Dossier Notre dossier : « gilets jaunes », l’enracinement dans la durée
Manifestations, « assemblées des assemblées », innombrables débats, livres ou films : le mouvement surgi en novembre 2018 a percuté durablement la société française.
Un fonctionnaire de police ayant reconnu être l’auteur du tir ayant défiguré une manifestante en 2018 a été condamné à une amende, ce vendredi, au terme d’une procédure de plaider-coupable. La victime a voulu faire de son procès celui du flashball et de la stratégie de maintien de l’ordre.
Priscillia Ludosky et Faouzi Lellouche portent plainte contre Didier Lallement après le blocage de la manifestation du 16 novembre 2019 place d’Italie, à Paris, sans interdiction notifiée. Ils imputent la responsabilité des incidents au préfet de police.
« Gilets jaunes », journalistes, chercheuses et chercheurs et acteurs et actrices du numérique ont croisé leurs regards et leurs expériences, samedi 7 mars à Saint-Denis, au long d’une journée qui aura consacré cette nouvelle démocratie numérique en gestation.
La cinquième assemblée des assemblées des « gilets jaunes » s’est close dimanche à Toulouse. Plus d’un an après son émergence, loin des projecteurs des médias, les initiatives et les actions se multiplient au niveau local.
La cinquième assemblée des assemblées des « gilets jaunes » s’est ouverte vendredi à Toulouse. Plongée dans un atelier de travail consacré au « processus constituant ».
Au mois de mars 2019, à l’occasion du festival de Mediapart, « gilets jaunes », chercheur et observateurs débattaient déjà de l’impact du mouvement et de ses composantes sur les mobilisations sociales en cours et à venir. Avec l’avocat et militant François Boulo, et l’universitaire Yann Le Lann.
Après les déchirements des débuts, la lutte contre la réforme des retraites sonne maintenant l’heure du rapprochement. Très marquée à Belfort, la convergence est encore timide à Besançon et presque inexistante à Vesoul. Malgré les divergences, « gilets jaunes » et syndicalistes savent la nécessité d’unir leurs forces.
Après un an de mouvement des « gilets jaunes », les mobilisations contre la réforme des retraites ont marqué le retour en force des organisations syndicales et des formes plus classiques de lutte sociale. Sur le terrain, les modes de résistance ne sont pourtant plus tout à fait les mêmes.
Plusieurs milliers de personnes ont participé à l'acte 56 des gilets jaunes samedi 7 décembre. En plein mouvement social contre la réforme des retraites, les précaires ont fait aussi entendre leur voix à Paris contre la réforme de l'assurance-chômage, mais la jonction avec leurs camarades de lutte n'a pu avoir lieu. À Lille, les rapprochements demeurent timides dans la rue.
Le parquet de Paris a classé sans suite la plainte de Gabriel Pontonnier qui a eu la main arrachée par une grenade GLI-F4 en novembre 2018, à Paris, à la fin de l’acte II des « gilets jaunes ». Pourtant, à lire l’enquête de l’IGPN qui a identifié l’auteur du tir, un major des CRS, la grenade a été lancée sans les sommations réglementaires. Le commandement avait demandé « d’impacter très fort les manifestants ».
Odile Maurin, militante toulousaine figure des « gilets jaunes » et présidente de Handisocial, a été condamnée vendredi soir à deux mois de prison avec sursis et à un an d'interdiction de manifester pour des faits de « violences » contre des policiers. Au terme d'un procès où la fracture est apparue béante entre colère populaire et institutions policières et judiciaires.
Si les « listes citoyennes » en sont encore au stade du balbutiement pour les élections de mars 2020, la dynamique semble revivifiée par l’exigence démocratique, portée notamment par les « gilets jaunes ». Mais certaines de ces initiatives participatives se heurtent déjà aux calculs des partis traditionnels.
Dans les Vosges, dominées depuis des décennies par la droite, les « gilets jaunes » franchissent le pas et se lancent dans la campagne des municipales. L'hétérogénéité idéologique du mouvement continue de désarçonner les responsables politiques locaux. L'enjeu est aussi la survie du mouvement lancé il y a un an.
Manuel, gilet jaune, a été éborgné samedi à Paris par un tir de grenade. Il a déposé plainte pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l’autorité publique ». Cette plainte vise également Didier Lallement. Manuel accepte de témoigner et explique pourquoi il refuse d’être entendu par l’IGPN.
Depuis le premier jour du mouvement, le collectif Plein le dos rassemble les écrits et les dessins inscrits sur les gilets des manifestants. Il les fait circuler, comme une mémoire populaire, témoignant de la colère, de la détresse ou du mépris dont ils se sentent victimes, avec humour, fureur ou poésie.
Dans l’Orne, plusieurs gilets jaunes se sont mobilisés sur leur rond-point d’origine, comme à Sées, un an après le début du mouvement. Moins nombreux qu’au début, un peu perdus quant à la marche à suivre. Les clivages politiques, les images de violence et la vie de groupe ont miné l’enthousiasme initial. Mais « il y a toujours des gens qui crèvent de faim ». Les revendications, elles, sont donc intactes.