Visée par des collages l’accusant de protéger des agresseurs, l’École nationale d’administration pénitentiaire déploie beaucoup d’énergie pour faire taire les accusations. Les victimes, elles, regrettent de n’être pas assez protégées. Voire d’être soupçonnées.
L’inceste, « tabou des tabous » ? Depuis plusieurs mois, dans un mouvement inédit, des femmes célèbres disent publiquement en avoir été victimes, emboîtant le pas aux milliers d’anonymes qui ont témoigné auprès de la Commission inceste. Mais la réponse et la volonté politiques restent indigentes.
Une femme a déposé plainte vendredi pour « viols » et « agressions sexuelles » contre le célèbre psychanalyste rencontré en 1998 alors qu’elle avait 19 ans, selon les informations de Mediapart. Avec cette procédure, son avocate espère rouvrir le débat sur la « prescription glissante ».
Une représentante syndicale à la mairie d’Orléans a déposé plainte le 22 mars contre deux camarades pour « harcèlement moral » et « outrage sexiste et sexuel ». Après des signalements, elle et un collègue avaient été exclus de leur section. Interrogée par Mediapart, la confédération vient de lancer une enquête.
En mars 2023, une syndicaliste des Caisses d’épargne a dénoncé une agression de la part d’un camarade. Celui-ci, qui dément, n’a pas été exclu. Son accusatrice a ensuite été écartée après un conflit interne sur un autre sujet. Solidaires devrait créer cet été une cellule spécialisée.
L’auteur a comparu jeudi à Paris pour avoir notamment écrit en 2020 dans un forum de discussion en ligne que « tous les auteurs » des éditions La Fabrique « étaient passés » sur l’historienne Ludivine Bantigny. Elle avait déposé plainte contre lui, comme l’association Chiennes de garde.
Alors que la ministre déléguée à l’enfance a annoncé mercredi une « nouvelle gouvernance » pour la commission indépendante sur l’inceste, des documents récoltés par Mediapart mettent au jour l’inconsistance des mesures prétendument mises en œuvre à la suite du rapport remis en novembre 2023.
Sept femmes témoignent dans Mediapart avoir été agressées et harcelées sexuellement en marge de concerts du célèbre compositeur français, César 2018 de la meilleure musique. L’artiste reconnaît de la « drague lourde, à l’ancienne » mais conteste toute « agression ».
Outre le DJ Arnaud Rebotini, mis en cause par sept femmes, l’influente agence d’artistes a géré les carrières des groupes de musiques électroniques Gargäntua et Salut c’est cool, dont des membres font face à des accusations de violences sexuelles.
Une femme de Loire-Atlantique vient d’apprendre que son frère, qui vient de mourir, ne sera jamais jugé pour les viols et les agressions sexuelles dont elle l’accusait. Avec sa sœur jumelle, victime elle aussi, elle envisage de demander réparation à l’État pour la lenteur de cette procédure.
À l’école élémentaire, de nombreux enfants sont agressés ou parfois même violés, par d’autres enfants. Victimes malmenées, personnels scolaires non formés qui renvoient la balle à la justice : l’Éducation nationale n’a aujourd’hui pas de réponse claire à ces violences.
Aurélien Martini est vice-procureur du tribunal judiciaire de Melun et secrétaire adjoint de l’Union syndicale des magistrats. Pour lui, dans les affaires de violences sexuelles entre enfants, l’enjeu est double, il faut protéger l’agresseur et l’agressé.
Selon nos informations, une nouvelle plainte pour « agression sexuelle » a été déposée jeudi 21 mars contre Gérard Depardieu, par une femme de 33 ans, assistante mise en scène du film « Les Volets verts » en 2021. Il s’agit de la deuxième plainte visant le comédien sur ce tournage.
En décembre dernier, Dominique Inarra, 75 ans, a été interdit d’exercer pour avoir entretenu une liaison avec une jeune patiente en état de « grande vulnérabilité », une sanction rare. En revanche, malgré des éléments accablants, l’enquête judiciaire est au point mort.
Des médecins reconnus coupables de viol ou d’agression sexuelle sur leurs patientes ont pu reprendre leur activité professionnelle, une fois leur interdiction temporaire d’exercer levée, voire leur peine de prison purgée. Dans leur pays d’origine ou à l’étranger.
Mediapart a épluché 86 décisions rendues entre 2016 et 2021 par l’ordre des médecins pour des plaintes de patientes concernant des « faits à caractère sexuel ». Le constat est accablant : disparités très fortes de traitement et de sanction, sentiment d’impunité, minimisation des violences...