Dossier Notre dossier. Retraites, la réforme point par point
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le «régime universel» devrait faire basculer la France vers un système par points, et entraîner la disparition des régimes spéciaux. Le mouvement social pour combattre la réforme bat tous les records.
Dévoilée le 24 janvier, l’étude d’impact du projet de loi de réforme des retraites ne présente pas la vérité des faits. Elle « oublie » notamment les effets de l’âge pivot, la mesure qui est pourtant au cœur de la réforme.
Des projections financières « lacunaires », des « différences de traitement » injustifiées, un recours exagéré aux ordonnances, des promesses contraires à la Constitution… Dans son avis rendu le 24 janvier, le Conseil d’État attaque sévèrement la réforme des retraites. Et dénonce l’empressement de l’exécutif à vouloir faire passer un texte dont la « sécurité juridique » n’est pas garantie.
Malgré la volonté du pouvoir de passer en force, la mobilisation contre le projet de réformes des retraites ne faiblit pas et a même connu un regain de mobilisation ce vendredi 24 janvier. À Paris, ils étaient au moins 40 000 manifestants à défiler. Avec un point commun, leur détermination.
Absence de remontées chiffrées, faiblesse de la présence syndicale, peur des représailles, les motifs qui entravent et invisibilisent la grève dans le secteur privé sont nombreux. La mobilisation contre la réforme des retraites, qui se poursuit ce 24 janvier, ne déroge pas à la règle. Témoignages.
Le nouveau système des retraites prévoit un ajustement permanent des paramètres en fonction de la situation financière. En cas de crise, ce mécanisme d’austérité permanente pourrait être particulièrement violent.
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dans la soirée du jeudi 23 janvier, lumières de toutes sortes à la main, pour protester dans de nombreuses villes de France contre la réforme des retraites. Photo-reportage à Paris.
Depuis deux ans, l’exécutif entretient une stratégie du flou sur une réforme qui va toucher plus de 45 millions de personnes. Comment le nouveau régime se mettra-t-il en place ? Il est demandé aux Français d’accepter la réforme sans connaître précisément ses mécanismes les plus cruciaux.
En dépit des dénégations du gouvernement, le projet de réforme des retraites a bien pour objet de favoriser la capitalisation. Officiellement, c’est pour la bonne cause : assurer le financement de l’économie française. Dans les faits, il s’agit de transférer tous les risques sur les épargnants. Ce qui ne peut que créer un choc de défiance.
Si le gel du point d’indice de la fonction publique, en vigueur depuis 2010, est maintenu jusqu’en 2022, ce qui est l’hypothèse du gouvernement, le pouvoir d’achat des fonctionnaires en sera affecté. Mais c’est surtout celui des pensions publiques qui accusera un recul sans précédent, de près de 16 % sur cette période.
À l’exception de La France insoumise, l’ensemble des partis de gauche et les écologistes ont signé une « plateforme commune » pour proposer une « réforme progressiste » du système des retraites. Des divergences demeurent néanmoins, y compris sur des points clefs.
Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites entame sa septième semaine, les initiatives se multiplient pour malmener le pouvoir. Lancer sa robe d’avocat, sa blouse, son bleu de travail, aux pieds des directions et des ministres, chanter, danser... Dans une guerre d’usure, marquer les esprits devient vital pour la survie du mouvement.
Contestée en interne, violemment critiquée par les opposants au projet de loi toujours mobilisés, la stratégie de la CFDT sur la réforme des retraites est risquée. Frédéric Sève, chargé du dossier pour le syndicat, défend la négociation mordicus, « même quand le contexte n’est pas favorable ». Entretien.
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont défilé samedi à Paris et dans les régions, dans un contexte social toujours tendu. Alors que le mouvement de grève contre la réforme des retraites fléchit, les actions ciblées se multiplient. Emmanuel Macron a ainsi été exfiltré d’un théâtre sous les huées, et le journaliste Taha Bouhafs placé en garde à vue.
Les opposants à la réforme attendent de la gauche partisane qu’elle offre une voie de sortie à la crise actuelle. Mais dans un paysage politique atomisé et en mal d’incarnation, difficile d’imaginer l’alternative.
Près de Blois, au premier dépôt de gaz de France, les discrets salariés de Storengy accélèrent leur mouvement contre le projet de réforme des retraites. Depuis lundi, ils bloquent l’accès aux sous-traitants. « On va stimuler les gars avec l’espoir de sortir de ce conflit la tête haute », jurent-ils.
Jeudi 16 janvier, la manifestation parisienne contre la réforme des retraites a moins mobilisé que la semaine précédente. Mais les opposants de la première heure sont rejoints par de nouveaux manifestants issus de l’université ou encore de l’éducation nationale. Le gouvernement, lui, ne cède rien.