À Paris comme ailleurs, l’acte 53 du mouvement a donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre. Plusieurs manifestations, même déclarées, n’ont pu se dérouler. Mais les « gilets jaunes » étaient tout de même présents par milliers dans la capitale. Les gestes concédés par l’exécutif ? Pas de quoi balancer « la misère des hôpitaux, la privatisation d’ADP… ». Reportage dans les rues de Paris.
La sénatrice écologiste Esther Benbassa s’est jointe très tôt au mouvement des « gilets jaunes ». Elle assure que cela a modifié sa façon de faire de la politique, au plus près du terrain, et incite les mouvements sociaux à se libérer des logiques de partis.
Un an après le début du mouvement des « gilets jaunes », plusieurs de ses acteurs publient leur récit. Certains sont des figures marquantes et médiatiques, d’autres des anonymes des ronds-points. En filigrane, se dessine un portrait intime de ces douze mois, gagnés par la fièvre jaune.
Alors que le bilan des violences policières est dramatique, des policiers ont accepté de revenir pour Mediapart, sous couvert d'anonymat, sur les opérations auxquelles ils ont participé. L’un parle de « guérilla » et soutient qu'« on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs », un autre estime avoir été « instrumentalisé », un troisième adhère au mouvement tandis qu'un dernier s’inquiète de sa suite.
À la suite des coups portés à Maria, Mediapart a découvert l’existence de brigades hybrides de policiers, non formés au maintien de l’ordre et chauffés à blanc par une note du ministère de l'intérieur et une hiérarchie considérant qu’en temps « de guerre », tout est permis. Même le RAID a été associé à la mobilisation.
Quelque six cents « gilets jaunes » ont convergé ce week-end à Montpellier pour la quatrième « Assemblée des assemblées ». À la veille de fêter son premier anniversaire, le mouvement cherche à se réinventer pour durer.
Samedi à Toulouse, « capitale nationale » des gilets jaunes, la police a réprimé tout de suite et violemment. Gazages, interpellations, saisie de matériel de protection… Après onze mois de mobilisation, les relations entre la population et les forces de l’ordre sont exécrables.
Dans In Girum, un livre sur les leçons politiques des ronds-points, l'universitaire Laurent Jeanpierre estime que la contestation des « gilets jaunes » a révélé de nouvelles formes de gouvernement des sociétés, mais aussi un retour du niveau local comme instance de politisation et de mobilisation.
Que faut-il attendre de la convention citoyenne pour le climat qui débute le 4 octobre ? Mediapart a organisé un débat vidéo avec Cyril Dion, réalisateur, Priscillia Ludosky, engagée dans le mouvement des gilets jaunes, Léna Lazare, membre de Youth for Climate Paris, et Maxime Chédin, chercheur en philosophie.
Un peu partout en France, des manifestants ont défilé pour alerter sur le climat samedi 21 septembre, également jour de rentrée pour les « gilets jaunes ». À Paris, le cortège a dû faire demi-tour, noyé sous les gaz lacrymogènes, provoquant la colère des associations et des collectifs organisateurs. Le matin, gilets jaunes et mouvement vert avaient déjà été empêchés de manifester dans la capitale.
Cinq jours après l’identification du corps de Steve Maia Caniço, des centaines de gilets jaunes ont manifesté à Paris, Montpellier, Toulouse ou Perpignan, signant un regain de mobilisation.
Samedi 20 juillet, des milliers de personnes ont défilé afin de réclamer justice pour Adama Traoré, mort en 2016. Cette année, ses proches ont notamment été rejoints par des gilets jaunes.
Les employés de Geodis à Gennevilliers, filiale privatisée de la SNCF, ont été rejoints dans leur mouvement social par des gilets jaunes, mais aussi par des migrants et des salariés de tous horizons qui s'offusquent des conditions de travail et du racisme ambiant dans les entrepôts.
650 gilets jaunes étaient rassemblés à Montceau-les-Mines, en Bourgogne, autant qu’à Saint-Nazaire il y a deux mois. Empêtré dans ses tentatives d'union, affaibli numériquement, le mouvement offre cependant à voir la force de ses mobilisations locales, et son lent cheminement vers le municipalisme.
À Saint-Nazaire (Pays de la Loire), des gens aux parcours hétéroclites ont endossé à l’hiver 2018 un gilet jaune fluo, étendard d’une révolte inattendue. Puis ils ont créé une Maison du peuple qui a accueilli en avril 2019 la deuxième assemblée des assemblées. Durant cinq mois, Arthur Thouvenin et François Langlais ont suivi ce collectif. Loin des ronds-points, ils ont saisi l’éveil à la politique de certains, la volonté d’organisation d’autres et, surtout, la puissance de la fraternité. Ce film est soutenu par Tënk, plateforme du documentaire d’auteur, et Mediapart.
Depuis le début du mouvement, plusieurs milliers de personnes ont été interpellées et jugées pour avoir participé à un groupement suspecté de préparer des violences, une infraction pouvant être caractérisée par le simple fait de porter des protections. Cette disposition, inscrite à l’article 222-14-2 du code pénal, avait à l’origine été adoptée en 2010 pour lutter contre les bandes organisées.