Alexandre Benalla a été mis en examen pour « usage public et sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle », dans le cadre de l’enquête sur ses passeports diplomatiques. Placé sous le statut de témoin assisté pour les soupçons de « faux » et « usage de faux », il sera auditionné lundi au Sénat.
Contrairement à ce qu’il a affirmé, Alexandre Benalla est lié à divers degrés, y compris financiers, aux principaux protagonistes d’un contrat de sécurité signé en juin 2018 avec un oligarque russe proche de Vladimir Poutine, par ailleurs soupçonné d’accointances avec l’un des pires groupes criminels moscovites.
Alexandre Benalla affirme à Mediapart avoir échangé très régulièrement avec Emmanuel Macron, sur des « thématiques diverses » comme les gilets jaunes, depuis sa mise à l’écart l’été dernier. L'Élysée avait pourtant assuré n'entretenir « plus aucun contact » avec lui. « Ça va être très dur de le démentir parce que tous ces échanges sont sur mon téléphone portable », confie l’ancien collaborateur du président, qu’il décrit par ailleurs comme étant entouré de « technocrates » qui « appartiennent à une famille pire que la mafia ».
Alors que l’Élysée a assuré ces derniers jours qu’il n’était pas « un émissaire officiel ou officieux » de la République, Alexandre Benalla voyage depuis plusieurs mois avec un passeport diplomatique, selon des informations obtenues par Mediapart. Le précieux document, utilisé ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains ainsi qu’en Israël, et qui porte la référence 17CD09254, a été délivré le 24 mai 2018.
Alexandre Benalla fait l’objet d’une nouvelle mise en examen pour l’interpellation du Jardin des plantes. Mediapart a aussi révélé ses liens avec Alexandre Djouhri, homme de main de Sarkozy. Fabrice Arfi décrypte ces rebondissements sur notre plateau.
Un oligarque proche de Vladimir Poutine, suspecté par plusieurs magistrats européens d’être lié à la mafia russe, a rémunéré la société de l’un des principaux protagonistes de l’affaire Benalla, le gendarme Vincent Crase. Un paiement de près de 300 000 euros a eu lieu au mois de juin 2018, à une date où le commandant Crase était encore salarié de La République en marche, au titre de responsable adjoint « sûreté et sécurité » du mouvement.
Pendant qu’Emmanuel Macron intensifie son rapprochement avec Nicolas Sarkozy, deux de leurs proches qui ont maille à partir avec la justice, Alexandre Benalla et Alexandre Djouhri, se sont vus à plusieurs reprises ces dernières semaines.
En plus de sa mise en examen pour les « violences volontaires » de la place de la Contrescarpe à Paris, le 1er mai, Alexandre Benalla a été de nouveau mis en examen pour des faits similaires commis dans l’enceinte du Jardin des plantes le même jour. Mediapart avait révélé la vidéo qui accable l’ancien collaborateur d'Emmanuel Macron.
La scène a lieu dans la nuit du 28 avril 2017, au sortir d’un meeting du candidat. Le désormais célèbre ex-collaborateur d’Emmanuel Macron est sollicité pour un selfie dans un restaurant. La photo est prise. Surprise ! Alexandre Benalla y brandit son arme. Problème : il n’avait pas d’autorisation de port d’armes à cette date.
Sous serment, Alexandre Benalla a indiqué mercredi devant les sénateurs qu’il avait détenu un pistolet Glock 43 pendant plusieurs déplacements présidentiels. Le directeur de cabinet de l’Élysée Patrick Strzoda, qui avait appuyé l’autorisation de port d’armes, avait pourtant prétendu le contraire. Problème : il était également sous serment.
La commission d’enquête du Sénat sur l’affaire Benalla a repris dans une ambiance électrique. Tandis que l’exécutif serre les rangs autour de l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron, les sénateurs insistent sur les zones d’ombre qui entourent les fonctions de l’ancien chargé de mission de l’Élysée.
Un syndicat de policiers, partie civile dans l’affaire des « faux policiers » de l’Élysée, vient de demander l’audition d’Ismaël Emelien, conseiller spécial de Macron, accusé d’avoir détenu le CD-Rom montrant les images volées de la vidéosurveillance des violences du 1er mai. Mediapart a consulté les pièces de l’enquête qui embarrassent ce collaborateur du président.
Khélifa M. raconte comment le 1er mai, au Jardin des plantes à Paris, Alexandre Benalla et Vincent Crase l’ont violemment interpellé. À la suite de la diffusion de ces vidéos par Mediapart, le parquet de Paris a élargi l’enquête à ces nouveaux faits. Auditionné dans le cadre de l'enquête, Khélifa M. annonce vouloir déposer plainte.
Plusieurs hauts fonctionnaires jugent « légitimes » les violences commises le 1er mai dernier par l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron et justifient ainsi l’absence de procédure à son encontre. À leurs yeux, le seul problème, c’est qu’il n’était ni policier ni gendarme.
Comme le manifestant de la place de la Contrescarpe, Alexandre Benalla a défait le président d’un seul coup, et plus accompli en une journée que toutes les critiques adressées au chef de l’État depuis un an. Et toutes sirènes hurlantes, il a conduit Emmanuel Macron jusqu’à ce moment où un président perd à la fois la confiance des électeurs et sa crédibilité en tant que narrateur politique.
Alexandre Benalla n’était pas le seul pivot de l’équipe de sécurité d’Emmanuel Macron. Mediapart reconstitue le réseau informel de ces conseillers de l’ombre du président, et révèle l’existence d’un autre de ses membres, Alexandre Carayon, placé au renseignement et à la lutte contre le terrorisme. Des « copinages malsains » au cœur de l’Élysée.
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