S’il met actuellement un frein à sa politique de baisses d’impôts à tout-va, le gouvernement garde son cap : celui de la politique de l’offre, qu’il estime être un franc succès. Mais les chiffres disent autre chose.
Le gouvernement renoncera, avec le budget 2024, à son refus doctrinal des hausses d’impôts. C’est la reconnaissance humiliante de l’échec de sa politique. Mais ce changement n’annonce pas pour autant un tournant social.
Le rebond de la croissance aux États-Unis et en Europe au deuxième trimestre incite certains à y voir un signe de solidité de l’économie mondiale et à envisager une nouvelle période d’expansion. Mais c’est faire l’impasse sur de nombreux obstacles, qui invitent à se montrer moins optimiste.
La croissance du PIB français a surpris au deuxième trimestre, avec une hausse de 0,5 %. Mais ce rebond repose uniquement sur des exportations fortes et des importations faibles. Un modèle qui n’est guère désirable pour le pays.
En maintenant le taux du livret A à 3 % le 1er août 2023, alors qu’il aurait dû grimper à 4 %, l’exécutif assume de spolier le petit épargnant. Pour justifier sa décision, il met en avant le risque d’un coût élevé pour les banques – un argument peu crédible – et la nécessité de ne pas trop accabler le monde HLM, dont il a pourtant fait peu de cas jusqu’ici.
Le resserrement monétaire voulu par la Banque centrale européenne pour juguler l’inflation se traduit par une chute de la demande et de la consommation sans précédent dans les économies de la zone euro. Dernière illustration en date : les défaillances d’entreprises en France ont atteint leur plus haut niveau depuis 2016.
Avec retard, la Banque centrale européenne a admis que l’inflation était nourrie par l’augmentation inconsidérée des marges des entreprises. Sans en tirer les leçons : cette boucle prix-profits souligne en creux l’échec des politiques de concurrence, laissant aux groupes un pouvoir de marché exorbitant.
L’emploi a encore progressé en France au premier trimestre, alors même que l’activité reste faible. Un paradoxe qui a plusieurs revers : une aide publique massive, des phénomènes de rente et des salaires réels en baisse. Un « miracle » de l'emploi que les travailleurs paient donc au prix fort.
L’inflation a reculé en mai en France à 5,1 % sur un an. Mais le prix de cette baisse est une activité au ralenti, que prouvent les mauvais chiffres du premier trimestre du PIB. La demande est en berne et ce n’est pas fini.
Gabriel Attal a annoncé un plan pour lutter contre la fraude sociale. Celui-ci reprend de vieilles lubies de la droite sur la fraude des allocataires. En revanche, il est beaucoup moins ambitieux quand il s’agit de lutter contre la fraude des entreprises et des professionnels de santé.
Dans « L’État droit dans le mur », l’économiste Anne-Laure Delatte décrit un État néolibéral plus présent, mais qui oriente son action vers les entreprises au détriment de l’égalité sociale et de la lutte contre la crise écologique.
Le rapport sur la transition écologique rendu lundi par l’économiste Jean Pisani-Ferry, longtemps proche d’Emmanuel Macron, s’inscrit dans un mouvement plus large de disqualification du concept de décroissance. Ces efforts reflètent une position de faiblesse des puissants, qui doit encore être exploitée politiquement.
Le sort réservé aux épargnants les plus modestes résume à lui seul la politique antisociale d’Emmanuel Macron : des milliards sont détournés au profit des banques, grâce à des tours de passe-passe autour du mécanisme légal d’indexation. Un nouveau coup fourré se prépare pour l’été.
Dans leur présentation du nouveau plan de stabilité, les ministres de Bercy ont soigneusement évité la question de l’inflation. Pourtant, sa dynamique a un effet clair sur le poids de la dette : elle le réduit automatiquement.
Le discours du chef de l’État, lundi 17 avril, traduit sa fuite en avant. Alors que sa politique économique est à l’origine de la crise sociale que traverse le pays, le président ne voit de salut que dans sa poursuite. Un aveuglement à haut risque.
Le chef de l’État a justifié la poursuite de sa politique par un bilan économique positif. Un signe de plus de sa déconnexion complète, car ses prétendus « succès » ne sauraient duper une population qui traverse une crise de niveau de vie majeure.