Dossier Notre dossier: gilets jaunes, Six mois de révolte des oubliés
Pour la première fois, Emmanuel Macron s'est trouvé confronté à un mouvement citoyen spontané, né à partir des réseaux sociaux. Née contre la hausse des taxes sur le diesel, la contestation a débordé en six mois vers bien d’autres sujets.
En six mois d’affrontements, pas un syndicat de police représentatif n’a pris ses distances avec le maintien de l’ordre prôné par Christophe Castaner. Non seulement les lanceurs de balles de défense sont défendus et les violences policières légitimées, mais toute voix discordante est chassée, étouffée, poursuivie.
Laurent Vicente, figure des « gilets jaunes » des Alpes-de-Haute-Provence, a passé quatre nuits en prison, aux Baumettes. En cause : la plainte de la suppléante de Christophe Castaner qui l’accusait de menaces répétées. Finalement, après une audience où deux mondes se sont fait face, le tribunal a prononcé la relaxe.
Cœur de boxeur. Le vrai combat de Christophe Dettinger, essai d’Antoine Peillon écrit dans l’urgence démocratique, montre comment l’homme qui fit reculer les gendarmes mobiles sur une passerelle fut traité en symbole à détruire par un pouvoir aux abois.
Le tribunal de Paris a jugé, jeudi, plusieurs manifestants, ou présumés tels, du 1er Mai à Paris. L’utilisation quasi systématique de l’article « participation à un groupement en vue de » violences permet à l’accusation de s’émanciper des faits. Ce sont désormais les intentions et les présupposés qui sont jugés, avec à la clé une effarante distribution de peines de prison.
Le défilé du 1er Mai a été émaillé de charges des forces de l’ordre contre la tête du cortège intersyndical, pourtant sécurisée et encadrée par les services d’ordre des organisations. Un fait inédit selon les responsables de la manifestation.
Selon nos informations, la commissaire chargée de l’enquête préliminaire, compagne du policier responsable de la charge ayant causé les blessures de la militante d’Attac Geneviève Legay, participait elle-même aux opérations de maintien de l’ordre, le 23 mars. L’enquête soulève des interrogations, notamment sur le temps imparti pour rendre compte des images de vidéosurveillance, montrant un policier pousser la septuagénaire.
Pendant une soirée et une matinée, plusieurs membres du gouvernement et la direction de l’AP-HP ont assuré que l’hôpital parisien avait été « attaqué » par des manifestants violents. Il n’en a rien été : quelques dizaines de personnes se sont réfugiées au pied des immeubles de l’établissement pour échapper aux lacrymogènes et aux charges policières, avec l’autorisation de sa directrice. Aucun manifestant n’a été menaçant, aucun n’a dégradé les locaux. En revanche, certains ont été frappés par des policiers.
Réunis dans un collectif baptisé « des 34 de la Pitié », une partie des interpellé·e·s de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière a livré samedi sa version des faits des événements du 1er Mai, lors d’une conférence de presse. Ils disent avoir été victimes d'« abus de pouvoir » et de « violences psychologiques » lors de leur trente heures de garde à vue.
Pendant plus d'un an, Allô Place Beauvau a permis de signaler les violences policières lors du mouvement des « gilets jaunes ». La plateforme a depuis intégré la façon dont elles sont traitées par l’IGPN et scruté, avec « Radio Police », ce qui se dit sur les réseaux sociaux.
Ils ont été un millier de manifestants à avoir répondu à l’appel interrégional de La Roche-sur-Yon, pour l’acte XXV des « gilets jaunes » ce samedi 4 mai. Entre tirs de lacrymos et barbecue géant sur un rond-point, étrange ambiance dans un cortège qui légitime verbalement la violence, mais la réprouve dès qu’elle se manifeste physiquement.
La fable de l’attaque de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière par des manifestants lors du 1er Mai est le mensonge de trop d’un pouvoir qui nie la réalité de son impopularité. Sa dérive autoritaire le rend complice du pire : la ruine de toute éthique démocratique.
Le ministre de l’intérieur s’est tristement illustré en inventant une « attaque » à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, avant d’esquisser un semblant de mea culpa. Depuis son entrée place Beauvau, ce grand amateur de com’ surjoue l’autorité pour endosser un costume qui lui sied définitivement très mal.
Malgré les annonces alarmistes du gouvernement, le 1er Mai n’a pas viré au chaos et a attiré des dizaines de milliers de manifestants partout en France. Reportage à Paris, où militants, syndicalistes, gilets jaunes, black blocs se sont mélangés, débordant très largement les syndicats, qui dénoncent un maintien de l’ordre « scandaleux ».
Le 1er Mai toulousain a donné à voir un mouvement serein et déterminé, au sein duquel les convergences entre mouvement social, climatique et gilets jaunes continuent de se construire.
Figure locale des « gilets jaunes », le chauffeur de poids lourds David Beaujouan est décédé tragiquement sur le parking de la plateforme logistique d’Amazon à Saran, près d’Orléans. Dimanche, à Mer (Loir-et-Cher), une centaine de ses camarades de lutte lui ont rendu un vibrant hommage.
Un rapport de l’Observatoire girondin des libertés publiques dénonce le maintien de l’ordre dirigé par le nouveau préfet de police de Paris Didier Lallement, lorsqu’il était en poste à Bordeaux.