Lutte contre l’injustice sociale, défilé pour le climat, mobilisation contre les violences policières : trois mots d’ordre ont rassemblé une foule compacte à Paris et en province dans l’espoir de faire plier le gouvernement. Une première dont les organisateurs espèrent qu’elle aura une suite.
Pour marquer la fin du « grand débat » lancé par le président de la République Emmanuel Macron, les « gilets jaunes » et les « autonomes » se sont rendus en masse samedi, aux Champs-Élysées. Et ils se sont violemment opposés aux forces de l’ordre, du matin au soir.
Selon des sources syndicales, les munitions de courte portée pour lanceur de balles de défense (LBD) seraient à l’origine d’« erreurs de tirs ». La direction des CRS a renoncé à ce type de munitions parce qu’insuffisamment fiable. Le fournisseur est en outre mis en cause pour avoir minimisé la dangerosité des grenades de désencerclement et GLI-F4 livrées au ministère.
Les officiers de police judiciaire d’un commissariat parisien dénoncent les « instructions illégales » de leur hiérarchie, en particulier lors des manifestations des « gilets jaunes ». Dans un mail que Mediapart a pu consulter, il est écrit que, sur ordre de la préfecture de police de Paris, les personnes interpellées doivent être systématiquement placées en garde à vue.
Méfiants vis-à-vis du processus officiel, plusieurs groupes de gilets jaunes, précaires ou professionnels de services publics menacés, ont lancé leur propre « grand débat ». Un brouhaha démocratique, où se lisent méfiance vis-à-vis des élites, peur du lendemain et un véritable foisonnement d’expertises.
Dans les territoires ultramarins, et à La Réunion en particulier, les citoyens impliqués sortent doublement frustrés du « grand débat » organisé par le gouvernement. L’exercice a ressemblé à s’y méprendre aux « Assises de l’Outre-mer », un monologue étatique et numérique qui n’a accouché de rien de concret.
Pensé comme « un moment d’apaisement » en pleine crise des gilets jaunes, le « grand débat » risque de se retourner contre l’exécutif si les réponses apportées s’avèrent décevantes. Déjà, le pouvoir prévient : elles le seront forcément. Emmanuel Macron veut sauver ses réformes. Et pour ce faire, il est prêt à installer le débat permanent.
Quelle sera la valeur des restitutions du « grand débat » ? La question est complexe et dépend de nombreux critères : crédibilité des questionnaires, représentativité des contributions et construction des restitutions. Déjà, le lancement du questionnaire avait été très critiqué.
À Denain (Nord), Emmanuel Macron a fait en 2017 un de ses plus mauvais scores. Dans le roman-photos Les Racines de la colère, Vincent Jarousseau documente ce quinquennat qui se voulait « en marche » mais n’a pas accru les possibilités de se déplacer.
Quelques dizaines de milliers de personnes ont manifesté lors du 17e acte des gilets jaunes le 9 mars. À Paris, les cortèges ont accueilli militants du climat et assistantes maternelles. Tous veulent croire que la mobilisation du 16 mars – marche pour le climat et clôture du grand débat voulu par Emmanuel Macron –, marquera un « tournant » dans la mobilisation.
Choqué par la répression du mouvement des gilets jaunes, Dany Kocher, maire de la petite ville de Phalsbourg et ancien macroniste convaincu, a pris le 8 mars un arrêté symbolique interdisant l’usage des lanceurs de balle de défense, communément appelés flashballs, sur le ban de sa petite commune de Moselle.
Après des semaines de controverses, le président de la République a annoncé son intention de saisir lui-même le Conseil constitutionnel au sujet de la loi « anticasseurs » qui doit être votée conforme au Sénat, le 12 mars. Ce faisant, il devance l’opposition, calme sa majorité et affaiblit son premier ministre.
Emmanuel Macron évoquait fin janvier « 40 000 à 50 000 militants ultras » dans les défilés de « gilets jaunes » et mettait en garde contre ces violences orchestrées par les extrêmes. Mais ses propres services de renseignement dressaient au même moment un constat inverse. L’ultradroite et l’ultragauche seraient « quasi inexistantes au sein des cortèges ».
Alors que Christophe Castaner a sèchement répondu au député Loïc Prud’homme (LFI), victime des coups des forces de l’ordre samedi à Bordeaux, l’ONU, après le Parlement européen, reproche à la France l’« usage excessif de la force » lors des manifestations des « gilets jaunes ».
Dans une réponse au Syndicat des avocats de France, Rémy Heitz justifie d’avoir transmis une « fiche pratique » aux magistrats du parquet afin de maintenir en garde à vue les manifestants ayant bénéficié d’un classement sans suite. Les avocats dénoncent des détentions arbitraires.
Dans un discours devant l’Autorité de la concurrence, Édouard Philippe a cité deux fois le père du néolibéralisme, Friedrich von Hayek, et a défendu l'idée de la concurrence comme réponse aux problèmes de pouvoir d’achat. La confirmation qu’il n’y aura pas de « changement de cap » dans la politique économique du gouvernement.
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