L’exécutif se défend d’avoir été contraint au couvre-feu faute d’avoir prévu assez de lits en réanimation. Mais au CHU de Nantes, une centaine de lits ont été fermés ces derniers mois. Certains personnels sont entrés en grève illimitée.
Les courbes épidémiques descendent puis montent. L’hôpital, sans illusions, remobilise ses soignants. Les congés sont annulés, comme les stages des étudiants, envoyés sur le front du dépistage. À Lyon, les soignants positifs au coronavirus doivent travailler s’ils sont jugés « indispensables ».
Des médecins et des infirmiers racontent qu’ils ne sont pas prêts à voir un nouvel afflux de malades. Parce que les effectifs manquent, que de nombreux lits sont fermés, et qu’il leur est insupportable de devoir choisir entre leurs patients.
Depuis quatre semaines, les acteurs de la santé discutent d’une vaste réforme. Et ils s’impatientent désormais, car le gouvernement ne s’est toujours pas engagé financièrement. Sans revalorisations salariales rapides, l’hôpital public éreinté pourrait vaciller.
L’hôpital public a organisé une manifestation historique : 18 000 personnes à Paris, 220 cortèges dans toute la France. Elle a drainé bien au-delà de l’hôpital, des artistes aux politiques et aux gilets jaunes. Les simples usagers étaient aussi nombreux. Reportages à Brest et à Paris, qui a connu des violences.
Parmi les revendications des hospitaliers, il y a la titularisation de nombreux contrats précaires. À Saint-Denis, les agents de service hospitalier, des femmes, multiplient les CDD depuis des mois, voire des années. L’épidémie du Covid-19 a renforcé leur mobilisation.
Le premier ministre a lancé une négociation qui doit déboucher en juillet sur des augmentations de salaires et une nouvelle politique de financement de l’hôpital. Les zones d’ombre sont cependant béantes, du temps de travail au statut des hospitaliers.
Infirmière aux urgences de Saint-Denis, Yasmina Kettal a raconté à Mediapart, au fil de l’eau, l’épidémie dans un de ses points chauds. Membre du Collectif Inter-Urgences, elle va porter ses revendications, désormais incontournables, dans les négociations qui s’ouvrent pour l’hôpital.
Dans la nuit noire, les agents de l’hôpital public ont tapissé les enceintes de plusieurs établissements parisiens de slogans en défense de la santé pour tous. Coller, pour reprendre la main sur l’après-Covid, et le fil d’une mobilisation débutée il y a un an par la défense des urgences.
Le directeur général de l’Agence régionale de la santé Grand Est a été limogé. Sa faute : avoir confirmé de lourdes économies pour l’hôpital de Nancy. Les anciennes pratiques perdurent pourtant : les hôpitaux n’ont toujours pas reçu de soutien financier pour faire face au Covid-19.
En février dernier, Mediapart a diffusé une émission réalisée au cours de la manifestation parisienne en défense de l’hôpital public. De nombreux invités ont témoigné sur leur métier, les conséquences du manque de moyens et ce qu’ils attendaient du gouvernement.
Les directeurs d’hôpitaux sont tenus à un strict devoir de réserve. Quand certains parlent, ils se montrent alarmistes : après une décennie d’économies, ils ont les plus grandes difficultés à recruter. La qualité des soins est menacée.
1 100 médecins devaient annoncer mardi qu’ils démissionnent de leurs responsabilités administratives à l’hôpital public, pour ne plus participer à la gestion du manque de moyens.
L’hôpital manifeste le même jour que les syndicats contre la réforme des retraites. Au moins en raison des réquisitions, le cortège des soignants ne fera pas le poids. Mais la mobilisation continue de gagner du terrain.
Le gouvernement présente son nouveau plan pour l’hôpital : 1,5 milliard d’euros supplémentaire, sur trois ans. Collectifs et syndicats dénoncent des mesures ciblées, et catégorielles, visant à diviser le mouvement social. Ils assurent que la mobilisation va se poursuivre. Une partie des hospitaliers a prévu de rejoindre le cortège du 5 décembre contre la réforme des retraites.
Les hospitaliers étaient des milliers en France, dans toute leur diversité, à manifester pour dénoncer le délabrement des établissements publics. Acculé, Emmanuel Macron a dégainé une promesse de « plan d’action renforcé » pour l’hôpital, toujours à l’arbitrage, dévoilé mercredi prochain.
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