Alors que Salman Rushdie a été grièvement blessé vendredi 12 août, nous republions l’analyse de Christian Salmon mise en ligne en 2019 à l’occasion des trente ans de l’affaire Rushdie, lorsque l’ayatollah Khomeiny condamna à mort l’écrivain coupable d’avoir écrit un roman qu’il jugeait blasphématoire. Ce fut l’acte inaugural d’une affaire planétaire, sous laquelle le roman a été enseveli.
La pandémie a bouleversé la campagne électorale américaine. Mais elle a surtout fait apparaître, sous le masque du pouvoir grotesque de Trump, les troupes violentes de l’Alt-right et les milices suprémacistes qui font peser une menace sur le scrutin.
Donald Trump, en chute dans les sondages depuis le printemps 2020 après sa gestion catastrophique de la pandémie, s’est séparé de son directeur de campagne Brad Parscale quatre mois avant l’élection de novembre. Au centre du système Trump, il a été celui qui a tout misé sur le numérique et la puissance de Facebook dans la campagne présidentielle de 2016.
En pleine pandémie, malgré le plexiglas des consignes, nous avons constitué des salons littéraires souterrains, creusé des galeries pour communiquer par messages privés, réinventé un samizdat d’échanges littéraires et de conseils. Exemples, de James Joyce à Thomas Mann, en passant par Franz Kafka.
La pandémie de coronavirus a eu un effet de loupe sur une nouvelle forme de tyrannie qui se déploie à l’échelle de la planète. Elle ne cesse d’étendre son empire, aux États-Unis, au Brésil, aux Philippines, au Royaume-Uni, en Italie… En France, elle ne s’est pas encore incarnée dans une figure politique. Mais de nombreux Ubu se sentent pousser des ailes au point d’inquiéter l’Élysée.
« Dans les ruines du futur. » Voilà comment le romancier Don DeLillo décrivait le monde post-11-Septembre, incapable d’imaginer l’avenir. Vingt ans après, avec une intensité décuplée, la pandémie nous lance un même défi. Qui va avoir la main sur le récit de ce qui s’est passé ?
Le chef de l’État a enfilé lundi soir le costume de l’hypnotiseur d’une France inquiète. Depuis son élection, il veut jouer tous les rôles à la fois. Le brouillard de la pandémie, lui, s’est encore épaissi.
La pandémie n’est pas seulement « intraitable » au sens thérapeutique – la médecine ne dispose pour le moment d’aucun traitement spécifique –, elle l’est politiquement car elle met à nu l’impuissance des États face aux grands défis actuels.
La parution de deux nouvelles traductions intégrales des Journaux de Kafka nous permet de découvrir un stratège en guerre contre « les relations fantomatiques entre les hommes ». À l’ère de la postvérité et du brouillage généralisé de la frontière entre la réalité et la fiction, Kafka redonne à la littérature sa raison d’être, « créer la possibilité d’une parole vraie d’être à être… »
La victoire historique de Boris Johnson aux élections législatives du 12 décembre 2019 clôt provisoirement le cycle politique du Brexit. Celui que les médias avaient surnommé « BoJo le clown » est devenu premier ministre. Une victoire qui doit beaucoup à son principal conseiller, Dominic Cummings, le stratège de la campagne du « Leave », désormais installé au cœur de la machine d’État britannique.
Omniprésent dans le débat public, le slogan du « grand remplacement » lancé en 2010 par Renaud Camus et médiatisé par Éric Zemmour n’est pas une idée neuve : c’est une vieille lubie qui a inspiré non seulement les fascismes européens du XXe siècle mais avant lui le suprémacisme blanc aux États-Unis.
Il y a trente ans, la « révolution de velours » portait à la présidence de la Tchécoslovaquie Václav Havel, figure de l’écrivain dissident. Dans son ombre, un autre auteur : Bohumil Hrabal. Emprisonné cinq ans, le premier incarnait la résistance frontale au régime communiste. Le second jouait d'une sorte de dissidence de velours. Souvenirs d’une rencontre à Paris avec « un héros timide ».