Depardieu, Jacquot, Doillon... Le cinéma français est secoué par les affaires de violences sexuelles. Cette nouvelle onde de choc interroge l’imaginaire d’une industrie tout entière et toute la société. Notre émission en accès libre, avec notamment Judith Godrèche, Anna Mouglalis, Charlotte Arnould et Anouk Grinberg.
Depuis six ans, l’histoire du mouvement de dénonciation des violences sexistes et sexuelles est ponctuée d’avancées et de résistances. Mais la dernière séquence, à nouveau portée par le cinéma, pourrait marquer un tournant.
Après la mise « en retrait total » de sa vice-présidente, accusée d’« agression sexuelle », c’est au tour du président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), Sébastien Boueilh, de remettre sa démission.
Le parquet de Paris a demandé le renvoi du cinéaste Christophe Ruggia devant le tribunal correctionnel pour « agressions sexuelles sur mineure de 15 ans ». « C’est une étape du processus judiciaire mais, à l’évidence, elle est importante », réagit Adèle Haenel.
Judith Godrèche, Adèle Haenel, affaires Depardieu, Polanski, Bedos : depuis six ans, l’industrie cinématographique est en première ligne des soubresauts du mouvement #MeToo. Au centre des débats, la figure sacralisée de l’artiste et une culture de l’impunité très française.
Un mois après son éviction de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), le juge Édouard Durand s’exprime pour la première fois.
La médecin légiste Caroline Rey-Salmon est visée par une plainte pour « agression sexuelle » pour des gestes qui auraient été commis durant un examen. Elle conteste ces accusations mais se met en retrait de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).
Dix femmes, dont trois mineures, accusent le célèbre psychanalyste de les avoir agressées sexuellement ou d’avoir eu un comportement inapproprié avec elles, entre 1995 et 2016. L’une d’elles a adressé une plainte au parquet. Gérard Miller assure n’avoir « jamais contraint personne ».
Au sein du collège de l’École internationale bilingue (EIB) de Paris, plusieurs professeures dénoncent du harcèlement et des agressions sexuelles. Mais aussi des violences verbales et diverses discriminations. Des plaintes ont été déposées.
Éric Dupond-Moretti a affiché jeudi son opposition à une révision de la définition pénale du viol fondée sur la notion de non-consentement. Ce veto compromet un accord à Bruxelles sur un article clé d’une directive sur la lutte contre les violences envers les femmes, qui fait l’objet d’une ultime négociation mardi 6 février.
Selon Emmanuel Macron, Gérard Depardieu rend la France « fière ». Le président français, et on le sait moins, pourrait aussi torpiller une directive européenne sur le viol qui introduirait la notion de consentement dans la loi. Une émission spéciale d’« À l’air libre ».
C’est une première. L’entreprise Transports Veynat a été condamnée jeudi pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour protéger ses salariées. Deux cadres ont aussi été condamnés pour harcèlement sexuel, et deux autres seront jugés pour « agression sexuelle ».
La France refuse de voter pour une directive qui instaure une définition du viol fondée sur l’absence de consentement. L’eurodéputée suédoise Evin Incir, corapporteure du texte, appelle le président à ne plus bloquer « la loi la plus importante pour les femmes ».
Star de l’arbitrage, l’avocat, qui fut notamment celui de Bernard Tapie, a été condamné jeudi à dix mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel et moral sur des collaboratrices et stagiaires de son cabinet.
La Cour européenne des droits de l’homme a estimé que la condamnation pour diffamation d’une secrétaire ayant accusé un supérieur hiérarchique de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle, mais sans apporter de preuve ni déposer plainte, constitue une violation de sa liberté d’expression.
Pour la chercheuse Geneviève Sellier, les résistances au mouvement #MeToo sont à chercher dans le culte voué à l’artiste masculin en France. Mais la nouvelle brèche ouverte dans cette « forteresse » après les affaires Depardieu et Jacquot est, selon elle, « de plus en plus large ».