien d’important ne saurait changer dans le domaine économique. Du pain bénit pour l’extrême droite.
Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal a transmis des lettres plafond aux ministères pour 2025. Sous des apparences de neutralité, cette décision est le début d’une bataille budgétaire qui sera, cette année, décisive pour la vie politique française.
Le chef de l’État a invité plusieurs grands patrons internationaux à déjeuner à l’Élysée pour les rassurer, après des élections législatives désastreuses pour son camp. Une manière de montrer qu’il n’était pas question pour lui de changer de politique économique, même en minorité au Parlement.
Depuis le 9 juillet, les procès en impossibilité du programme du Nouveau Front populaire pullulent. Une opération de disqualification qui revient, en creux, à faire des politiques menées jusqu’ici les seules possibles, en dépit de leurs bilans et des risques qu’elles portent.
Le RN a d’ores et déjà remis à plus tard sa promesse d’impôt sur la fortune financière, certainement pour ne pas brusquer le patronat. Sa proposition est, du reste, bien moins ambitieuse que celle de l’union de la gauche et charrie des relents douteux.
Auditionnés par les lobbys patronaux, les partis candidats aux élections législatives ont reçu un accueil très variable. Plein soutien au ministre des finances Bruno Le Maire, crispations face au Nouveau Front populaire d’Éric Coquerel et Boris Vallaud, et circonspection devant le couple baroque et xénophobe Ciotti-Bardella.
L’offensive sur le caractère « irréaliste » ou « impossible » des financements des programmes est un piège conservateur qui tente de réduire la politique à des choix comptables et d’écarter toute remise en cause de l’ordre existant. Mais l’heure oblige à fixer des priorités en dehors des cadres financiers.
Le récit d’une économie menacée par la crise politique oublie que la crise économique structurelle que traverse la France est à l’origine de la situation politique. Et de la structuration du paysage électoral.
Présenté le 14 juin, le programme économique de l’alliance de gauche est classiquement social-démocrate : il met l’accent sur le rôle de l’État, la lutte contre les inégalités et le détricotage des réformes macronistes.
Jordan Bardella ne veut plus abroger la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, revenant sur une promesse du mouvement d’extrême droite. Une nouvelle preuve du glissement néolibéral du programme économique du RN qu’il n’assume pas encore clairement.
Si la dégradation de la note financière de la France par S&P n’aura qu’un impact très limité, voire inexistant, sur les conditions d’emprunt de notre pays sur les marchés, le camouflet politique est réel pour Emmanuel Macron. Et les conséquences sur sa politique économique pourraient être lourdes.
Prévu après les Jeux olympiques, le départ annoncé du président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, coupable d’avoir passé un accord contournant la réforme des retraites, est le symptôme d’une politique néolibérale qui utilise à plein la violence étatique.
Emmanuel Macron se targue d’avoir créé plus de deux millions d’emplois depuis 2017 grâce à sa politique de l’offre, gage de prospérité économique, selon lui. Mais la réalité est bien plus mitigée et périlleuse socialement.
En France, les entreprises bénéficient de plus de 70 milliards d’euros d’exonérations de cotisations par an, dont 40 milliards sur les salaires proches du Smic. Une manne qui finance des effets pervers méconnus, que les économistes aimeraient interroger.
Auditionné par le Medef aux côtés de six autres candidats aux élections européennes, Jordan Bardella a tenté de séduire le patronat. Quitte à tourner casaque par rapport à ce que sa formation d’extrême droite prônait en matière d’économie il y a peu.
Services publics, collectivités locales, modèle social… le gouvernement annonce chaque semaine de nouvelles coupes budgétaires afin, espère-t-il, de réduire le déficit public. Grande perdante : l’économie française.